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| | L'épopée de Thomas 'Kid' Drake | |
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Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Sam 18 Nov 2017 - 14:11 | |
| Voilà des années que Thomas Drake voguait paisiblement sur les mers des Caraïbes. Après son expulsion de la marine anglaise, il avait embrassé le drapeau espagnol pour courir contre ses anciens camarades. Non pas qu'il cherchât à se venger ou obtenir quelque satisfaction de la destruction de l'Albion -après tout, il possédait encore quelques âcres bien rentables dans le Comté de Rashford-, mais la marine espagnole avait ceci de pratique qu'elle n'était pas regardante et se contentait d'assurer la tranquillité de ses très nombreux convois et de ses lourds coffres sans trop s'émouvoir du comportement de ses capitaines.
Ainsi Thomas Drake naviguait sans se poser de questions et vivant somme toute assez chichement. Sa première cannonade l'ayant précipité dans ses canots de sauvetage -il ne dût d'ailleurs son salut qu'à son fidèle quartier maître-, il s'était juré de ne plus chercher querelle aux lourds vaisseaux de passage. Les gouverneurs des Caraïbes connaissaient bien le jeune Drake qui s'empressait de livrer des colis, des lettres et autres nouvelles, lorsqu'il n'effectuait pas des patrouilles pour des sommes modiques. Sa troupe, issue des familles les plus correctes, ne se plaignait guère de la vétusté de leur barque longue, ni même de la tristesse des soirs de relâche, quand le capitaine passait le plus clair de son temps à discuter qu'à courir la gueuse. Si une certaine monotonie avait gagné la passerelle, chacun allait à ses occupations, heureux d'entretenir un honnête métier. Approché de nombreuses fois par les corsaires français, Thomas Drake continua son chemin sans changer d'allégeance.
Mais tout commença à changer lorsque la mission de Thomas Drake l'entraîna très loin de son périmètre habituel. Il fut dépêché dans une petite ville du Mexique, d'où il devait tirer des prisonniers pour les ramener à La Martinique pour qu'ils soient pendus, purement et simplement. Si le voyage aller ne marqua pas les esprits (si ce n'est des fumées mexicaines), le voyage de retour fut autrement compliqué. Evitant tempêtes et embuscades, Thomas Drake récolta abordage et un coup de sabre en travers du visage. De l'existence d'un Dieu, nous ne savons rien. Toujours est-il que les alizés honorèrent Drake de leur faveur : il sortit vainqueur des affrontements et prit possession d'un nouveau bâtiment, autrement tonné ; une frégate légère à l'allure de faucon.
Que faire alors, des captifs, sans parler des prisonniers objets de la mission ? Son équipage, élagué de la moitié de ses membres, ne pouvait plus manoeuvrer ce bâtiment, et les pirates sur lesquels il était tombé n'étaient pas des mauvais bougres. Thomas Drake fut alors, dans des circonstances pour le moins fort mystérieuse, désigné comme le nouveau capitaine de ses hommes qui lui jurèrent loyauté, le surnommant le "Kid", que son menton lisse ne savait contredire.
Faisant fi des consignes, Thomas the "Kid" Drake vira de bord et partit en vent arrière tout droit sur Hispaniola, d'où il commença à changer ses habitudes. De soldat fraîchement rasé et sorti de l'académie, il se transforma petit à petit en loup de mer qui passait le plus clair de son temps à arpenter les bordels des ports. Progressivement, la physionomie de son équipage changea et on n'aurait plus pu reconnaître l'équipage du Flamboyant, désormais baptisée l'Etoile du Diable .
Le changement ainsi initié prit un nouveau tour lorsque Thomas Drake comprit qu'aborder tous les marchands anglais de passage à Cockburn Town devenait une activité des plus ludiques et surtout, lucratives. Les cales débordaient sans le moindre mal, mal qu'il ne prendrait plus à servir de laquais aux gouverneurs de tout poil. Le Kid de La Vega commençait à se faire un petit nom et il se chuchotait même que les caisses de l'Eglise venaient directement alimenter les raids sanglants de Drake.
S'il était corsaire et farouchement respectueux des règles de navigation et de bataille édités par la Couronne d'Espagne, il se chuchotait parmi les marchands que son attitude relevait plus de celle d'un pirate que d'un coureur des mers. Il ne faisait nul doute que la barbe naissante du capitaine annonçait des heures bien plus intenses : celles de la Lumière, ou du pavillon noir.
