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| La Métisse | |
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Bertrick Maître de Jeu
Messages : 2014 Date d'inscription : 10/01/2012 Age : 74 Localisation : J'sais pas ! J'vois double sur ma boussole et j'ai vomi sur ma carte !
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| Sujet: La Métisse Ven 21 Avr 2017 - 12:37 | |
| On pourrait accroire qu’ayant commandé le plus formidable des vaisseaux qu’onques ne vit arborer pavillon noir, je serai fort marri de ne fouler à présent que l’étroite dunette de La Métisse. Que nenni ! Nous autres forbans savons faire montre de belle équanimité devant mauvaise fortune de mer, là où d’aucun, officiers royaux & autres corsaires, y trouveraient déshonneur où désaveux à leurs mérites réels où supposés.
Bref ! Me voilà à cette heure à la tête d’une compagnie de moins d’un cent d’hommes, tous de bonne volonté mais incapables.
J’ai sélectionné nos meilleurs tireurs - après un concours de précision au mousquet – et les ais envoyé chasser dans les terres durant quatre jours. A présent, les boucans sur la plage fument les quartiers de cochons, bœufs, et cabris sauvages.
Ce matin, notre canonnier s’est rendu avec nos deux canots jusqu’à l’aiguade à l’entrée ouest de la baie. Je les aperçois d’ailleurs sur le retour par les fenêtres de poupe. Tels des canes suivies de leurs petits, les canots approchent avec les barriques flottant en remorque.
Au lendemain de Pâques nous profitons de la légère brise de terre aux aurores pour prendre mouillage dans la baie. Ne reste plus qu’à patienter dans l’attente de vents favorables pour mettre à la voile.
Je profite de cette farniente imposée pour haranguer l’équipage rassemblé sur le pont.
- Compagnons ! Savourez la chance qui est vôtre d’être de la compagnie du capitaine Bertrick le plus fameux pirate de ce côté-ci du monde, celui qu’on nomme partout avec effroi « Le Diable Rouge » ! C’est un capitaine écouté de ses pairs. Par deux fois il a réussi à rassembler toutes les confréries pirates pour des expéditions valeureuses ayant pour la première permis la capture du deux-ponts de 56 canons de l’ambassadeur anglais Sir Chris Gascoigne & l’autre plus récente qui a permis la prise de la totalité d’une escadre bataves dont un vaisseau de 74 canons ! Après quoi, je fais envoyer le Joli Rouge en tête de mât et mettre en perce un quartaut de tafia sur le pont sous les hourra de l’équipage.
- Vive le capitaine Bertrick ! Vive Jolly Roger ! Vive le Diable Rouge notre capitaine !
Un des marins m’apostropha, son boujaron de tafia à la main. Il était entouré de quelques uns de ses compagnons un sourire sarcastique accroché aux lèvres.
- Capitaine, vous commandiez le 74. L’avez-vous perdu au combat ?
- Que non point. Je l’ai vendu ! Un vaisseau est trop peu conforme à notre état de pirate. Nous faisions peur mais étions trop lent pour participer aux combats. Nous n’arrivions qu’après la bataille et ne faisions aucun butin ce qui, convenez en, est fort frustrant pour l’équipage.
« Va falloir que je me défie de celui-là qui peut avoir rapidement trop d’ascendant sur ses compagnons » pensais-je. |
| | | Bertrick Maître de Jeu
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| Sujet: Re: La Métisse Dim 30 Avr 2017 - 16:04 | |
| Après deux jours d’attente, une petite brise de nord-est nous permet de tirer des bords vers le large en priant Dieu où Diable de nous offrir une campagne fructueuse. La compagnie a un urgent besoin d’expérience.
Au nord du Cap Borinquen plusieurs voiles sont signalées par les vigies. Un trois mâts batave est au vent à nous & nous laissons porter sur lui sous l’Union Jack. A moins de cinquante yards, nous lui envoyons quelques volées de mitraille avant de passer sur son bord et de nous en emparer … sans perdre un seul des nôtres !
