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 Où un forban reprend ses répréhensibles activités.

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Bertrick
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MessageSujet: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeVen 24 Aoû 2012 - 9:54

Le capitaine Bertrick était fier en arpentant la dunette de « Narval ». Un senau d’une centaine de tonneaux de jauge, disposant de seize pièces de quatre livres & d’une compagnie de quatre vingt hommes. Un bâtiment de combat modeste certes, mais après les navires marchands qu’il avait eu, commander celui-ci l’emplissait de plaisir.
Seul ombre, Sarmiento, qui avait été à ses côtés pendant son revers de fortune, l’avait quitté ainsi qu’une partie de l’équipage. Ils avaient refusé de passer à la piraterie, tenaient à rester dans la légalité. De fait, Bertrick n’avait plus d’état-major si ce n’est Zacharie, le maître canonnier Batave, prêt à vendre père & mère pour choyer les seize canons du navire.
Un certain Banister, un anglais du dernier contingent recruté, homme d’expérience ayant fait plusieurs « chasse-partie » avec des flibustiers notoires, faisait maintenant office de quartier-maître à bord de Narval.

Bertrick parvint à relever sa position avec précision. La ville – la première que les Espagnols bâtirent sur cette partie du continent – était noyée sous l’horizon à cinq lieues S-W. Q S. mais les sommets enneigés de la Sierra étaient encore en vue depuis les barres de perroquet.
Dans le S.O. à deux lieues, quelques canots étaient visibles quand ils montaient au sommet de la houle. Des pêcheurs peut-être ?
Bertrick n’en eut cure. Banister et quelques hommes avaient lancé plusieurs lignes à la traîne et une couple de carangues, des dorades et un marlin allaient améliorer l’ordinaire des repas à venir.
Peut-être s’agissaient-ils aussi de naufragés ? La côte dans ce cas n’était, pour eux, plus très éloignée.
A une lieue dans le N.E. les voiles latines du vaisseau de Francisco, sa conserve*, étaient quant à elles, visibles, sans lorgnette, depuis la dunette. Les deux capitaines étaient convenus de redoubler de prudence, ces eaux devaient être assez fréquentées. Bertrick avait pris parti de faire monter une vigie à la pomme du grand mât. et malgré la faible brise de N.E. de ne pas établir les perroquets, visibles de très loin. La brise obligeait de toute manière une allure au près serré, voir même à louvoyer. Les perroquets étaient donc de peu d’utilité sur le cap suivi.

Le capitaine restait attentif aux faits et gestes de Banister son quartier-maître. Depuis qu’il s’était joint à la compagnie, il avait su se faire apprécier des hommes et Bertrick veillait à ce que cela ne remis pas en cause sa propre autorité. Jusqu’à présent, rien de tel mais il le gardait à l’œil.
Justement, Banister approchait.

- Capitaine, le coq m’envoie vous prévenir que le dîner sera prêt dans une empoulette. Il a apprêté une des dorades à votre attention.

- Merci Banister. Voyez Zacharie, il doit être dans la soute à poudre pour préparer des gargousses supplémentaires. N’entrez pas ! Restez derrière l’écran pare-feu. Rejoignez moi tout les deux dans la grand-chambre que nous buvions le reste de mon dernier tonnelet de vin d’Espagne. Je m’en étais procuré à Mona.

- Avec plaisir Capitaine. Je vais chercher Zacharie. Les précautions qu’il doit prendre à manipuler sa dangereuse marchandise doivent lui avoir asséché le gosier pour sûr !


Banister et Zacharie ne tardèrent pas à rejoindre la grande cabine arrière. Après avoir porté un coup fatal au tonnelet de vin, tout trois dégustaient la chair succulente de la dorade.
Un des hommes de quart entra, les interrompant.

- Mille excuses Capitaine ! Le capitaine Francisco est sur le fronteau arrière de son navire et nous adresse de grands gestes. Il a aussi fait envoyer plusieurs drissées d’une dizaine de pavillons .... Mais personne ne comprend si ça veut dire quelque chose.

- Corne de bouc ! Il nous demande de venir à sa hauteur certainement.


Les restes du dîner furent abandonnés dans les assiettes.


*Conserve
On dit de deux navires faisant route ensemble qu'ils "naviguent de conserve".
Parlant d'un navire, sa conserve est le navire qui l'accompagne.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 13:01

Le capitaine Francisco avait fait choquer les écoutes et brasser "à contre" sa grand-voile pour que Narval puisse venir rapidement à sa hauteur.

- Mon cher Bertrick, juste sous l’horizon, visible depuis la pomme du grand mât, il y a, un peu au Sud de l’Est, deux corsaires anglais. Un brick semble-t-il et un cotre. Courons leurs sus, voulez-vous ?

- Avec un immense plaisir cher ami. Je vous suis. Je prendrai le cotre à ma charge.

- Fort bien ! Je me charge donc de la plus grosse part du festin ! Répondit en riant Francisco.

- A propos de festin, vous venez d’interrompre le nôtre. Mais la cause étant plus qu’honorable et alléchante, vous voilà tout excusé .

Les deux navires brassèrent leurs vergues pour rejoindre les Anglais.
Ceux-ci manœuvrèrent habilement pour éviter de se trouver à portée des canons des deux gentilshommes de fortune. Bertrick y parvint et Zacharie put essayer ses « bébés ».
Las ! L’Anglais lofa, coupa audacieusement devant l’étrave de Narval. La bordée ne fit que l’effleurer.

Extrême agitation sur le pont !
Bordée d’ordres urgents pour choquer les écoutes afin de ne pas éperonner le cotre.
Surpris par la manœuvre de l’Anglais, Narval lofa aussitôt pour suivre mais …..
Manqua à virer, déventa en tombant sous le vent et perdant son aire, empanna complètement.

Confusion !
Course des servants abandonnant les pièces pour prêter main forte, haler cargue- fond, cargue-point, drisses, brasser les vergues pour orienter les voiles, border écoutes et boulines.

Lentement, trop lentement, Narval parvint à reprendre assez d’aire pour gouverner à nouveau. L’Anglais tira profit de l’aubaine pour s’éloigner en remontant au vent. Son capitaine savait que le senau Pirate ne pourrait plus le rattraper.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 17:34

Pendant ce temps, Le capitaine Francisco, était parvenu à portée de l’autre corsaire anglais malgré des rafales de vent parfois tout à fait contraires. Il lança, en vain, les grappins sur ce qui s’avérait être un senau armé en course. L’anglais, après sa belle manœuvre d’évitement, réussi à lui envoyer deux bordées avant de se mettre hors de portée d’abordage.
La nuit enveloppa très rapidement les protagonistes.

Bertrick était couché dans le hamac de la grand-chambre quand un homme du quart de veille vint le prévenir.

- Capitaine ! Un navire est en flamme à deux où trois milles dans le Nord.

- Damed ! Je monte dans l’instant.


En se revêtant, Bertrick réfléchit.
Ce ne pouvait-être le corsaire qui ait attaqué Francisco. Trop d’hommes chez ce dernier pour que l’Anglais puisse l’abordé sans bordées préalables. D’une part, la nuit les canons s’avéraient inefficaces, d’autre part, aucune canonnade n’avait été entendu.
C’était donc Francisco qui, à la faveur de l’obscurité était parvenu à approcher l’Anglais et l’avait abordé. Un tout petit doute subsistait cependant …. Un incendie à bord n’est jamais à exclure totalement.
Parvenu sur la dunette, Bertrick vit sur bâbord un bâtiment dévoré par de gigantesques flammes. L’énorme brasier crépitant éclairait un autre navire proche de l’épave en feu . A son gréement caractéristique, plus aucun doute ne subsista, Francisco venait de piller le corsaire anglais et l’avait sans doute incendié ensuite.
Banister était à la barre de gouvernail.

- Laisse porter Banister ! Amène nous à portée de voix.

Doucement, le quartier-maître amena les deux navires à moins de cinq brasses l’un de l’autre.

- Félicitation mon cher Francisco ! J’avais pensé qu’à la faveur de la nuit ils auraient pris la fuite.

- Il n’en est rien comme vous le constatez. Ce capitaine Cyrille de Rougemont …. bien présomptueux … où fort téméraire !
Il eut été plus avisé d’imiter sa conserve, un certain ..... Gradlon Silverbeard m’a t-il dit.
Peut-être retrouverons nous le cotre de ce capitaine plus tard. Passez donc à mon bord
que nous fêtions ça.

- Je vous rejoins cher ami. D’autant que votre victoire survient après une bien trop longue période de « vache maigre ». A tout le moins pour ce qui me concerne.

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 17:43

En fin de nuit - Bertrick ayant rejoint son bord - les deux navires virèrent pour changer d’amures et s’établir sur leur nouveau cap alors que le ciel prenait une teinte rose violacée annonçant l’aurore.

- Voile en vue !

- Où ça ? Demanda Bertrick, tête levée en direction de la vigie.


- Un peu en arrière du travers bâbord Capitaine ! On dirait le cotre anglais !

Bertrick déplia sa lunette. De la dunette, il ne voyait rien. Il grimpa aux enfléchures d’artimon jusqu’au gui de brigantine. C’était bien le corsaire qui leur avait échappé. A trois lieues.

