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 Nihil novum sub sole.

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Orsu
Mousse
Orsu


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MessageSujet: Nihil novum sub sole.   Nihil novum sub sole. Icon_minitimeVen 13 Juin 2014 - 14:14

Nihil novum sub sole.
L'Ecclesiaste,Livre 1 verset 9
             
                   A Jean Lartèguy

La nuit tomba d'un coup,comme il est d'usage sous ces latitudes.Après un bref instant de silence transitoire entre les animaux diurnes et nocturnes,la selva s'anima à nouveau.Les crapeaux buffles remplaçant les paypayos au concours du plus gros organe.La vigie signala un feu de camp,en amont,en lisière du rio.Certainement le campement de ces maudits zambos.Brise de mer,tous feux éteints se rapprocha silencieusement.Pendant ce temps,Otto,Le Maure et quelques artistes de la lame se déshabillèrent et se passèrent la figure et les mains au noir de bouchon.A bonne distance,ils se glissèrent souplement dans l'eau.Le camp de base n'était que faiblement gardé et l'affaire fût rondement menée,les paillotes incendiées,les prises chargées sur une sorte de pinasse,les autres embarcations éventrées.Quelques pieux taillés et dissimulés dans des trappes creusées et recouvertes de branchages sur les départs des deux pistes partants du campement en guise de finition et le travail était terminé.Ca n'avait pas pris plus d'un quart d'heure.Otto avait fait un prisonnier,un zambos qui roulait des yeux ronds injectés de sang,mélange d'une peur panique et d'un abus de chanvre.Il le travailla copieusement avant de le terminer,non pas pour obtenir des renseignements,mais pour que ses acolytes encore à la chasse à l'indienne l'entende gueuler.Et puis,Emilio avait été un bon guide et c'était son cadeau d'adieu.
Cet intermède terminé,le commando regagna le Senault,mais après l'exitation du combat personne n'arrivait à dormir.Les cinq officiers confortablement installés sur pont,à côté de la coquerie se restauraient en devisant.Orsu,tout en coupant quelques morceaux de fromage pour Gudd,son rat noir apprivoisé accroché à son épaule lacha:
Mes compagnons,j'ai bientôt terminé de rembourser le prêt à ce bon Don Fernando.Je quitte une dette d'honneur pour une dette de sang.Malgré tout l'or extirpé avec la sueur et les larmes des indios,le royaume est affaibli et exangue.El Animoso tente de conserver son trône,mais ici comme là bas les traitres foisonnent.Des intrigues se nouent aux plus hauts niveaux:clergé,militaires,diplomates,et c'est toujours nous les exécutants fidèles qui payons le prix de ces revirements avec notre sang.
C'était donc ça ton éscapade monastique dit Sforza.
Oui,notre nouvelle mission sera encore plus dangeureuse.
Mais aussi plus rentable,dit l'Espagnol.
Aussi.
Qu'es ce que tu en penses,Le Maure?
Nihil novum sub sole,en somme répondit il.L'Ecclesiaste avait raison.Vous connaissez Suétone?
Oui,un écrivain érudit Romain du I ou IIe siècle je crois,répondit Sforza,j'ai étudié quelques ouvrages de lui.Pourquoi?
Il parle d'une lettre qui
aurait été écrite voici plus de 15 siècles par le centurion Marcus Flavinius à l’un de ses cousins de Rome, Tertullus, alors qu’il servait à la 2e cohorte de la légion Augusta, au camp de Nambèse, en Numidie.(*)
Et que dit cette lettre?
Je vais essayer de vous la citer,de mémoire:

“On nous avait dit, lorsque nous avons quitté le sol natal, que nous allions défendre les droits sacrés que nous confèrent là-bas tant d’années de présence, tant de bienfaits apportés à des populations qui ont besoin de notre civilisation et de notre aide.
Nous avons pu vérifier que tout cela était vrai, et parce que c’était vrai, nous n’avons pas hésité à verser l’impôt du sang, à sacrifier notre jeunesse, nos espoirs.
Nous ne regrettons rien. Mais alors qu’ici cet état d’esprit nous anime, on me dit que dans la ville se succèdent cabales et complots, que fleurit la trahison, et que beaucoup, hésitants, troublés, prêtent des oreilles complaisantes aux pires tentations de l’abandon, et vilipendent notre action.
Je ne puis croire que tout cela soit vrai, et pourtant des guerres récentes ont montré à quel point pouvait être pernicieux un tel état d’âme, et où il pouvait mener.
Je t’en prie, rassure-moi au plus vite, et dis-moi que nos concitoyens nous comprennent, nous soutiennent, nous protègent, comme nous protégeons nous-mêmes la grandeur de l’Empire.
S’il devait en être autrement, si nous devions laisser en vain nos os blanchis sur les pistes du désert… alors que l’on prenne garde à la colère des légions !”.

Un grand silence suivit ce monologue.Le soleil monta dans le ciel aussi vite qu'il avait disparu.Le jour se levait.On venait de doubler San Carlos et le Lago Nicaragua s'étendait à perte de vue,d'une beauté à couper le souffle.A la pointe sud de l'Isla Mancarron,un lamentin curieux accompagnait brise de mer.Des milliers d'oiseaux s'envolaient pour une journée de pêche.Non décidement,rien de nouveau sous le soleil...


(*)C'est à dire dans l'actuel Constantinois.
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