Sur la dunette de Stad Keulen, Bertrick venait d’occire le capitaine & essuyait sa lame sur le pavillon batave affalé sur la dunette après que Phil Cooper le quartier maître eut couper la drisse. - « Voilà qui me fait remembrer mes débuts à bord de mon lougre » dit-il en riant à Jim Barns le maître d'équipage.
Le butin est assez maigre, un peu moins de cinq milles piastres et une cargaison dont il ne voulait encombrer ses cales. Allan Blight qui s’était attardé & fouillait encore, trouva caché derrières les barriques de mélasse qui constituaient la majeure partie de la cargaison, une caisse renfermant une barre d’or de 24 livres. Sa découverte incite tous à fouiller de nouveau & avec plus de minutie pour en dénicher d’autres. Sans succès. On pille les vivres et la réserve de vins & d’alcools.
On déborde Stad Keulen sans plus tarder, une tempête approchant rapidement dans l’est. Point de beuverie donc, hormis "la double". Tous ensuite s’activent à mettre La Métisse en défense pour faire face aux éléments.
Bertrick retrouve la plupart de ses compères Jolly Roger au nord-ouest des hauts-fonds de Cabo Rojo. On ripaille à bord de la frégate Sicaire. Plusieurs capitaines avouent avoir eu assez de déconvenue avec des marchands, essuyant le feu de leurs canons. On convient d’aller relâcher, eux pour compléter leurs équipages, Bertrick pour vendre la barre d’or & procéder au partage du butin.
Phil Cooper le quartier maître dont c’est la charge fait le partage. 110 parts. Cinq pour le navire, réparations entretien et avitaillement lesquelles échoient normalement à l'armateur qui n'est autre ici que le capitaine ! Deux parts et demie pour le capitaine. Une part et demie pour chaque maître. Une demie part supplémentaire pour le chirurgien qui doit constituer son coffre de médecine à ses frais. Une demie part en prime pour la vigie ayant vu la prise le premier et une demie part en prime pour le découvreur de la barre d’or.
C’est à ce moment-là que la compagnie prend conscience que les risques sur un petit bâtiment sont accrus mais que les parts de butin y sont bien plus importantes. 72 piastres d’or ! C’est bien plus que les gages annuels d’un muletier, d’un manouvrier … où que la solde d’un fantassin. Là, c’est ce que chacun d’entre eux a gagné en quelques jours de campagne et en moins de deux heures d’action !
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| | | Bertrick Maître de Jeu
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| Sujet: Re: La Métisse Lun 8 Mai 2017 - 16:53 | |
| Après trois jours de navigation La Métisse s’empare sous pavillon françois de Quito, une corvette de commerce espagnole, sans qu’aucune perte ne soit déplorée.
Le capitaine Bertrick est satisfait du comportement de sa compagnie. Même s’ils sont encore "manchots", ces jaunets sont plein d’allant. Le coffre du capitaine de Quito contient 4600 piastres mais la cargaison n’offre aucun intérêt. Cependant, tous fouillent méticuleusement pour découvrir des marchandises de valeurs et obtenir une prime comme celle de Allan Blight pour avoir découvert la barre d’or sur la corvette marchande batave. Arthur May finit par dénicher un sac de cuir empli de pierres précieuses dans une cache ménagée derrière le vaigrage du coqueron arrière, là où le capitaine du Quito serrait ses vivres personnelles et son vin.
Quelques jours plus tard, c’est sous pavillon du Rey d’Espagne que nous prenons la pinque espagnole La Dona. Un peu moins de 5000 piastres et trois ballots de soieries des Indes orientales.
Cette fois, nous déplorons six tués dont quatre en investissant le pont de La Dona. Les deux autres, ces idiots, ont commencé à fouiller l’entrepont alors même qu’un parti espagnol retranché à l’arrière de la pinque résistait encore. Ils avaient posé leurs armes afin d’avoir les mains libres & ont été surpris dans le dos par quelques défenseurs qui refluaient.
