La chaîne de Ponzi
L'équipage avait quartier libre.L'affaire de l'attaque de la LGD n'était plus qu'un mauvais souvenir.Grace à la générosité de Don Fernando de Alencastre Norona y Silva qui avait consenti,en Gentilhomme fervent Catholique,un prêt sans interêt de 60 000 piastres à Orsu,nous avions pu armer un nouveau navire plus rapide et puissant,recruter un équipage,et piller deux marchands ennemis.Le moral était excellent.Ne restaient plus à bord que quelques marins de service, les officiers :Orsu et le Maure,son fidèle garde du corps,Otto et le prince Sforza et aux fers,un dénommé Ponzi,coupable de lâcheté devant l'ennemi lors du dernier abordage.Il était en attente de jugement.Hormis ce jeanfoutre à fond de cale,nos quatre compagnons profitaient du soleil sur le pont et les discussions allaient bon train:
Orsu,Dit Sforza,moi qui connait tout les puissants du quartier du Rialto,je vous aurai obtenu le double du prêt de l'Espagnol,et nous aurions un navire deux fois mieux armé.
Moyennant un p'tit taux d'interêt pour ton banquier non?repondit Orsu,en machonnant un figatelli.
Bien sur Patron,ce sont les affaires,repondit Sforza.
Le rîba est haram,repondit Orsu.
Le quoi? demandèrent ensemble Otto et Sforza moqueurs.
C'est le Maure qui m'a éxpliqué ça il y a fort longtemps.En crête,après sa capture.C'était dans son livre dont il ne se sépare jamais,celui qu'il lisait tous les jours lorsqu'il était mon prisonnier.Tu sais,c'est sans doute le plus cultivé d'entre nous.Il était ambassadeur du Calife,parle 8 langues,à étudié la médecine,les mathématiques,la philosophie avec les plus grands,quant à sa valeur au combat,vous la connaissez tous.Bref,il va vous demontrer l'arnaque du rîba en deux croquis et une simple équation mathématique.Qu'on lui amène une plume d'oie,de l'encre et du papier,vous allez voir,c'est très simple,même pour un casque à boulons Otto.Par la même occasion,remontez moi ce Ponzi que je statue sur son compte.
Pendant que le Maure dessinait un schéma à base de triangle et d'équations aux deux compères,on amena le prisonnier.
Retirez sa chaine,ordonna Orsu,qu'il puisse s'expliquer.
Le détenu,jusque la silencieux et tremblant devint un véritable moulin à paroles,intarissable,inarrêtable.Ses origines Romagnioles remontant à la surface,il gésticulait,pleurait,demandait pardon dans un sabir incompréhensible.Il mimait l'abordage et captivait l'attention de tous.Un coup de vent aussi bref que violent arracha la feuille des mains du Maure.Elle s'envolait en virevoltant.Rapide comme l'éclair,Ponzi s'en empara,sauta par dessus bord et disparu dans un grand plouf...