- En haut le monde ! Parer à virer ! Hurla –t-il en se laissant glisser par un galhauban jusqu’à la dunette.

- La barre dessous ! …. Changez derrière !…. Changez devant ! … La barre au vent !
Le senau lofa en grand, franchit le lit du vent et s’établit sur son nouveau cap.

- Envoyez le grand perroquet !…. Bordez les écoutes !

La sérénité réapparue sur le pont quand Narval fut établit sur son cap de chasse. Bertrick était passé sur le gaillard avant d’où il pouvait mieux observer le corsaire anglais maintenant visible depuis le pont.
La distance entre les deux navires diminua rapidement. Soudain, Bertrick replia rageusement sa longue vue, les hommes du mât de misaine près de lui, grommelèrent.
La vigie anglaise avait vu le senau se ruer sur eux. Bertrick distingua nettement les gabiers se précipiter pour larguer les ris. La surface de la grand-voile augmenta . Le hunier fut déferlé, bordé puis la vergue s’éleva et fut brassée. La vitesse du cotre s’accrue et il gagna nettement sur Narval.

- Banister faîtes choquer les écoute d’un quart de brasse. Inutile de prendre le risque de briser un espar. Nous ne le rattraperons pas. Revenez sur notre cap initial.

- Bien Capitaine ! Répondit Banister d’une voix rauque de dépit.
Zacharie rejoignit Bertrick en courant.

- Ho fi Capitaine ! Fi ! lança-t-il d’une voix pleine de reproches. « Alors on abandonne la chasse ?

- Ma foi, nous n’avons point trop d’autre choix.


- J’en suis fort marri Capitaine. J’avais fait piqueter la rouille des boulets pour qu’ils filent bien droit. J’avais sélectionné notre meilleure poudre, bien sèche, que j’avais tamisée trois fois avant de remplir les gargousses. Mes bébés … mes canons j’veux dire, n’attendent que de donner de la voix. il faut aussi que les servants acquièrent de l’expérience.

- J’en suis conscient Zacharie. Désolé … ce sera pour une autre fois. Allez suivez moi dans la grand-chambre avec Banister. Nous allons noyer votre chagrin ….. et le nôtre, dans quelques boujarons de bon rhum de Jamaïque. Je dois même avoir encore un flacon de genièvre si telle est votre préférence.

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeMer 29 Aoû 2012 - 16:09

Dans le port, un navire seulement était présent. Une petite frégate. Française sans doute, eut égard à son nom : « Princesse ». Elle n’arborait cependant aucun pavillon.

Dès que les manœuvres d’accostage furent effectuées, Bertrick se rendit à terre et rejoignit son compère, le capitaine Francisco, arrivé quelques heures plus tôt et qu’il avait repéré depuis la dunette, attablé – vautré serait plus juste - à l’ombre de la pergola d’une auberge, face au quai.

- Holà tavernier ! Apporte une autre bouteille de ce vin d’Espagne et un gobelet de plus. Assiés toi Bertrick et goûte donc ce vin. Il est excellent. Ah, au fait, j’ai appris tout à l’heure que la frégate « Princesse » - il fit un mouvement de menton en direction du port - elle serait à vendre. Un équipage de prise l’a amené il y a une semaine. Avec ce que contenait le coffre du senau anglais que j’ai pris dernièrement, tu pourrai envisager de changer de navire.

- Ma foi … répondit Bertrick en se frottant la barbe. Narval me convient assez bien. D’un autre côté …. Un équipage plus conséquent …

- Réfléchis y. Je dois retourner de suite à mon bord, je fais transférer ma cassette sur ton navire. Si tu te décide pour l’acquérir, prend contact avec l’armateur pour voir les conditions de vente et de reprise de ton senau.

- Un autre capitaine de la confrérie pourrait avoir besoin de tes piastres. J’ai déjà été largement aidé pour avoir « Narval ».

- Bah ! Tu penses à Aria ? On avisera pour lui en temps utiles.


Dès qu’ils se furent séparés, Bertrick retourna voir de plus près la frégate. Il en fit même le tour avec le canot du senau. Il pesa mentalement avantages et inconvénients de l’échange. Il s’enquit ensuite du sieur Lamotte, armateur de son état et actuel propriétaire de la frégate. Ledit sieur Lamotte, reprenait le senau au delà du prix que Bertrick en attendait. L’affaire fut donc conclue.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeJeu 30 Aoû 2012 - 9:53

Une partie de l’équipage – les anciens Narval - avait déhalé la frégate et l'avait remorqué à l’aide des deux grandes chaloupes du bord. Manœuvre éreintante, entreprise peu avant le lever du jour pour éviter les ardeurs du soleil.

« Princesse » tirant sur son ancre de bossoir tribord, se balançait mollement au gré de la petite houle agitant la baie.
Les deux chaloupes effectuaient à présent une noria entre la frégate et le quai pour embarquer retardataires, dernières recrues – pour la plupart ceux de l’équipage de prise - vivres fraîches et barriques d’eau douce.
Le capitaine ne faisait embarquer ces marchandises que peu avant l’appareillage, précaution garante de leur plus longue conservation.
Le canot du capitaine, de taille plus modeste que les chaloupes, était sous les ordres de Banister. Il transportait des tonnelets d’alcools divers et de vin dont Bertrick avait repoussé l’embarquement jusqu’au dernier moment, pour éviter que la bordée de quart pour la nuit précédent l’appareillage ne soit inapte au matin.
Déjà que l’autre bordée, qui rembarquaient petit à petit, n’étaient pas, loin s’en faut, en état de faire quoi que ce fut, à peine marcher pour quelques uns.
Bah ! Ceux resté à bord n’avaient pas été mieux disposé la veille.

Une nouvelle chasse-partie s’engageait.
Un troisième navire, commandé par un compagnon de la première heure et ami du capitaine Bertrick, devait se joindre à eux. Eventualité aléatoire, les informations le concernant manquaient depuis longtemps.
Bertrick avait déposé à son intention des missives dans tout les lieux de plaisirs que le port comptait. Ainsi d’ailleurs qu’auprès de tout les patrons d’embarcations de pêcheurs où de contrebandiers locaux.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeVen 31 Aoû 2012 - 10:15

Le charpentier et son aide avaient mis en place les barres de cabestan.

- Tout le monde sur le pont pour appareiller !

Les hommes coururent à leurs postes. Une partie d’entre eux se plaça autour du cabestan. Cinq barres et quatre hommes à chacune. D’autres grimpèrent dans la mâture, s’échelonnèrent le long des vergues des huniers.

- Levez l’ancre !

- Déferlez les huniers ! …. Bordez !


Autour du cabestan, les hommes poussèrent sur les barres et commencèrent leur ronde scandée par un chant. Les linguets cliquetèrent de moins en moins vite. Les hommes, ployèrent sous l’effort en ahanant. L’aussière de l’ancre se tendit, la frégate commença à bouger.
Un matelot perché sur le bossoir d’ancre, constata que l’aussière plongeait à la verticale.

- A pic ! cria t-il.

- Hissez les huniers !

Les poulies grincèrent, les vergues s’élevèrent le long du mât, le faisant gémir.

- Brassez !

Les vergues pivotèrent, le vent s’engouffra dans les voiles avec un grand claquement.
La frégate prit de l’aire, arrachant l’ancre des fonds.

- Caponnez l’ancre !

L’ancre fut caponnée à son bossoir. La lourde aussière, toute dégouttante d’eau, fut tirée et lovée dans la soute aux câbles du coqueron avant.
Les fonds ici, était sablonneux où coralliens, la soute n’était donc pas nauséabonde comme c’est toujours le cas dans les grands ports d’Europe.
La frégate s’engagea entre les deux bancs de sable marquant la sortie du chenal. Brigantine et misaine furent déployées. Captant la brise du large, elles donnèrent une forte gîte tribord à la frégate.

- Bordez écoutes et boulines !

Sur la dunette, Bertrick ajusta sa lunette. Il observa la côte, de part et d’autre de la baie. Après un temps – qui paru long à Banister, présent à ses côtés - il replia l’instrument d’un air satisfait.
Se détachant à peine sur le fond couleur de roche de la côte à l'Est, il venait de repérer le navire du capitaine Francisco. Sorti du port la veille, il tirait des bords depuis, deux ris pris dans ses voiles, en attendant sa conserve.
Francisco avait vu la frégate sortir. Dès qu’il se fut dégagé de l’abri des côtes et qu’il reçut la brise du large, Bertrick vit qu’il larguait les ris. Vent arrière, ses gigantesques voiles latines déployées « en ciseaux », le chebec s’orna d’une fort belle moustache d’étrave.

- Saperlipopette ! On pourrait croire qu’il vole !

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeLun 3 Sep 2012 - 16:41

Les deux navires, naviguant à une couple d’encablures s’établir sur leur cap.
Quelques jours plus tard, au sortir du « Passage du vent » les cris des vigies alertèrent les équipages.

- Voile en vue ! Holà en bas ! Voile en vue par bâbord avant!