Il n’y a pas de cache secrète cette fois, où du moins s’il en fut, nul ne la découvrit. Le butin est de 4800 piastres et l’on transborde sur La Métisse trois gros rouleaux de soieries des Indes orientales. La compagnie est satisfaite. Six tués seulement pour trois prises ! Le moral est au beau fixe. Les hommes boivent beaucoup … et quelques uns jouent aux dés leur part de butin.
Moins d'une semaine plus tard, toujours sous pavillon du Rey, nous prenons une autre pinque, La Galicia. On déplore 3 tués. Le butin est de près de 5000 piastres et de 3 rouleaux de satins des Indes orientales.
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| | | Bertrick Maître de Jeu
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| Sujet: Re: La Métisse Jeu 11 Mai 2017 - 8:32 | |
| Juste avant la nuit, La Métisse doublait le Cap Coquibacoa lorsque la vigie de misaine hurla : - Navire en vue ! Navire coque visible par tribord avant ! … Un deux ponts !
Un vaisseau ? Bertrick monta lui-même dans la hune de misaine avec une lunette. Aucun doute possible, un deux-ponts de cinquante à soixante canons mouillait dans les sondes. Le contre-jour empêchait d’en lire le pavillon. L’obscurité vient vite sous ces latitudes et Bertrick espéra en son for intérieur que les vigies du vaisseau ne pouvaient voir La Métisse qui devait déjà se confondre avec la silhouette sombre du cap.
Au lever du jour, le vaisseau remonte son ancre, lofe en grand et s’éloigne.
- Ha ça ! Ce capitaine aurait-il peur de nous ? - Non capitaine voyez par bâbord, il y a deux chebecs à nous en approche. - Dans ce cas, En haut le monde ! Jim Barns, toute la toile qu’on peut porter ! Tobias Wells, les canons en batterie avec des boulets ramés. Il nous faut ralentir ce Deux ponts pour donner le temps aux chebecs de rallier.
Huniers et perroquets éclosent et La Métisse se lance à la poursuite du vaisseau dont on voit à présent le pavillon de poupe ; un hollandois.
On gagne rapidement sur lui & parvenue à portée de canons, La Métisse vire dans le sillage du batave, lui envoie une volée dans le gréement d’artimon, virevolte ensuite autour du Damné des Abysses envoyant bordée après bordée en prenant grand soin de ne pas donner le temps aux canonniers bataves de pointer leurs pièces. Un vaisseau de 56 c’est 26 pièces de 32 livres et 24 de 12 livres. De quoi désemparer La Métisse en une seule bordée et de la couler à fond en deux autres bordées bien ajustées. La Métisse tourbillonne autour du pachyderme, lui envoyant ses petites volées avec grande précision dans la mâture.
Les capitaines de la confrérie Jolly Roger étaient convenus d’un rendez-vous dans la crique à l’ouest du Cap de La Vela à quelques milles de là.. Aruj Barberousse y était déjà au mouillage. Au roulement de la canonnade se répercutant sur les eaux et aux informations transmises par le guet qu’il a placé sur le promontoire et qui voyait la scène, il comprend fort bien la situation. Il rembarque son guet, file son câble par le bout et fait force de voiles pour se joindre à La Métisse.
Alrajim, à portée de tir, fait feu avec des boulets ramés pour offenser le gréement du Deux ponts prenant lui aussi grand soin à ne jamais rester sous le feu des batteries du vaisseau.
Malgré nos modestes pièces de 6 livres, les gabiers bataves auront fort à faire pour remettre en ordre le gréement & permettre au Damné des Abysses de redevenir manœuvrant.
Les deux chebecs font force de voiles & nous rejoignent. Il s’agit de La Pénélope du capitaine Godefroy et de An Fharraige-Rover du capitaine Ian Muircath.
A l’Est, la frégate Sicaire, qui faisait route vers le rendez-vous de la crique doubla le Cap de Saint Romain. Découvrant le combat en cours, le capitaine Breeg donne l’ordre de laisser porter et de mettre Sicaire en branles-bas.
