Premiers pas.
Assis à la proue de la Brise de mer,Sforza relisait d'un air satisfait le petit poème qu'il venait de coucher sur une feuille volante.Otto lui,torse nu était absorbé par le démontage et le nettoyage des platines de sa paire de pistolets allemands.L'Espagnol ronflait dans un hamac. Orsu et le Maure,son fidèle garde du corps, étaient partis en ville négocier un lot de mousquets achetés à la précédente éscale.
"Du ékrit tes mémoires Kameraden?"demanda Otto?
Non,un petit poème assez bien tourné je trouve,écoutes ça ruffian"répondit Sforza:
Les conquérants
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;
Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles
Alors?pas mal non?
Ach so,les boemes,c'est bour les fiottes.
Sforza jeta une bouteille de rhum vide en direction de vieux lansquenet"stronzo,casqua boulone di mierda.Une rafale de vent aussi soudaine que brève emporta la feuille qui vola jusqu'aux quais.Un petit Cubain noiraud la ramassa et s'enfuit en courant sous les invectives du Vénitien et le gros rire du Teuton.
Alors qu'ils allaient en venir aux mains,Orsu et le Maure arrivèrent.Orsu avait sa mine des mauvais jours et le Maure un petit sourire cruel.
"Branle bas de combat,debout la dedans"gueula Orsu.On lève l'ancre et en ambiance vitesse.Joignant le geste à la parole,il balança un sceau d'eau sur l'Espagol qui degringola de son hamac en jurant atrocement.
"Je croyais que ce soir c'était bombance et festivités avec le bénéfice sur les fusils?dit Sforza,un sourire aux lèvres.
On fera bombance plus tard,dit Orsu.J'ai eu un léger different avec le Grec sur le prix des armes.Ce foutriquet voulait que je vende à perte.Je lui ai expliqué poliment que son échoppe tout en bois était extremement inflammable et qu'il serait bien urbain de reconsiderer sa proposition.Bref,un mot en entrainant un autre,le Grec à changé de patente et vient d'inaugurer le premier kebab des Caraibes.Excusez moi de ne pas vous avoir invité au méchoui,mais nous dinerons en mer.
Une fumée noire commençait à s'élever du quartier Levantin et des cris"au feu"se faisaient entendre.
Ach quel porbel,rigola Otto,le kommerz ékitaple,z'est bas encore pour maintenant.Parons nous d'ici schnell!