Les hommes se précipitèrent le long de la lisse, regard avide. Bertrick se rendit sur la dunette. Il déploya sa longue vue, fit la mise au point. Une frégate Hollandaise doublait la pointe de la côte proche.
Las ! …. Princesse & Megalodon se trouvaient « sous le vent » du Hollandais.

Les équipages, loups affamés face à une pitance hors de portée, virent, impuissants, la frégate Batave s’éloigner puis disparaître sous l’horizon. Maugréant, traînant les pieds, tous retournèrent à leurs tâches respectives.

- Voilà qui n’est pas bon pour le moral, Capitaine » lança Banister, à la gouverne près de Bertrick.

- J’en suis conscient …. Cela fait partie des aléas de notre corporation. Mieux vaut ça qu’être « au vent » d’une escadre qui détesterait le pavillon que nous arborons.

Les deux navires jetèrent l’ancre à l’île Inagua. A tour de rôle, tandis que l’un s’embossait, canons braqués sur la passe d’entrer du lagon, l’équipage de l’autre se rendait à terre pour chasser, pêcher où simplement pour prendre du bon temps, exempt des contraintes des Princes qui gouvernent le monde. Le moral remonta, surtout celui de la compagnie de Bertrick qui était loin d’avoir l’expérience de forban de celui de Megalodon .
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeMer 5 Sep 2012 - 20:47

Après quelques jours de liberté & d’agapes, les deux navires mirent à nouveau à la voile. Les capitaines étant convenus de leur futur secteur de chasse. Ils croisèrent à proximité de plusieurs ports, y dépêchant chaque fois une chaloupe pour s’informer de la présence éventuelle de leur troisième compère.
De retour avec la chaloupe après la reconnaissance d’un port dans lequel se trouvait un trois mâts, Bertrick se rendit à bord de « Megalodon ».

- Mon cher Francisco, je connais cette corvette « Neptune ». Le capitaine est un noble Anglais – du moins en a-t-il la prétention car il se donne du « Sir » - c’est lui qui a abordé mon chebec après que nous ayons été démâté par un cinquante canons. Je lui dois aussi la perte de mon dogre quand il a fallu, faute de mieux, que je me reconvertisse en marchand. Je ne sais s’il est vraiment noble mais il ne se comportent pas même en Gentilshommes ……fussent-ils de Fortune !

- Je vois, mon ami. Aussi, je te proposes que nous nous embusquions près d’ici. Nous l’attaquerons s’il sort, ce qui ne saurait tarder, du moins je l’espère.

- Je pensai bien que tu comprendrai. Attendons quelques jours. S’il ne se décide pas à appareiller disons …. d’ici deux jours, alors nous aviserons.

Les deux navires s’embusquèrent derrière un îlot proche du port. Un guet fut installé sur une petite éminence, point culminant de l’îlot, d’où tout navire entrant où sortant de la rade ne pouvait qu’être vu.
L’attente commença. Les équipages furent en « Branle-bas » par bordée. Bertrick comme Francisco interdirent toute consommation d’alcool à leur bord hormis la ration distribuée au cours des repas. Sur « Princesse » Zacharie fourbissait sans relâche ses « chers canons » avec un vif espoir de les voir servir bientôt.

Trois fois hélas !
Après une couple de jours d’attente, il fallut se rendre à l’évidence. La corvette ne semblait pas disposée à prendre la mer. L’équipe de guet sur l’îlot rejoignit donc les navires et les ancres furent relevées.
Les deux capitaines convinrent de momentanément se séparer. Francisco souhaitait aller croiser au Nord, Bertrick voulait se rendre dans un port plus à l’Ouest où, selon une information provenant de pêcheurs, son ami se trouverait.
C’est avec des acclamations mutuelles de leurs équipages que les deux navires forbans prirent des caps différents.

Arrivé dans le port dont faisait état la rumeur, Bertrick trouva bien le dogre de son ami mais, du capitaine lui même … Que nenni !
Bertrick su bien vite que ce dernier avait payé son passage, une couple de mois plus tôt, sur un navire en partance pour l’Espagne, son pays natal, où il avait une affaire urgente à régler. Dépité, Bertrick patienta quand même quelques jours dans l’espoir de son retour , mais en vain.

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeDim 7 Oct 2012 - 19:30

Les deux navires de la confrérie tiraient doucement sur leurs ancres. La petite anse où ils avaient trouvé refuge était toute proche d’une modeste ville où flottait le pavillon fleurdelisé.
Par petits groupes, afin ne pas donner l’éveil aux autorités, les hommes pouvaient se rendre à pied jusqu’au abords du port où se trouvaient les lieux de plaisir..
Cette escale avait été décidé d’un commun accord entre les deux capitaines. La navigation par très gros temps et dans la tempête avait endommagé les deux navires et coûté la vie à pas mal d’hommes. Pour Francisco, l’abordage d’un senau armé en course puis le duel aux canons contre un chebec, avaient infligé d’avantage de pertes et d’avaries.
Aux abords de la plage, un guet avait été mis en place pour éviter une attaque par les soldats de la garnison. Le chebec de Francisco était affourché sur deux ancres pour tenir sa batterie tribord face à toute surprise venant de la mer.
Les deux capitaines se trouvaient dans la grande cabine arrière du chebec. Ils dégustaient un fabuleux pâté de perroquet au Madère avec pour l'accompagner, un vin d’Espagne honorable, butin pris sur le senau. Buvant et mangeant debout, ils consultaient les cartes marines étalées sur la table.

- Pour réaliser notre projet, nous devons nous rendre là » dit Francisco en posant la pointe d’une dague sur une des cartes.

- C’est aussi mon avis. Je lève l’ancre dès que les réparations sont achevées. Mon quartier-maître est allé dans les tavernes près du port. Il est parvenu à recruter la vingtaine d’hommes qui me manquaient.

- Il m’en manque plus du double et les dégâts à bord sont plus importants que sur ta frégate comme tu as pu constater. Va, je te rejoindrai là-bas. Peut-être même pourrai-je te rattraper si je n’ai pas à m’attarder ici.

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeJeu 11 Oct 2012 - 20:09

La frégate avait embouqué un bras de mer qui s’enfonçait d’une couple d’encablures dans les terres. Elle y était entrée « à culer », remorquée par les deux chaloupes du bord. Une ancre avait été mouillé loin en avant pour pouvoir sortir au cabestan si une brise de terre n’adonnait pas pour mettre à la voile
C’était une cache exceptionnelle pour se tenir en embuscade de tout le trafic sortant où se présentant devant la colonie anglaise toute proche.

Juché dans les barres du perroquet de misaine, Bertrick observait un dogre à la lunette. Il connaissait le capitaine. Ils avaient été associé un temps, à l’occasion d’une chasse-partie ayant tourné court quand Bertrick avait perdu son navire. Il l’appréciait fort, d’autant plus que c’était une femme et Bertrick aimait les femmes. Pourtant, il en avait peu côtoyé dans sa vie de marin hauturier au sein de la « Vereenigde Oost Indische Compagnie », comme Gentilhomme de fortune ensuite. Non compris les catins bien entendu.
Il replia la longue vue, revint à sa cabine. Il s’allongea sur son châlit.
Le soleil se reflétant sur la mer, créait par les larges fenêtres de poupe un miroitement mouvant au dessus de sa tête. Ses pensées vagabondèrent un moment au sujet des femmes puis se fixèrent sur un problème bien plus présent.
Il ressentait fort bien que la loyauté de l’équipage envers lui faiblissait, même si Banister le Quartier-maître dont c’était le rôle ne lui en avait encore pas fait état. C’est vrai qu’il n’y avait eu aucun butin depuis des mois ! De quoi faire douter la compagnie.
Bertrick craignait qu’il ne soit jugé comme capitaine malchanceux et déposé de son commandement par le conseil de l’équipage. Dans ce cas, au mieux, c’était l’abandon sur un îlot désert.
Zacharie le Maître canonnier frappa et entra sans attendre l’invite.

- Capitaine ! Le dogre au large est attaqué !

Bertrick prit sa longue vue, sortit et monta dans la hune de misaine.. Une chaloupe canonnière était bord à bord avec le dogre …. Pavillon …. Espagnol !

- Holà le monde ! Au cabestan ! A déferler les huniers !
- Monsieur Marcus ! Laissez filer l’ancre par le bout. N’oubliez pas de guindez un filin avec une bouée sur l’aussière.


Le cabestan tourna, de plus en plus vite à mesure que « Princesse » était tirée de sa cachette. Les huniers déferlés et hissés prirent le vent. L’aussière de l’ancre fila dans un nuage de poussière de chanvre et la frégate s’élança. Les perroquets se déployèrent à leur tour et une belle vague d’étrave se forma de part et d’autre du taille-lame.
A bord du bâtiment espagnol le capitaine vit surgir le danger. L’ abordage du dogre venait d’être repoussé et maintenant il risquait de perdre son propre navire avec cette frégate qui se ruait sur eux.. Il fit couper les grappins pour pouvoir fuir.
A bord du dogre, le capitaine réagit vivement, il fit ouvrir le feu par les deux pièces de trois livres en batterie sur ce bord. Huit bordées à mitraille. Un tiers de l’équipage espagnol fut étendu pour le compte.
Le capitaine espagnol comprit que tout était perdu. Une prise à priori facile repoussait son abordage, maintenant son équipage fauché par la mitraille et enfin cette frégate qui l’abordait dans un fracas d’espars brisés.
Les grappins volèrent.