Dernière édition par Thomas Drake le Mar 28 Aoû 2018 - 10:21, édité 1 fois |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Mar 21 Nov 2017 - 8:44 | |
| Le diable de Cockburn, comme on l'appelait désormais, avait continué ses prises entre La Vega et Cockburn Town, rajoutant à sa longue liste trois nouveaux navires marchands anglais. La ville était mal défendue et il suffisait au capitaine de stationner au large du port pour cueillir les capitaine intrépides qui tentaient de passer en tout état de cause. Le moral et l'expérience de l'équipage étaient sensiblement plus hauts qu'à l'accoutumée et Thomas Drake semblait prendre un malin plaisir à ces abordages violents dont l'issue ne faisait aucun doute : à 4 contre 1, ses proies n'avaient aucune chance, et c'était très bien ainsi.
Pour autant, les petits exploits du capitaine finirent par attirer l'attention des oiseaux de tout genre. Thomas Drake fut convoqué par le gouverneur de La Vega qui lui fit part de ses bons sentiments : deux navires étaient entrés dans le port récemment. Le premier était simple : une frégate faisait voile vers Cockburn Town pour rétablir l'ordre, ce qui n'arrangeait guère le gouverneur d'une ville entièrement dépendante de la tranquillité des eaux qui l'entouraient. Le second était de la même teneur : Thomas Drake ne pouvait combattre des ennemis de la France avec des prisonniers censés rejoindre directement les geôles de la Martinique. Pour faire bonne mesure, le gouverneur ordonna la saisie de toute la cargaison de Thomas Drake, transféra les prisonniers sur un Dogre et ordonna au jeune capitaine de faire voile directement vers la Martinique avec une missive pour le gouverneur français avec consigne de défendre le Dogre contre toutes les agressions sur le chemin. A cette condition, Drake pourrait continuer à voguer en étant protégé par la Couronne espagnole.
Devant cet affront, on dit que Thomas Drake ne réagit pas et se contenta d'un petit sourire. Les moineaux de La Vega pourraient témoigner cependant, de sa présence dans les fonds les plus bas de la cité, en compagnie des hommes les plus honnis. Au petit matin on sonna la cloche, on fit gonfler les voiles et on tira sur les haubans. On apprêta le beaupré et on répara les barres de flèche qui avaient flambé avec la dernière marée. L'Etoile du Diable sortit de La Vega, encadrant son convoi. A peine les falaises de La Vega dépassées, il fut ordonné qu'on approchât le Dogre. Il fut ainsi fait et nul matelot n'ignorât alors les volontés de son capitaine. A peine les deux navires furent ils bord à bord qu'on envoya une salve dans le gréement, arrachant la moitié du mât. On distribua sabres et mousquets et l'assaut fut donné brutalement. En quelques instants seulement l'équipage ennemi fut maîtrisé, les geôles défoncées, les cales pillées et l'équipage de l'Etoile du Diable, de nouveau au complet.
On cria lorsque le pavillon espagnol fut arraché et précipité dans la mer. Les uns, trop contents de leur liberté retrouvée, les autres trop heureux de leur liberté découverte, chantèrent les louanges de leur capitaine tandis que ce dernier prenait une décision qui s'imposait somme toute depuis bien longtemps. On hissa le Jolly Roger et ordre fut donné de prendre cap Est. Les navires espagnols étaient partout et ils seraient vite attirés par l'odeur du sang, la vue de la fumée et du nouveau pavillon noir. Mais Thomas Drake avait beau être un jeune capitaine, il connaissait bien la mer, et il connaissait encore mieux les environs. A la faveur de la nuit, l'Etoile du Diable s'enfonça dans les vagues noires, au large. Le destin de Thomas Drake s'assombrissait autant que s'élargissait son sourire.
Drink up me' parties, yo ho ! |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Lun 5 Mar 2018 - 17:42 | |
| Voilà bien longtemps que le capitaine Drake voguait sous pavillon noir, répandant la terreur aux côtés de ses frères. Le forban comme on le surnommait désormais, était devenu un capitaine plus aguerri, qui apparaissait et disparaissait dans la fumée des bouches qui ne cessaient de tirer à la vue des pavillons marchands. Si quiconque avait naguère connu Thomas Drake, jamais il n'aurait pu le reconnaître. Ses manières étaient envolées, de même que toute sa tolérance et autre signe de noblesse. La pire espèce de pirate, voilà ce qu'il était devenu, n'hésitant pas à se montrer cruel envers les faibles et lâches envers les forts, quand cela servait ses intérêts.