Plus de cinquante bordées, pour près de la moitié légères il est vrai, La Métisse et Alrajim n’ayant que six pièces de canon de 6 livres sur chaque bord. Deux abordages de La Pénélope sont repoussés et les hommes de Ian Muicath sur An Fharraige-Rover refusent tout net de passer à l’abordage.
La Pénélope se lance dans un troisième assaut. Ce sera le bon. Le Damné des Abysses, tombe entre les mains du capitaine Godefroy qui y met un fort équipage de prise pour terrir le vaisseau. |
| | | Bertrick Maître de Jeu
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| Sujet: Re: La Métisse Dim 21 Mai 2017 - 16:15 | |
| Le capitaine Luis Espatula avait convié Bertrick dans la meilleure taverne du port. Après les chaleureuses effusions d’amitié, Luis commanda du vin. Dès qu’il eut servi le second verre, il aborda la raison de cette invitation
- Je retourne en Europe. Je ne sais pour combien de temps … peut-être définitivement.
- Ho … Si je m’attendais à pareille nouvelle. Je ne t’en demanderai pas les raisons, je suis sûr que ta décision est mûrement réfléchie.
- Oui. J’ai beaucoup à faire là-bas et j’avoue qu’ici le goût de l’aventure s’est émoussé. J’ai à bord un coffre que je te demande de remettre à mon ami Jeremiah. A toi je laisse ma frégate.
- Si après avoir réglé tes affaires là-bas tu décidais de revenir …
- Non, je ne crois pas. Mais si ça devait se faire, je laisse ici largement de quoi réarmer où m’installer comme aubergiste ici où là. Accepte El Churrasco. C’est un bon navire.
Avec les mets, quelques plaisanteries revinrent mais Bertrick cachait assez mal son désappointement. Luis n’était pas le premier Jolly Roger à partir mais chaque fois, Bertrick en était affecté. Le poids des ans pesait plus lourd sur ses épaules. |
| | | Bertrick Maître de Jeu
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| Sujet: Re: La Métisse Sam 3 Juin 2017 - 12:27 | |
| Bertrick étendu sur les coffres qui courent sous les fenêtres de poupe, les mains passées derrière la tête, son tricorne lui couvrant le visage, rêvait à ses turpitudes avec la petite dernière des protégées de Mme Rose, une joliette fine et souple à la peau ambrée avec qui il avait passé les deux jours précédant l’appareillage.
Le cri de la vigie descendit le long du grand mât, traversa la claire-voie de la grand-chambre effaçant dans l’instant le rêve libidineux qu’avait formé son esprit avec une réalité palpable .. où presque !
- Holà du pont ! Voile en vue par tribord avant !
Bertrick rejeta son tricorne, se redressa. Il se leva en envoyant aux gémonies l’importun qui le ramenait brutalement au présent. Sur la dunette John Clifford assurait le quart.
- C’est Cayo Major dit-il au capitaine en pointant de la lunette l’île visible à quelques milles devant la proue. « Au fond de la baie il y a un trois mâts à l’ancre ».
- Donne moi ta lunette, je vais voir depuis les barres de perroquets. Ca me fera un exercice … salutaire.
Bertrick monta lourdement. Parvenu sur son perchoir, il ouvrit la longue vue, la cala contre le chouquet de hune, balaya le fond de la baie, découvrit le navire. Il rentra un peu l’un des tubes de la longue-vue pour faire la netteté. Là-bas, une frégate évitait sur son ancre. Bertrick la reconnu à ses peintures ; Sicaire quelque chose ! Il ne se ferait jamais aux noms dont Jeremiah affublait ses navires.
- Holà en bas ! C’est la frégate du capitaine Breeg ! Phil Cooper, envoie nos couleurs et fais appuyer d’un coup de canon à poudre sous le vent !
Le jappement de la pièce provoqua une réponse idoine au fond de la baie.