- A l’abordage !

Ce fut bref. Cent hommes contre à peine quarante.

Le butin était fort maigre. Le coffre du capitaine ne contenait que neuf milles piastres et les cales étaient vide. Néanmoins, Bertrick jubilait intérieurement.
D’une part il rendait service à cette femme capitaine qu’il appréciait tant, d’autre part les hommes seraient enfin apaisés dans leur doute sur son compte.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeJeu 11 Oct 2012 - 21:26

Le rhum commençait a manquer dans le petit etablissement de boucaniers où lui et son equipage avaient fait escale.
Francisco avait donc repris la mer.

Les charpentiers avaient eu le temps de réparer le chebec.
Le capitaine connaissait de mieux en mieux son navire.
Il prenait le vent à merveille, et l'esprit de Francisco accompagnait la course de son navire.

Le trajet fut sans anicroche. L'arrivée à destination presque trop rapide.
Ce n'etait cependant pas ce soir là que le capitaine espagnol épancherait sa soif d'adrénaline.
Il but un gorgeon de rhum pour s'en consoler.
Quand la vigie annonça enfin la voile du navire de Bertrick à l'horizon, le forban avait déjà obtenu la redition de sa proie.

Francisco comprit immédiatement l'empressement de son camarade et sa victoire express lorsqu'il l'aperçut, vêtu de ses plus beaux atours, agitant frénétiquement du pont de son navire son tricorne enrubanné pour saluer la capitaine Poudre.

Approchant à portée de porte voix, il salua son ami.
Sacré Bertie, toujours aussi vaillant, mais plus encore quand une jolie fille pointe le bout... de son nez ! J'ai navigué sans pause pour te rallier au plus vite. Invite moi vite à ton bord, joli coeur, et offre moi donc un verre pour fêter dignement cet abordage chevaleresque !
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeDim 14 Oct 2012 - 12:51

- Quand bien même refuserai-je de t’inviter, tu serai capable de prendre ma frégate à l’abordage pour boire mon vin où mon rhum. Viens donc ! Je t’invite …. Mais ce sera pour fêter que tu ne te sois pas arrivé à temps pour me souffler une proie au nez et à la barbe sous prétexte qu’elle pouvait s’enfuir, comme tu le fis il y a peu. Ha ha ha !

En attendant que son compère embarque, Bertrick donna quelques ordres.

- Monsieur Banister ! Prenez le commandement de la prise. Choisissez une vingtaine d’hommes comme équipage et allez la terrir pour la vendre au meilleur prix. Pour notre part, nous retournerons dans le bras de mer où nous étions caché. Nous devons récupérer notre ancre. Une fois la prise vendue, dépêchez auprès de nous un canot pour que je sache où vous êtes.
- Bien Capitaine !


Francisco franchit souplement la lisse. Bertrick s’avança à sa rencontre.

- Bienvenue à bord de « Princesse » mon ami. Heu …Une précision avant que nous ne débouchions quelques flacons. Tu a fais « force de voiles » dis-tu ? Serait-ce la soif qui vaille tant de précipitation ? …. Etait-ce à dessein de me voler à nouveau une victoire ? Où …. Pour être en compagnie de Poudre ? Si c’est pour elle, ton navire n’a pas été assez rapide. Vois ! Elle a déjà mis sous voiles en direction de la côte.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeMar 16 Oct 2012 - 17:26

Après avoir vidé ensemble moult bouteilles d’un excellent vin d’Espagne, Francisco rejoignit son navire, enjambant la lisse de « Princesse » avec beaucoup moins de sûreté de geste que lors de son embarquement.
Dès qu’il eut constaté de ses yeux que son ami avait bien rejoint son chebec, Bertrick fit aussitôt mettre à la voile cap au N. E. Il devait aller récupérer son ancre dans le bras de mer où il l’avait « laissé filer par le bout». C’était un accessoire absolument indispensable, très onéreux et fort rarement disponible dans les magasins portuaires.

Les chaloupes furent mises à l’eau à moins d'une encablure de l’entrée du bras de mer. Sur l’une d’elle, la bouée fut saisit et le filin ramené à la frégate. Les hommes le halèrent puis extrémité de l'aussière fut tournée au cabestan. Les chaloupes tirèrent enfin la frégate dans le bras de mer.

Deux jours d’attente, toujours pas de canot envoyé par Banister. Bertrick fumait une pipe sur la dunette. Zacharie le Maître-canonnier approcha.

- Capitaine, il faut que j’vous dise …

- Quoi donc Monsieur Zacharie ? Un problème avec la poudre … Où avec les canons ?

- Non Capitaine ! Pour ça, tout est parfaitement en ordre. C’est à propos de Banister. Les anciens de la compagnie, ceux qui étaient déjà avec vous sur le senau, m’envoient pour vous dire … Ben … Y viendra pas. J’veux dire aucun canot ne rejoindra.

- Comment ça ? Venez avec moi dans la grand-chambre.


Bertrick descendit, suivi par un Zacharie visiblement gauche, gêné.
Ils entrèrent. Bertrick emplit deux boujarons de rhum et en tendit un au maître canonnier.

- Asseyez vous Zacharie et expliquez moi clairement ça.

- Eh bien Capitaine, Banister depuis quelques semaines y sondait les hommes. Y disait que vous étiez un capitaine trop malchanceux. Que c’est pas tout à fait faux non plus, que depuis que vous commandez la frégate on a pas fait de prise. Y disait que nos parts, et ben … y’en auraient pas. Y voulait que la compagnie vous dépose sur un îlot désert et que c’est lui qui devrait être élu capitaine. Quand on a pris la chaloupe canonnière espagnole il a dit que le peu qu’y avait à bord y changerait rien.

- Je vois. Je comprend maintenant pourquoi le moral faiblissait et qu’il ne m’en soufflait pas un mot.


- Quand vous lui avez donné le commandement de la chaloupe pour aller la terrir, les vingt trois hommes qu’il a choisi sont presque tout ceux qui s’étaient déjà rangés de son côté. Il n’a pas dans l’idée de la vendre mais de la garder et de naviguer pour son compte. C’est pour ça que les anciens m’envoient vous prévenir qu’attendre ici ne sert à rien.

- Bien ! Je vous remercie Zacharie. Je vais faire réunir le conseil pour qu’il choisisse un nouveau Quartier-Maître. Je pense, si les hommes vous ont envoyé me dire tout ça, que c’est vous qui serez élu.

- Non Capitaine ! Cette fonction ne m’intéresse pas. Je préfère rester à mon poste de Maître-canonnier.

- Eh bien je vous en félicite ! J’apprécie la manière dont vous remplissez cette fonction.


La compagnie fut donc réunie en conseil le jour même sur le pont de la frégate.
Il y avait trois prétendants, dont un français dont Bertrick se défiait quelque peu et qu’il n’eut pas aimé avoir comme Quartier-Maître.
Celui qui fut élu à l’unanimité, Hippolyte, était un des plus vieux compagnons du capitaine. Il avait été de l’équipage du dogre que commandait Bertrick lorsqu’il avait été contraint de faire du commerce pour se renflouer. Un des rares de cet équipage qui ait accepté de devenir forban.
C'était un homme fort apprécié de l'équipage mais craint également car doué d'une force peu commune et chacun voyait bien qu'il était préférable de ne pas avoir à en venir aux main avec lui.

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeVen 19 Oct 2012 - 20:54

La frégate s’était déhalée tôt le matin. Elle se trouvait à présent dans l’avant port, sur une ancre et attendait la marée et la brise de terre pour se dégager.
Cette fois, elle partait seule. Le capitaine Francisco devait terminer l’armement de son nouveau navire.
Le maître-coq aborda « Princesse » par bâbord avec le canot. Il était le dernier à embarquer. Le capitaine l’avait envoyé à terre pour acheter un sac de grains de café après qu’il eut découvert qu’il n’y en avait plus à bord.
Le canot fut hissé et déposé sur son chantier.
- Monsieur Jensen ! Je crois que nous pouvons lever l’ancre. » Lança Bertrick au Maître.
Les ordres fusèrent. Lentement, la frégate sortit du port déployant tour à tour ses huniers puis sa grand voile et sa misaine.
- Cap plein Sud Monsieur Jensen !
Dix milles plus loin, la frégate vira, cap S.E.
Le lendemain, à l’aube.

- Voile en vue !

Bertrick avait déjà bu son café. Il arpentait le pont en fumant sa pipe. Il leva la tête en direction de la vigie de misaine qui venait de faire l’annonce.
- Où ça ?
- Trois lieues par l’avant tribord Capitaine ! Un lougre marchand, pavillon Anglais !
- Cap sur lui timonier ! Monsieur Jensen faîtes envoyer les perroquets et les bonnettes de huniers au vent ! Monsieur Zacharie vérifiez vos pièces et faîtes monter les gargousses et les boulets.