Les yeux habitués à ses allées et venues pouvaient certifier l'avoir aperçu de très nombreuses fois entre Ile à Vache et Mona, pillant et voguant entre les capitaines apeurés. Rien n'était cependant à signaler. Il menait sa vie de capitaine et les nations ne s'intéressaient à son cas que lorsqu'il se montrait un petit peu trop entreprenant, acceptant volontiers de le laisser agir tant qu'il se contentait de petites prises sans grand remous. Mais ce n'est pas du côté de la royauté que le nom de Drake ressurgit contre toute attente.
Au détour du Cap de la Mouette, à quelques nautiles d'Ile à Vache, le capitaine Drake et son Etoile du Diable croisa la route du jeune capitaine Pitdeneu, rejeton du fameux Poudre Van Daele. Désireux de liquider par la poudre un contentieux entre les deux capitaines, le Kid ne se fit pas prier pour monter à l'assaut du mousse, et l'envoya par le fond, ne lui laissant que les yeux pour pleurer, et ses mains pour souquer ferme.
Fier de sa prise, le capitaine Drake mit plein cap vers l'Est, remontant au vent avec plaisir, lorsqu'il apprit qu'un autre pirate avait décidé de lui confier une marque noire. Le capitaine Poudre, prenant fait et cause pour sa progéniture, avait juré de le pourchasser sur toutes les mers et tous les océans, pour régler ce différend. Totalement insensible aux menaces inutiles, le capitaine Drake avait alors relevé le défi et attendait qu'on lui communiquât le port dans lequel se résoudrait cette dette de sang.
C'était l'occasion de se faire un nom, occasion qui lui tombait dessus sans qu'il en demanda la moindre parcelle. Ainsi donc Poudre venait rencontrer son destin face à l'Etoile du Diable, qui l'enverrait par le fond... |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Lun 19 Mar 2018 - 12:25 | |
| Ce n'était finalement pas Poudre qui avait porté le premier coup, mais deux fantômes surgis de la brume. Alors que Thomas Drake voguait au large d'Hispaniola, deux grands chébecs français étaient apparus, le prenant en tenailles. Le jeune capitaine s'en était d'abord voulu. Peut-être avait il manqué de vigilance en sortant des Keys. Peut-être avait il été présomptueux de croire ces eaux abandonnées. Ou peut-être avait-il joué de malchance, tout simplement..
La totalité de l'équipage était en ébullition et le capitaine entendait déjà les hommes parler de fuite. En effet, il avait encore le temps de manoeuvrer pour échapper aux français, et la poursuite s'engagerait. Vu l'avance qu'il avait et la présence de nombreuses criques, il pourrait sans doute s'éclipser et fausser compagnie à ses chasseurs. Mais Thomas Drake avait le défaut de sa jeunesse, l'arrogance de sa classe. Faisant fi de tout bon sens, Drake ordonna qu'on immobilisât les voiles et qu'on fasse de l'eau, car il était bien décidé à les attendre. En réalité, il doutait pouvoir les semer en pleine mer, aussi loin des côtes, et il s'était trop éloigné de ses frères, plus à l'Est, pour qu'il puisse espérer le moindre aide. Les Keys étaient inatteignables, et en vent contraire.
En revanche, Drake avait un plan. En forçant ses adversaires à lui fondre dessus et à manoeuvrer, il pourrait ensuite s'échapper et prendre une avance considérable. C'est ainsi que les ordres furent donnés et que l'équipage, loyal et expérimenté, accepta de prendre ce terrible risque...
Pendant la nuit, le Black Tower et le Chacal fondirent sur leur proie, comme prévu. Thomas Drake ordonna qu'on résiste et qu'on s'abrite alors qu'un déluge de feu s'abattait sur le pont. Pete Scaramenga et Arthurio en personne, les grands chasseurs de pirates, avaient décidé d'en découdre et de nettoyer à la mitraille le pont de l'Etoile du Diable. Ainsi, ils cherchaient l'abordage. Patiemment et non sans une peur certaine, Thomas Drake laissa passer les tirs continuels. Lorsque le feu cessa, plus de 140 hommes avaient perdu la vie. Le pont n'était plus qu'un immense charnier.
