L’homme était assis à la plus grande table de la taverne, entouré de plusieurs marins qui l’écoutaient raconter des histoires de flibuste. Il riait fort et faisait de grand gestes tout en se servant de grandes rasades d’un single malt irlandais.
«tu vois cette arme c’est un Katana ! Un sabre venu d’un lointain archipel, forgé par un peuple de fier guerriers qui malheureusement pour eux n’aime pas trop les armes à feu, ils n’ont pas tenu longtemps après que je les ai débusqués prés des philippines et que j’ai lancé l’abordage. Quand mes marins eurent fini d’exterminer ses hommes, leur chef entreprit de s’ouvrir le ventre lui même avec cette arme et je l’ai donc retiré de la chaleur de ses entrailles. Regardez ce fourreau d’ivoire gravé de personnages traditionnel de cette empire, là un guerrier, là prêtre...»
«et faites voir la lame senor !» tenta un marin
«la coutume veut que cette lame ne voit la lumière que pour faire couler le sang, alors il vaut mieux pour toi qu’elle reste dans son fourreau vois-tu.» et le personnage partit d’un grand éclat de rire.
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L’homme paraissait ivre et jovial mais il restait vigilant, et il remarqua l’entrée discrète de son second Matthew Sambava, un autre de ses souvenirs, de Madagascar celui-la. Alors il commanda une autre bouteille pour ses auditeurs et prit congé. Remettant son chapeau à large bord duquel dépassait une plume de corbeau, il rejoint la chambre qu’il louait depuis quelques jours. Lorsqu’il furent au calme le second sortit de sous son manteau une affiche, le manifeste de Libertalia. Don Lobo était stupéfait, enfin le jour tant attendu était arrivé. Et le timing était parfait les deux chébecs qu’il avait commandé au chantier naval seraient bientôt prét à prendre la mer.
«Sambava, retourne sur le Libertador, assure toi que tout soit en ordre pour appareiller d’ici une semaine puis disperse les hommes avec quelques bourses pleines, qu’ils écument toutes les tavernes de la ville et qu’ils répandent la rumeur, la Liberté lève une armée, que tous les hommes de bonne volonté se retrouve à l’aube, dimanche prochain, sur le quai principal.»
Puis le pirate décrocha la plume de son galure et se saisit de son encre de chine.
«Juan, Cher frère.
Le temps est venu, les graines semées par les chevaliers du siècle dernier fleurissent à nouveau. Tient le Regicidio prêt à appareiller. C’est reparti.
Générosité, Reconnaissance, Justice, Fidélité.»
Il plia le feuillet, inscrit sa devise en travers «liberté soutien nos bras vengeurs» puis appliqua son sceau de sa chevalière séculaire, un heaume et une plume.
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Au matin du dimanche la foule se pressait sur le quai, admirant les deux navires de courses, Don Lobo prit la parole couvrant la clameur des badauds.
«Camarades ! Aujourd’hui nous allons appareiller vers un endroit où les hommes seront libres et vengeurs, ou les navires pirates seront solidaire et organisés, nous feront fi du joug des nations et de leur soldatesque. Nous avons besoin de compléter les équipages de ces deux navires. Qui est volontaire ?»
Des hommes sortaient des rangs en masses prêt à quitter la terre ferme et ses lois pour celles de la piraterie et de l’aventure en mer. Les deux quartiers-maîtres choisirent les marins qui paraissaient en meilleur santé et à midi il y avait autant d’homme que nécessaire pour les deux chébecs. Quatre cent bougres prêt à rejoindre l’armée libre.
Alors faisant tonner leurs trente six canons le Libertador et le Regicidio prirent la direction du grand large sous les vivas de la foule.