La frégate parvint à moins de deux encablures de la chasse. Bertrick tenta de se placer pour faire porter les canons. Par une si faible brise, où seul les perroquets portaient, le lougre avec ses voiles au tiers et son équipage nombreux, était bien plus maniable. Il évita l’approche à deux reprises. A chaque changement de cap, la frégate, plus lourde et moins rapide perdait quelques centaines de yards. Une saute de vent localisée laissa un moment le lougre déventé. « Princesse » parvint à portée pour expédier une volée qui toucha le lougre lui tuant du monde. La brise lui donna à nouveau la possibilité de se mettre à distance. La nuit interrompit la poursuite.

Au matin, le « Godon » se trouvait à deux lieues dans le Nord Est.. Bertrick, depuis les barres de perroquet du grand mât vit qu’une corvette était à ses côtés, Pavillon noir claquant au vent.
Parvenu à moins d’un demi mille, il eut l’heureuse surprise de constater qu’il s’agissait du nouveau navire du capitaine Francisco. Bertrick constata que la corvette et le lougre étaient liés l’un à l’autre par des grappins. Le désordre dans le gréement et sur le pont du lougre indiquait que Francisco était passé à l’abordage.
Le Pavillon Anglais flottait toujours au grand mât du lougre, Francisco semblait avoir été repoussé. Un nouvel équipage, inexpérimenté, expliquait certainement son échec.Présumant qu’un nouvel assaut allait être lancé par son ami, Bertrick fit tirer une bordée à mitraille sur le bord opposé de l’Anglais. Touchés de plein fouet !
Les Anglais, avaient vu se positionner la frégate et s’étaient abrités. Ils parvinrent après la volée à couper les grappins. Libéré, le lougre s’écarta des deux navires forbans.

- Ce capitaine mérite un coup de chapeau » dit Bertrick, joignant le geste à la parole en direction de la petite dunette du lougre.
Le capitaine Anglais répondit fort civilement au salut.

Il n’y eut rien à faire pour les deux navires forbans, le lougre s’éloignait cap au Nord et Francisco comme Bertrick préféraient ne pas suivre du fait de la présence de plusieurs navires au loin sur ce cap.

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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 14:36

« Princesse » avait pris la mer, sans sa conserve.
« Gitana XI » la corvette du capitaine Francisco avait levé l‘ancre la veille.

Petite brise d’Est et mer calme (force 2) la frégate courait grand largue, bâbord amures, toute voiles dehors, bonnettes au vent comprises. La compagnie, cent trente gaillards, avait le moral au beau fixe et ne demandaient qu’ à en découdre.
La frégate lofa. Elle recevait maintenant la brise par le travers bâbord. Et il fallu rentrer les bonnettes.

- Voiles en vue !

Le capitaine prit sa lunette et rejoignit la vigie dans la hune du grand mât.

- Dans quelle direction ?
- Là bas Capitaine ! Un senau.


Bertrick fit la mise au point de l’instrument.

- Un senau armé en course que je reconnais. Oui, c’est bien lui. Je distingue aussi, juste sur l’horizon, un vaisseau de 64, son compère. Holà en bas ! Je descend, paré à virer !

Sur la dunette, Bertrick donna ses ordres. La frégate modifia légèrement sa route, en direction des Grenadines visibles loin devant par le bossoir bâbord.
Le senau resta en vue jusqu’au soir, se maintenant à distance. Le lendemain, en entrant entre les îlots de l’archipel, il n’était plus visible.
« Princesse » mouilla dans une des baies de Hog Island au Sud-Est de Saint Georges sur l’île de Grenade.

Cap au Sud.
A Tobago, mouillé au Sud de l’île à Canoë Bay.
Quitté Tobago par jolie brise d’Est et mer peu agitée force 4 cap W. S.W. l’île de Trinidad gisant au Sud à 1 lieue.
Lofé cap W. et mouillé à Marguerita.

Sortie de Marguerita par bonne brise d’Est mer agitée (force 5). Pris en chasse par un vaisseau de 80 canons Espagnol. Brasser les énormes grand vergue, vergue de misaine et celles des huniers sur un tel mastodonte exigeait près de cinquante hommes pour chacune et beaucoup encore pour ferler où carguer les voiles. Le vaisseau était lent à manœuvrer et Bertrick parvint sans peine à tenir sa frégate hors de portée de sa formidable volée de 15 canons de 36 livres de sa batterie basse, des 16 pièces de 24 livres de sa batterie principale sans compter les 9 canons de 8 livres du pont supérieur qu’il portait sur chaque bord. De quoi désemparer la petite "Princesse" d'une seule bordée bien placée.
Le lourd vaisseau fut noyé sous l’horizon avant la tombée de la nuit.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeMer 7 Nov 2012 - 17:22

Les grosses gouttes de pluie tambourinaient sur le pont. Sur tout l’horizon visible autour de la frégate, le ciel avait toute les nuances de gris, du plus clair – bien peu - au plus sombre.
Le vent s’était un peu calmé mais sifflait encore dans le gréement sur une octave élevée.
La houle, que la frégate épaulait en roulant férocement d’un bord sur l’autre, était toujours importante.
Au début de la pluie – c’était il y a déjà trois jours – les hommes en avaient profité pour se dénuder sur le gaillard avant et se laver. L’ambiance était à la gaieté, à l’hilarité même, quand fusaient des plaisanteries graveleuses sur l’anatomie d’un compagnon.
Les heures suivantes, ils avaient lavé leur linge – à l’eau douce ! Fait assez rare à bord - mais la pluie durait toujours. Ce n’était plus les gouttes énormes des premières heures mais une pluie serrée mais qui, surtout, ne faiblissait pas.
Des drisses avaient été tendu de l’avant à l’arrière dans l’entrepont où leurs effets était à présent étendus. Mais leurs linges ne séchaient pas du fait de l’humidité qui régnait.
Les capots d’écoutilles étaient fermés ainsi que les sabords « au vent ». Des prélarts recouvraient la grande claire-voie du pont supérieur. L’eau, malgré toutes ces précautions, s’infiltrait et suintait de moult endroits et avec l’obscurité régnant dans l’entrepont, l’air y était saturé d’eau ….
et la moisissure s’y mettait.
La gaieté de la compagnie s’était muée en morosité … parfois hargneuse. D’autant qu’il fallait fréquemment monter sur le pont pour régler la voilure et que ce qu’ils portaient sur le dos était depuis longtemps trempé. Peu possédaient plus d’une rechange de vêtement et celle-ci séchait où du moins était mis à sécher !
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeVen 9 Nov 2012 - 17:45

Le lendemain, au Nord de Caracas, le vent s’est calmé, petite brise (force 3) mer belle. La frégate croisa autour des possessions hollandaises de Bonaire, Curaçao et Aruba.
Le canot du bord fut grée d’une voile à livarde pour approcher au plus près l’entrée des ports en question et y observer si des navires s’y trouvaient.
Le patron de canot rapporta au capitaine qu’il y avait bien une chaloupe canonnière dans l’un, une galiote dans l’autre, un chebec et même un vaisseau de 116 canons dans le dernier mais tous étaient abrités sous les défenses des ports et semblaient préférer être rongés par les tarets que de vouloir sortir.

La frégate louvoyait pour remonter au vent. Les incessants changement d’amures éprouvaient navire et hommes d’autant que le vent était établi « frais » et que la mer était forte (force 6).

- Voile en vue ! Voile par l’avant du travers tribord !

Dans la cabine, Bertrick entendit le cri de la vigie. Il rejoignit la dunette, sa lorgnette sous le bras. Il appuya la longue vue sur l’enfléchure du mât d’artimon, fit la mise au point.

- C’est une corvette légère Pirate ! Par ma foi c’est le capitaine Francisco !

On les avait aussi vu depuis la corvette car elle brassa ses vergues et s’établit sur un cap d’interception. Elle ne fut bientôt qu’à moins de deux encablures de « Princesse ».
Le temps se dégrada encore. Il passa à « coup de vent et mer très forte » de force 8. La pluie tombait drue.

- Voile en vue ! A environ 2 lieues par le travers tribord !

- Morbleu ! Avec un tel rideau de pluie, nous aurions pu être à porté de ses canons avant que la vigie ne la voit.


Bertrick braqua sa longue-vue en direction du bâtiment inconnu. Il lui fallu un long moment pour pouvoir bien l’observer à travers la pluie

- Une frégate Pirate ! Elle est bien deux fois plus grosse que nous. Au moins 300 où 350 tonneaux. Monsieur Hippolyte, amenez moi à portée de voix de la corvette du capitaine Francisco.

Quand « Princesse » fut à une vingtaine de brasses de « Gitana XI», Bertrick s’empara de son porte-voix.

- Francisco ! Je reconnais cette frégate. Je l’ai croisé quand je n’avais qu’un dogre sous les pieds. Elle jauge plus de 300 tonneaux et porte 22 pièces de 8 livres. Il y a bien deux cents hommes à son bord. Et depuis, nul doute que ce capitaine soit fin manœuvrier et que son équipage soit fort efficace.