Comprenant que son heure était arrivée, Drake se précipita sur le pont, suivi de tous ses fidèles lieutenants, patiemment retranchés. Le dernier carré, quelque 80 hommes endurcis, firent parler les bouches à canon. On répliqua avec violence sur le pont du Chacal, surpris de cette contre-attaque soudaine. Alors que les hommes s'apprêtaient à suivre les ordres du capitaine, ce dernier, pris par la furie de la vengeance et par orgueil ordonna qu'on continue de mitrailler le pont du navire adverse. Ce n'est que par un sursaut de raison qu'il revint à des considérations plus primaires et ordonna qu'on vire de bord. Alors l'Etoile du Diable, dont le gréement avait été soigneusement conservé, fila sur les flots pour échapper aux deux navires français, épuisés et à court de temps.
Alors que l'Etoile du Diable allait vers sa liberté, Thomas Drake ordonna qu'on jette les corps à la mer, constatant avec un petit sourire qu'il avait reçu un éclat de boulet sur la joue, traçant une fine ligne qui donnerait une cicatrice assurément. Le jeune capitaine tourna la tête vers l'horizon et se réjouit de cette entrevue avec Arthurio. Il l'avait autrefois croisé sous ses couleurs espagnoles, mais leur deuxième rencontre venait d'être bien plus musclée, et avait largement tourné à l'avantage des français. Le rendez-vous était donné et Drake venait de se trouver un ennemi mortel, et jura de n'avoir pas le repos avant d'avoir rendu la monnaie de sa pièce au chasseur de pirates.
- A très vite, Athurio ! |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Mer 4 Avr 2018 - 8:51 | |
| Le jeune capitaine avait réussi à s'échapper et filait tout droit sur Caye Mujeres pour refaire le plein quand il croisa ses frères pirates voguant en sens inverse. On s'organisa et donna les ordres pour aller à la rencontre d'Arthurio. Plein d'orgueil et ivre de revanche, Thomas Drake poussa ses hommes à s'activer pour réparer son navire et faire le plein de marins vigoureux. Quelques matinées plus tard, Athurio, épaulé de Pete Scaramenga, se présentèrent à l'entrée du détroit, toutes voiles dehors. L'opportunité était trop belle, leur mouvement trop audacieux. Les navires se regardaient en chien de faïence quand soudain les pirates attaquèrent. Seulement, l'attaque était celle de pirates assoiffés manquant de coordination, et de chance.
Les premiers assauts furent brutaux mais inefficaces et Pat London se trouva coincé par les deux français qui le canonnèrent. Il s'en fut de peu pour que le grand pirate puisse mener l'abordage lui même mais fut pris de court et son pont fut bientôt envahi. Volant au secours de son leader, Thomas Drake fit parler la poudre sur le pont et le gréement d'Arthurio avant d'envoyer une salve au troisième français, Maximilien, qui venait d'arriver.
Thomas Drake comprit très rapidement qu'il n'en réchapperait pas cette fois. Les deux français avaient manoeuvré de concert et éradiquèrent rapidement la flotte pirate. Le combat fut brutal et violent et les hommes de Thomas Drake combattirent vaillamment, mais en vain. Si le Chacal, le navire d'Arthurio, futplongé dans la poudre et le sang, c'était sans compter son compagnon, qui avait échappé à la bataille. Le pont de l'Etoile du Diable fut balayé par la mitraille et les pirates durent se résigner à se défendre dans les cales, qui furent bientôt complètement bouclées par les troupes de choc du capitaine Scaramenga, qui était soigneusement resté hors de portée des bouches de l'Etoile du Diable, laissant passer la furie sur le pont d'Arthurio.
Dans leur grande mansuétude, les capitaines français offrirent un sauf conduit aux pirates qui évacueraient en canots. C'est la voie que prit Thomas, accompagné de ses officiers. La honte lui brûlait le visage alors qu'il tentait tant bien que mal de sauver ce qu'il restait de son équipage. L'Etoile du Diable fut capturée et s'éloigna doucement de son capitaine, qui ramait avec la rage du désespoir. Les français lui avaient donné une bonne leçon, qu'il n'oublierait jamais. Pas plus qu'il n'oublierait la grandeur de ces deux capitaines français, et de leur honneur.
De retour à Caye Mujeres, Thomas Drake s'enfonça dans un marasme profond qui ne semblait pas avoir de fin. Après avoir réuni suffisamment d'argent grâce à des frères pirates, il décida de réarmer un nouveau bâtiment, baptisé l'Etoile de la Mort. Sans le sou, avec un équipage novice, Drake décida de passer ses nerfs sur tous les marchands français qu'il croiserait, et ne manqua pas de faire feu gratuitement sur tous les capitaines qui passaient, sans chercher à les aborder ou à les poursuivre. Il désirait détruire et oublier.