- John Clifford, fais nous entrer dans cette baie et amène nous à couple.
Bertrick rejoignit la dunette.
- A défaut de quelque hétaïre bien tournée, Jeremiah aura au moins du vin et du brandy à offrir » bougonna t-il à l’adresse de Phil Cooper qui ne comprit goutte à cette remarque. Bertrick s’engouffra dans la descente d’écoutille menant à sa cabine tout en maugréant dans sa barbe.
Jeremiah Breeg ne manquait ni de vin ni de boissons fortes et sa jovialité rendit Bertrick d’humeur plus sociable.
27 Mai Nous apercevons un lougre anglais loin sur l’horizon oriental et sous le vent à nous de sorte que nous ne pouvons lui donner la chasse 28 Mai Au soir, au nord-est de l’embouchure du Rio Coco nous apercevons une frégate anglaise sur l’horizon occidental.
29 Mai Il y a à présent deux frégates et deux chebecs de 24 canons. Une autre frégate se dévoile aussi au nord, donc au vent à nous. Le capitaine prévient ses conserves de son intention de l’attaquer et fait laisser porter vers elle. Lorsqu’elle se rend compte de nos intentions, elle lofe en grand et s’enfuit au nord ouest.
Dernière édition par Bertrick le Dim 4 Juin 2017 - 16:40, édité 1 fois |
| | | Bertrick Maître de Jeu
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| Sujet: Re: La Métisse Dim 4 Juin 2017 - 16:39 | |
| 31 mai Par 15° de latitude nord dans les sondes de la Basse de Quita Suennos, & par violente tempête de sud nous faisons force de voiles pour échapper à l'escadre anglo-batave qui nous donne la chasse.
1er Juin La tempête s’est quelque peu essoufflée et sur notre arrière plusieurs frégates ont rejoint & attaquent celle du capitaine Breeg. Nous avons nous même fort à faire avec pas moins de cinq navires qui nous pressent de très près. L’un d’eux est parvenu à venir à portée de canons & maltraite méchamment notre gréement. Il nous tue aussi beaucoup de monde.
Bertrick et Phil Cooper le quartier maître usent de tout leur savoir faire pour amener le navire hors de portée des canons ennemis et l’y maintenir pendant que l’équipage, houspiller par le second Tobias Wells et Jim Barns le bosco, répare au mieux le gréement. Notre grand mât de hune est fendu & malgré qu’on l’ait rousturer avec les barres de cabestan, il ne supporte point qu’on borde trop sa voile ni qu’on envoie le grand perroquet par dessus.
Nous faisons voile pour fuir cette chasse appuyée. C’est toute une escadre à notre poursuite, douze navires dont deux trois-ponts de plus de cent pièces de canons.
Nous sommes trop lent et plusieurs des chasseurs les plus rapides nous rejoignent et nous accablent. Ils sont quatre sur nous & malgré la nuit qui se fait, on sent bien que c’est la fin. Nous avons perdu plus de la moitié des nôtres.
Nos embarcations sont mises à l’eau. On guinde sur la grande chaloupe un mât qu’on pourra gréer au carré. On embarque sur y-celle & sur les deux canots biscuits et fromage, plusieurs tonnelets d’eau douce sans oublier des instruments de navigation et une carte.
Nous avons à bord deux coffres de près de cent quarante milles piastres chacun. On finissait à peine d’arrimer le premier sous la chambre de la chaloupe quand l’un des chebecs anglais s’accouple sur tribord et croche grappins et corbeaux.
Trop tard pour le second coffre. On fait une forte mousquetade pour freiner les velléités des abordeurs & pour donner l’illusion d’une défense pugnace puis on reflue en hâte jusqu’à la lisse opposée où l’on se précipite, pour certains cul par dessus tête, à bord de nos embarcations. On souque à briser les avirons jusqu’à une couple d’encablures puis l’on se compte. Dix dans chaque canot et dix huit dans la chaloupe. On prend les canots en remorque et l’on établit la voile au vent portant. |
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