- Deux cents hommes dis-tu ? Moi qui viens juste de prendre le commandement de ma corvette, mes hommes sont encore inexpérimentés. Elle pourrait m’aborder sans même prendre la peine d’envoyer une bordée préalable. Toi, tu lui offriras un peu plus de résistance. Si c’est nous qui attaquons, l’affaire sera très risquée.

- C’est aussi mon avis. D’autant plus qu’à l’époque, il y avait une très grosse frégate qui naviguait de conserve avec lui et que j’ai entendu dire que deux où trois autres capitaines s’étaient joint à eux. Ils ne sont sans doute pas loin. Peut-être dans les îles à tribord.


Ils décidèrent, à la faveur du gros temps et de la nuit qui approchait, de s’en éloigner. Cap au Nord pour doubler largement l’île d’Orchilla puis, Nord-Est à la nuit tombée.

Au matin suivant, la frégate n’était plus en vue. La corvette de Francisco était à une lieue sur l’avant et l’île de La Blanquilla gisait à quelques lieues par tribord avant. Bertrick donna les ordres pour prendre le même cap que la corvette de Francisco.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeDim 2 Déc 2012 - 11:40

Cap W. vent calme de N.E. mer calme. Les deux navires forbans naviguaient de conserve sous voilure aisée « grand largue ».
Les capitaines, Bertrick à bord de la frégate « Princesse » & Francisco el Magnifico à bord de la corvette « Gitana XII » avaient fait doubler les vigies dans les hunes. Ils avaient entendu dire dans les tavernes de Saint Thomas, qu’une escadre hollandaise croisait à l’Ouest de Sainte Croix. Cette possession française était maintenant à sept où huit lieues par l’arrière du travers tribord. Jusqu’à présent, la mer était vide mais ….

- Capitaine, la corvette envoie des signaux avec un miroir.
- Ah oui ? Il veut sans doute communiquer. Nous allons empanner Monsieur Hyppolite. Faîtes choquer la bouline du perroquet d’artimon et brasser sa vergue « à contre ». Faîtes carguez le grand hunier. Ça devrait suffire pour mettre la frégate en équilibre. Je monte dans l‘instant.


Quand Bertrick arriva sur la dunette, « Princesse » avait brisé son aire & dansait mollement sur la houle, presque immobile. La corvette gagnait rapidement. Elle se rangea bord à bord et empanna également.

- Je m’invite à dîner mon cher. Ton Maître-coq est-il aussi doué que le mien ? Dans le doute, j’ai apporté quelques victuailles ; pâté de perroquet de San Juan, saucisses de cochon sauvage de La Tortue & dauphin mariné d’ici même. Le tout accompagné d’un vin d’Espagne de …. Je ne sais plus au juste mais ton gosier brûlé par le mauvais rhum & le pétun saura peut-être encore l’apprécier.
- Mon gosier cher ami, qu’il s’agisse de pétun, de vins, de mets, où de femmes, est toujours capable d’apprécier une chose à sa juste valeur. J’allais justement m’attaquer fermement à une panse de brebis farcie. Embarque mon ami et régalons nos papilles même si je te vois grimacer à l’idée de cette spécialité écossaise.


Ils firent honneur à tout les mets, même à la panse de brebis farcie mais ils burent aussi un nombre considérable de flacons d'alcools divers.
Francisco a rejoint son bord au petit matin. Il a fallu guinder une chaise de gabier en bout de grand-vergue pour le descendre dans sa gigue et les « Gitana » ont du faire de même pour le monter à bord et l’allonger sur son bas flanc.
Le capitaine Bertrick n'était pas dans un meilleur état mais il était à son bord et il lui fut donc épargné la petite honte de la chaise de gabier. Le matelot chargé du carré dut quand même l'étendre sur son bas flanc et le dévêtir.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeMar 4 Déc 2012 - 21:54

Au petit jour, vent de N. calme, mer calme. Notre conserve en vue 2 lieues N. La chasse a disparu quelque part sous l’horizon mais où ?
Nord Est, Est, Sud Est ? Pourquoi pas non plus Nord où Sud ?
Voire même à l’Ouest ! Tel le lièvre revenant dans ses traces pour tromper le flair des lévriers lancés à sa poursuite. Ce damné capitaine français en serait bien capable.

Le soleil monta au dessus de l’horizon. De la hune de misaine le cri espéré retentit.
- Voile en vue droit devant ! C’est la barque française !
Un autre cri vint presque simultanément de la grand hune.
- Voile en vue par le bossoir tribord ! Trois … Non … Quatre … Cinq, six voiles !
- Corne de bouc !

C’est le capitaine Bertrick, longue vue braquée sur le français à 3 lieues devant, qui venait de jurer ainsi. Il orienta sa lunette, régla l’instrument.
- Des hollandais ! 4 frégates … 1 corvette … 1 chebec ! … A 4 lieues. Que ces foutus bataves soient maudits !
- En haut le monde ! Tout le monde en haut ! Parer à virer ! Cap N.E. !
Bertrick éprouvait un sentiment de hâte, le navire le plus rapide de cette flotte, le chebec, était aussi le plus proche & il voulait se placer sous l’horizon avant que les vigies du batave ne le découvre.

Le chebec hollandais glissa rapidement derrière l’horizon. « Princesse » par cette manœuvre, s’était placée « au vent de la chasse. C’est à Francisco, qui s’était rapprochée durant la nuit & se trouvait un peu au Nord, qu’échue le bonheur de porter l’attaque sur la barque longue. Il s’en empara sans difficulté.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeLun 10 Déc 2012 - 13:46

Bonne brise de Nord, mer agitée.
La pluie tambourinait sur le pont et les gaillards de la frégate. Le navire pirate, tribord amures, cap N.W. longeait la côte de La Dominique, invisible après que la lune eut disparu sous l’horizon.
Le capitaine Bertrick avait fait carguer les perroquets & amener leurs vergues aux chouquets avant l’arrivée du grain.

A cause du temps, contrairement aux habitudes, les hommes ne dansaient ni ne chantaient. Ils préféraient, sauf les hommes de quart sur le pont, jouer aux dés où aux cartes à l’abri, dans l’entrepont où sous le gaillard avant.
Bertrick, dans la grand chambre, disputait une partie d’échec avec Hippolyte, son Maître d’équipage. Zacharie, le Maître canonnier suivait attentivement la partie, en buvant du rhum à petites lampées. Une brusque embardée de la frégate renversa quelques pièces de l’échiquier et projeta le rhum de Zacharie, sur sa vareuse.

- Désolé pour la partie mais je dois me rendre sur la dunette. Le temps se dégrade. Je vais peut-être devoir faire ferler et rabanter les perroquets. Le jour se lève et je voudrai aussi vérifier si nous avons quelque proie en vue, ce dont je doute fort, malheureusement. Monsieur Zacharie, faîtes vérifier les bragues des canons.
- J’y vais Capitaine ! Ça rincera ma vareuse par la même occasion » répondit le Maître canonnier en montrant le devant de son vêtement imbibé de rhum.

- Quand à moi Capitaine, dès que j’aurai rangé les pièces du jeu j’irai faire une inspection dans l’entrepont et dans les cales pour vérifier si tout est bien amarré.
- Bien, retrouvons nous ici ensuite. Je vous invite à partager mon petit déjeuner.


Le copieux petit déjeuner englouti, côtes d’agneau grillées, œufs à la coque, mangues, jujubes, arrosé de ale pour faire glisser le tout, le capitaine remonta sur la dunette car le temps se dégradait encore.
C’était à présent un coup de vent et la mer était très forte. Un ris fut pris dans les huniers et le perroquet de fougue. Le temps était déjà trop mauvais pour dépasser* les mâts de perroquets, manœuvre longue et dangereuse pour les gabiers. Zacharie quand à lui, fit doubler les bragues des pièces pendant que le pont supérieur était encore praticable. Les canons de « Princesse » étaient en batterie « barbette »* contrairement aux frégates de plus fort tonnage.
La pluie redoubla d’intensité, limitant fortement la visibilité. Le vent devint furieux et la mer se déchaînait. Serait-ce les prémices d’un cyclone ?
Que nenni ! Une amélioration se fit dans les heures suivantes.


* Batterie « barbette » : Se dit d’une batterie quand ses canons sont sur le pont supérieur donc à l’air libre.

* Dépasser les mâts de perroquets : Manœuvre qu’on effectuait quand le navire devenait trop chargé dans les hauts. Il fallait les dégréer, déposer les vergues sur le pont et, après avoir retiré la clé qui servait à empêcher le mât de descendre à travers les élongis des barres de perroquets, on faisait glisser le mât le long du mât de hune jusqu’à ce que sa caisse repose sur la hune. (Télescopiques en somme !).
L’inverse se dit : Guinder les mâts de perroquets.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeJeu 13 Déc 2012 - 13:10

- N.E. du cap Dame Marie. Grand frais d’E. mer forte.
- Cap S.W. Grand largue, bâbord amures sous huniers & basses voiles.
- « Gitana XII » s’est jointe à nous tôt ce matin. Elle est en vue à 2 lieues dans l’W.S-W.
- En milieu de matinée, une forte corvette pavillon noir flottant à la corne d’artimon est en vue, 2 lieues S.E. du navire de tête.
- La tempête se déchaîne, elle passent à fort coup de vent & mer grosse. Nous ferlons les huniers, arisons l’ourse et la misaine.