Le baptême du feu du capitaine Drake avait laissé des marques profondes, car il n'était pas évident pour un écumeur des mers de se retrouver à la place des marchands qu'il tyrannisait lui même. La chaine alimentaire respectait son équilibre, et Thomas n'en était qu'un petit maillon. Alors qu'il palpait désormais machinalement la cicatrice qu'avait laissée sa première rencontre avec Arthurio, le jeune capitaine écouta avec passion ce que venait de lui dire son quartier maître. Ainsi, son rival venait d'engager une bataille près de Nassau... |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Mar 8 Mai 2018 - 15:09 | |
| Le jeune capitaine de l'Etoile de la Mort écumait les Bahamas depuis des jours à la recherche de son rival Arthurio, sans qu'il ne puisse mettre la main sur lui. L'équipage était nerveux, comme étaient nerveux ses frères d'armes car partout les français patrouillaient, ratissant chaque îlot, chaque nasse, chaque archipel. Pis, au large de la Havane on pouvait apercevoir les terribles navires de ligne de la Couronne, et leurs 80 canons. Les pirates fuyaient les lieux alors que les Immondes continuaient de se cacher, passant de crique en crique, relâchant et faisant de l'eau uniquement lorsque c'était nécessaire.
L'entêtement de Thomas Drake faillit lui coûter une nouvelle fois son navire car les pirates durent fuir au dernier moment devant les voiles françaises. La suite fut une longue errance sur les ondes marines, où le natif de Londres rongea son frein. Envolés les rêves de revanche, de gloire et de cannonade. La vie était bien morose et les pirates n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent. Drake sentait ses hommes et leur grande déception, à tel point qu'on ne coursait plus les marchands et on ne donnait plus le change aux corvettes espagnoles.
Mais le destin avait prévu autre chose pour Drake et les siens. Rapidement dans toutes les Caraïbes, le mot passa. La Bataille des Nations venait de commencer, et la lutte était terrible et acharnée. De tavernes en tavernes, de contrebandiers en flibustiers, les nouvelles du front commençaient à se disperser comme une trainée de poudre. Les pirates appelaient tous leurs frères à La Tortue pour se refaire et repousser les loyalistes.
Drake n'y vit autre chose que l'appel qu'il espérait depuis tant de temps. On borda de nouveau les voiles plus fort qu'on l'eût crut imaginable, et devant une gîte dangereuse, l'Etoile de la Mort fila à travers les Caraïbes pour arriver en vue de Port Margot. Ses frères y étaient déjà, et imposaient le respect à toute la flotte française, complètement désorganisée. En arrivant, Drake fut pris d'un émoi immense, car il reconnaissait les armes d'Arthurio, qu'il croisa de nuit. Il hésita longuement avant de donner l'assaut mais avait retenu certaines leçons. Il se plaça donc en embuscade en rejoignant la grande flotte pirate.
Au petit matin, les hommes restaient nerveux mais tels des requins attirés par l'odeur du sang, les pirates étaient prêts à passer à l'assaut. A l'heure du midi, les timoniers remplirent leur office et soudain les gabiers se firent entendre. On attaquait. Lorsque Drake réussit à louvoyer entre les monstres marins pirates de 116 canons, il aperçut Arthurio en train de prendre l'eau. Ainsi, il n'aurait pas l'occasion de se venger. Cependant, il aperçut les couleurs du capitaine Bertrick qui tentait de manoeuvrer avec un équipage plus que réduit par la furie pirate. N'écoutant que son coeur, Drake fit voler l'Etoile de la Mort à portée et ordonna un abordage en règle.
L'assaut fut brutal et vite réglé. Les derniers hommes du capitaine Bertrick, épuisés, passèrent par dessus bord pendant qu'on prenait le contrôle du Mars. Les cales furent éventrés et le chapeau du capitaine Betrick, déplumé. On le renvoya sur ses canots pendant que le nouvel équipage du Mars faisait voile vers la Tortue pour tirer un prix juteux de cette prise.