D’un commun accord, nous attaquons la corvette. Son panneau de fronteau nous indique qu’il s’agit de la « Black Mamba » un des navires de la Confrérie des Trois Crânes, laquelle avait par félonie, pris le chebec de Francisco.
Nous l’avons rejointe par 18°0 N & 74°45 W. Après nous en être tout deux approchés, Francisco sur sa hanche bâbord , nous à tribord, nous avons ouvert le feu sur elle.
Juste avant la tombée du jour, nous avons réussi à croché nos grappins et nous sommes rués à son bord.
La mêlée est restée indécise. Les « Black Mamba » étaient bien commandé et disciplinés. il nous a fallu refluer et repasser sur notre pont. Nous avons perdu une trentaine des nôtres, l’ennemi une quarantaine. A bâbord, Francisco constatant que nous étions repoussés, tira deux nouvelles bordées. Avec l’obscurité & la tempêtes, une n’a fait que l’effleurer, l'autre l'a raté.
Nous sommes reparti à l’ abordage mais avons été repoussé une nouvelle fois. Treize des nôtres y ont laissé la vie mais l’ennemi est maintenant décimé. Il nous faut nous réorganiser. Le prochain assaut sera le bon.
Francisco réagit à ce nouvel échec et lance ses grappins sur l’autre bord. Dans une clameur couvrant le hurlement du vent, son équipage conquière la corvette exsangue d’hommes. Dix « Gitana »le payèrent de leur vie Le vainqueur de « Black Mamba » y laisse un équipage de prise pour terrir ce magnifique navire dans le repaire le plus proche.

Au matin, alors que nous étions encore embrumé par les vapeurs de l’alcool bu pour fêter notre prise, pas moins de quatre navires se sont approchés pour nous attaquer.
Nos vigies, que des compagnons avaient approvisionné en alcool, cuvaient dans les hunes et n’ont rien vu !

Deux chebecs pirates, un dogre espagnol et un chebec français !
Nous avons essuyé pas moins de onze bordées. Si trois nous ont raté et une à peine effleuré, cinq nous ont touché dont une de plein fouet. Un chebec a même réussi un tir parfait. Nous sommes parvenus à nous mettre hors de portée & à faire route N.E. pour tenter de trouver refuge à île à vache.

L’un des chebecs « Eternam » nous a rattrapé à mi-chemin et a ouvert le feu, nous touchant de plein fouet. Cette fois, notre gréement a été offensé. C’est la fin !
Nous mourrons c’est certain, mais pas sans donner quelques fils à retordre à l’ennemi. J’ai déjà fait le deuil de « Princesse ».
Comme me l’avait un jour dit un certain capitaine Poudre : « La vie de Pirate, tu sait ce que c’est, ça va ça vient !».

Cap N.E. « Eternam » revient sur nous. Une bordée à nouveau, qui nous effleure. Nous parvenons une fois de plus, à nous mettre hors de portée de ses canons. Le chebec français « Rescatore » s’est approché aussi, sans parvenir à portée de tir.
Cap N.E. toujours. Nous entrons dans la baie de Port Morgan à l’Île à vache. La corvette de Francisco et un senau armé en course sont à quai.
Contre toute espérance, nous parvenons en nous traînant, à nous mettre, dans la nuit, à l’abri dans le port.
J’appris par Francisco que notre prise « Black Mamba » n’avait pu être terrie.

Une bien méchante et dangereuse affaire pour un très maigre butin. Si il fallait occuper les hommes, deux cents cinquante l’ont payé de leur vie, une magnifique corvette a été « perdu corps et biens » et ce, .....
Pour dix milles piastres !!!
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeDim 16 Déc 2012 - 14:24

Après avoir failli perdre sa frégate, le capitaine Bertrick se trouvait, avec un équipage exsangue.
Son compère, lui prêta quelques hommes pour garder « Princesse » et permettre aux trente huit survivants de la compagnie d’ aller faire une virée à terre et oublier un peu ces meurtrières dernières vingt quatre heures.
Les deux capitaines firent le bilan de cet affrontement. Bertrick devait privilégier la vitesse au nombre d’hommes et aux canons. Ils convinrent de vendre la frégate – à laquelle Bertrick s’était très attachée - et d’acquérir un navire plus rapide. Ils jetèrent leur dévolu sur une corvette légère de cent vingt tonneaux. Ils ne pouvaient prétendre à mieux avec ce qu’ils possédaient en commun dans leurs cassettes.

Bertrick s’en fut ensuite croquer la vie à pleine dents après avoir frôlé la mort de trop près pour son goût. Il rejoignit ses hommes pour boire en leur compagnie & trouva une accorte jeune femme pour passer le reste de la nuit. Le lendemain, Bertrick recruta une quarantaine d’hommes en renfort pour réparer la frégate.

Pendant que Bertrick vaquait aux nombreuses occupations d’un changement de navire, « Gitana » appareilla pour s’attaquer au senau armé en course qui avait quitté le port. Elle parvint à s’en emparer. La prise fut même terrie. Sa vente, ainsi que le coffre du capitaine rapportèrent cinquante milles piastres.
Bertrick pouvait dès lors s’offrir un navire plus important que celui envisagé.

Le marchand des lieux refusa d’acheter les canons de 4 livres de la frégate, il en avait en abondance. Bertrick les stocka dans le dock que possédait la confrérie.
Il vendit « Princesse » non sans émotion – quelques boujarons de rhum firent passer ce sentiment honteux - et acheta son nouveau navire.
C’était une corvette jaugeant 150 tonneaux, percée pour recevoir vingt bouches à feu & pouvant porter cent cinquante hommes.
Le soir, il retrouva la jeune femme de la veille. Il décida au matin de baptiser la corvette « La Créole » en hommage à cette fille de joie qui se révélait assez experte. Flattée par cette touchante attention, elle lui fit la ferme promesse – mais elle était ivre – de lui tenir compagnie gratuitement, chaque nuit, jusqu’à l’appareillage.

- Une promise cuitée Ha ha ha ! » s’esclaffa Bertrick en reculant brutalement sa chaise au cours du repas qu’il partageait avec Hyppolite et Zacharie et à qui il contait l’anecdote.
Le capitaine, plié en deux, hoquetait, pleurait de rire en se tapant les deux mains sur les cuisses. Ses deux acolytes rirent de le voir ainsi mais à leurs mines empruntent d’une totale incompréhension, le capitaine sut qu’ils
n'avaient pas saisi.
Il leur expliqua donc, entre deux hoquets, son bon mot :
promise cuitée … promiscuité !
Il en rit encore à plusieurs reprises dans la journée, chaque fois qu’il y repensait. Les nouveaux enrôlés se demandaient en le voyant si ils ne s’acoquinaient pas avec un capitaine n’ayant pas toute sa tête.

Peu à peu, de nouveaux marins et flibustiers vinrent compléter l’équipage et ce, malgré la soit disant folie - peut-être passagère ? - du capitaine.
Au soir, seul une trentaine d’hommes manquaient encore, les canons avaient été embarqué, les vivres et autres fourniments aussi.

Au milieu du jour suivant, la compagnie était au complet, cent cinquante forbans qui ne demandaient qu’à en découdre. Le capitaine accorda à tous, deux jours complets de quartier libre. Ce fut un phénoménal charivari. D’autant que les Gitana s’étaient joint aux débordements.
Pensez donc bonne gens ! Trois cent hommes désirant user de tout les plaisirs que la vie puisse offrir avant d’aller affronter les dures vicissitudes de la vie du bord, les nombreuses fortunes de mer, les ravages meurtriers des canonnades, sans compter les épouvantables abordages.

Bertrick se trouvait pratiquement seul à bord de « La Créole ». Ne s’y trouvaient que quatre sentinelles sur le pont.. Il décida de visiter avec attention la corvette.

Long de 98 pieds (29,87m), large de 26 (7,92m). son tirant d’eau avant était de 4 pieds (1,21m) & de 6 (1,82m) à l’arrière. Son grand mât s’élevait à 105 pieds (32m) , mât de perroquet compris, au dessus du pont supérieur.
Son artillerie, installée en batterie « barbette », était constituée de 18 pièces en bronze de 6 livres de charge sur le pont supérieur & de 2 pièces longues en cuivre du même calibre, comme canons de chasse, sur le gaillard avant.
L’installation des bouches à feu en batterie dite « barbette » permettait de libérer l’entrepont où les septante trois hommes de la bordée au repos pourraient accrocher leurs branles aux barrots du pont supérieur. Le faux pont, sous la grand chambre du capitaine & la chambre de veille, accueillerait les quatre maîtres & second maîtres. La cale aurait encore, lorsque le navire était entièrement armé en hommes et en bouches à feu, une capacité de 40 tonneaux de 2000 livres de charge.
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeMar 18 Déc 2012 - 20:20

A l’issue de ces deux jours de fols libations et autres excès, la compagnie embarqua à bord de « La Créole ».
Tous étaient présents à l’heure dîtes, peu, il est vrai, en état d’accomplir une quelconque tâche à bord. la corvette parvint néanmoins à larguer ses aussières et à se déhaler au milieu du port où elle mouilla..
Elle remonta ses câbles quelques heures plus tard et sortit de Port Morgan sous huniers.
Le capitaine la dirigea dans une petite anse discrète située quelques milles à l’Est. Il était convenu que « Gitana » devait l’y rejoindre. Ce fut chose faîtes au soir.

Le lendemain, les deux corvettes firent voiles, cap S.E. « au près », tribord amures, sous huniers & perroquets brassés en pointe, par petite brise d’E. & mer belle.

C’était une joie pour le capitaine Bertrick d’admirer sa corvette depuis la dunette et de pouvoir la contempler aussi « de l’extérieur » en regardant « Gitana » sa sœur jumelle.

« La Créole » se révélait très saine. Peu de dérive, facile à gouverner & sèche dans ses fonds. Voilà qui faisait moins regretter à Bertrick sa chère « Princesse ». D’autant moins de regrets lorsque du regard, il balayait le pont où s’alignaient les dix huit pièces de six où lorsque les pièces de chasse en cuivre du gaillard avant, étincelaient au soleil.
C’est que les hommes de pont affectionnaient ces deux longs canons. Ils les briquaient chaque matin pour les rendre aussi brillants que les doublons d’or qu’ils n’avaient plus dans leurs bourses.

Les deux conserves vinrent bord à bord, brasseyèrent petit hunier et perroquet de fougue « à contre », barre dessous, pour mettre en panne.
La gigue de « La Créole » fut mise à l’eau & l’équipe de nage parcourue les vingt brasses (36m) avec toute la célérité qu’exigeait le patron de canot de Bertrick.
A bord de « Gitana » les deux capitaines convinrent de leur prochaine destination et de la route à suivre.
Après quelques heures passées à boire & à déguster quelques mignardises avec Francisco, Bertrick rejoignit son bord.

- Faîtes servir ! » ordonna t-il dès qu’il eut franchi la coupée.
Lof bordé, barre à zéro, « La Créole » reprit lentement de l’aire. L’un derrière l’autre, à une encablure de distance, les deux navires firent route.
Moins d’une demi ampoulette plus tard, « Gitana », qui tenait la tête, tira du canon de chasse « sous le vent » - signal dont les capitaines étaient convenus - puis, elle vira.

- Monsieur Hyppolite, nous allons virer de bord à la suite.
- Vent devant ? … Bien Capitaine !

Le maître saisit son porte-voix.

- Holà le monde ! Paré à virer ; envoyez ; choquez la civadière ; bordez la brigantine ; la barre dessous … en douceur ; aux bras de devant … devant changez ; aux bras de derrière … derrière changez ; bordez la civadière ; choquez la brigantine … zéro la barre. Bras et boulines partout … Tournez … Amarrez !*

Lentement, la corvette entra dans le vent, hésita un instant, ralingue de chute au vent du grand hunier, fasseyante. Elle franchit enfin le lit du vent et s’établie gracieusement sur son nouveau cap à la suite de « Gitana » deux encablures devant.
Le capitaine Bertrick était heureux, « la Créole » n’avait pas « manquée à virer » devant témoins.

Jolie brise N.O. mer belle. Au lever du jour, les vigies des deux corvettes aperçurent à l’horizon de nombreuses voiles. A n’en pas douter les navires forbans qui étaient au port & qui leur donnaient la chasse. Courant sur leur nouveau cap, les deux corvettes passèrent derrière l’horizon.
Elles virèrent encore dans la matinée, espérant ainsi semer leurs poursuivants.
Las ! Peu après la méridienne, les vigies signalèrent une frégate à quatre lieues. Les corvettes coururent pour passer à nouveau sous l’horizon.

* Ordres authentiques pour virer vent devant.
En cas d’échec, il faut recommencer mais, sous le vent d’une côte, ce n’est pas toujours faisable. La marine se souvient encore du 74 « Golymin » qui manqua à virer alors qu’il louvoyait dans le goulet de Brest et s’échoua sur la roche Mengam le 23 Mars 1814
(voir très beau dessein d’ Ozanne).
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MessageSujet: Re: Où un forban reprend ses répréhensibles activités.   Où un forban reprend ses répréhensibles activités. Icon_minitimeSam 22 Déc 2012 - 14:48

21 Décembre. Ancré dans une petite anse de la presqu’île de Port Royal.
Notre canot, armé d’une couple d’hommes feignant de pêcher, s’est approché du port anglais proche. Trois hollandais, deux frégates et une corvette ainsi qu’ un senau anglais armé en course s’y trouvent. Une autre frégate et un chebec sont dans la rade, hollandais tout deux.
Le lendemain, nos faux pêcheurs partis à nouveau inspecter le port, reviennent à la corvette faisant force de rame. Le capitaine fut prévenu de ce retour en hâte par la vigie. Il attendit avec impatience sur la dunette.
Hyppolite barrait le canot. A peine accosté, il embarqua et se précipita auprès de Bertrick.
- Capitaine ! Le senau Anglais est sorti du port. Il est à l’ancre dans la rade. Il va sans doute sortir en mer bientôt.
- Suit moi. Qu’on prévienne Zacharie ! Qu’il nous rejoigne immédiatement dans la grand chambre.

Quand Zacharie eut rejoint, Bertrick exposa à ses deux lieutenants son intention.
- Nous allons effectuer un coup de main sur le senau anglais pendant qu’il est dans la rade. A la barbe de ces gros marchands bataves ventrus. Il faudra agir avec rapidité. Nous allons sortir de notre cache. Nous avons une bonne brise d’E. avec une mer agitée mais dans la rade se dernier point ne jouera pas. Voyez la carte ; nous sommes plein S. du port. Pour contourner la presqu’île où nous sommes jusqu’à la rade, il y a deux milles à courir au grand largue puis vent de travers. Vent de travers aussi pour revenir et au près pour nous cacher à nouveau. Nous établirons l’ourse , la civadière et son hunier pour être le plus manœuvrant possible, huniers et perroquets d’artimon. Il doit avoir quatre vingt hommes à son bord. Zacharie, trois bordées ! Appliquez vous nous n’aurons pas le temps d’en faire plus. Dès votre troisième tirs, je passe à l’abordage. Hyppolite, Immédiatement après notre retour à bord, faîtes couper les grappins et ramenez nous ici au plus vite.
Quelques détails furent discutés puis les ordres fusèrent. « La Créole » s’activa promptement mais avec efficacité.
La corvette surgit dans la rade, vira très court devant le chebec, au risque de se prendre sans ses câbles, longea la frégate et se glissa le long du flanc bâbord du senau.
En limite de portée, pour de la mitraille, Zacharie envoya une bordée.
Hélas, elle ne fit qu’effleurer le pont du senau. Peu de dégâts sur l’anglais. Les canonniers rechargèrent leurs pièces avec une belle célérité puis coururent aux pièces tribord. Hyppolite fit lofer en grand. La corvette pivota sur son axe et revint sur le même bord du senau presque à toucher cette fois. Sur l’anglais, précipitation, affolement, flots de jurons, d’un équipage non préparé à cette attaque …
Dans leur port et au milieu d’une flotte alliée !
La bordée cette fois toucha, balayant le pont d’une grêle de mitraille meurtrière.
Hyppolite, juste avant cette seconde bordée, fit brasseyer le grand hunier « à contre ». La corvette perdit son aire se maintint à hauteur du senau.
La troisième et, comme convenu la dernière bordée, toucha de plein fouet !
Hyppolite, fit tourner follement la roue du gouvernail et amena les deux navires bord contre bord. Un craquement de bois quand les bordés prirent contact.
- Lancez les grappins !
Du pont, les grappins fusèrent. Des hunes, un feu de mousqueterie les accompagna. Les grappins furent raidis en hâte.
- A l’abordage !
Capitaine en tête, une centaine d’hommes passa sur le pont du senau. Le combat fut sanglant mais bref.

Quelques minutes de pillage individuel, le temps pour Bertrick de se précipiter dans la cabine du vaincu, de s’emparer des cartes, de quelques instruments de navigation et du coffre du capitaine.
Sur les navires hollandais proches, des ordres étaient aboyés, des hommes couraient partout. Des sabords commençaient à s’ouvrir.
- A bord ! Holà ! Tout le monde à bord vivement !
- Coupez les grappins !

Dès que le capitaine eut enjambé le pont de « La Créole » il commanda à Hyppolite.
- Faîtes servir !
Grand hunier brassé, barre à zéro, la corvette se détacha lentement du senau dans le craquement du bois soulagé de la pression. Quelques hommes, les bras encombrés de butin, durent faire un bon entre les deux navires pour embarquer.
De retour dans la petite anse, Bertrick fit le point des pertes. Il manquaient 18 hommes, tués, blessés oubliés, où pillards n’ayant pas rejoint « La Créole » avant qu’elle ne s’écarte.
Le canot fut remis à l’eau et les « pêcheurs » partir pour une nouvelle reconnaissance. Ils revinrent à la corvette rapidement. Une des frégates hollandaises était sortie de la rade à la recherche de "La Créole".
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