Réajustant son bicorne, Drake salua le capitaine Betrick, lui confia quelques bouteilles de Rhum pour les jours de pagaie et retourna sur le pont. L'Etoile de la Mort venait de trouver sa place dans l'armada pirate et y resterait tant que des voiles loyalistes vogueraient à l'horizon. |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Mar 28 Aoû 2018 - 9:29 | |
| L'homme est bien peu de choses dans la paume de son Créateur, et bien souvent la vanité ne cède qu'à la décadence et à l'humiliation. Tel est roi qui demain se nourrira des pissenlits. A cette heure où le capitaine Drake brillait par sa gloire et sa fierté, il fut rappelé par le Destin et fauché en pleine ascension. Alors que son navire filait avec suffisance sur les eaux des Caraïbes, la discipline se relâcha. Et il suffit d'un instant pour que tout bascule. Alors que les Immondes Innombrables croisait au large d'Île au Vache, Drake s'arrêta pour faire de l'eau sur une petite île méconnue.
Ce qu'y trouva l'équipage suffisait à assécher les cales de l'Etoile de la Mort. On avait établi plus tôt sur cette île une petite colonie d'anciens esclaves, de révoltés anglais et de persécutés religieux épris de liberté. Mais surtout, on y vivait en bonne intelligence avec des tribus autochtones peu nombreuses mais très précieuses. Ne doit-on pas la beauté du diamant a sa rareté ? C'est en tout cas en les considérant comme des pierres précieuses que les hommes de l'équipage vénérèrent les femmes de cette tribu, douces et somptueuses. Le capitaine Drake n'eut guère le coeur d'arracher son équipage à pareil spectacle et on entreprit de s'installer sur cette île, oubliant out le reste, oubliant, même, que les Français voguaient aux alentours, rougissant la mer du sang des pirates qui avaient osé défaire l'armada du Roy.
Ainsi, lorsque Drake prit son épouse, il embrassa par la même occasion sa déconfiture. On n'eut plus de nouvelles de Drake et bien qu'il reçut de nombreuses missives de ses frères, il n'y répondit pas. On commença à le croire mort, ou prisonnier. Il n'était en réalité qu'ensorcelé par le temps qui passait, incapable de se rendre compte que son futur de capitaine était mis en danger. Les saisons passèrent et la vie sur le camp avait bien changé. Les locaux ne supportaient plus les manières des pirates, ni même leur stricte égalité. L'utopie était bonne pour Libertalia clama t'on et ici, certaines règles étaient édictées, et n'était pas le bienvenue qui voulait. On laissa alors le choix aux pirates de s'installer définitivement en échange d'une rançon, ou de partir. De furie, certains matelots n'acceptèrent pas ce chantage.
Drake décida de hisser les voiles avant que tout dégénère. Il se sépara d'une partie de son trésor pour financier la vie de ceux qui ne souhaitaient rester sur son bastingage. Ne disait-on pas que la règle la plus élémentaire d'un pirate était "personne à bord contre son gré" ? Mais l'Etoile de la Mort n'était presque plus armée, son équipage était gras et ivre d'une vie à terre. Son capitaine avait perdu tout réflexe et c'est avec lenteur qu'on reprit le chemin de la mer. Evidemment, les frégates françaises apparurent presque aussitôt. On combattit presque sans se défendre et la totalité de l'équipage fut pris, puis débarqué. Drake et ses hommes ne durent leur salut qu'à leur conséquent trésor, qu'ils cédèrent dans la totalité.
On le plaça dans une barque, avec ses marins, et trois écus pour rentrer. L'équipage souqua ferme jusqu'à Ile à Vache, où tous se repentirent et quittèrent la vie de forban. Seul restait Drake, sans le sou, sans navire, sans équipage, à la croisée des chemins. Cruelle désillusion que le bonheur. Il était un chien de mer mais aujourd'hui, il se prenait à rêver de retrouver un maître qui lui indiquerait le chemin à prendre.
Ainsi se fermait un nouveau chapitre de la vie du Kid, et s'ouvrait une nouvelle aventure. Qu'allait-il devenir ? Nul ne le savait, et surement pas lui... On raconte aujourd'hui qu'il continue d'écumer le large d'Ile à Vache dans un dogre sans canons, en espérant trouver un signe de l'Etoile qui avait décidé de l'abandonner... |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Mar 18 Sep 2018 - 22:49 | |
| Le vent des Caraïbes était changeant, sans cesse. Il pouvait se montrer hurlant et précipiter les marins les plus intrépides sur les bas fonds, ou encore priver tout corsaire d'un rêve en une bourrasque. Pour le Kid, il avait été noir, charriant mauvaises nouvelles et traces de poudre. Hagard, il avait continué d'errer sur un vieux rafiot tout juste bon à pêcher le hareng. Curieusement, la vie de canotier ne déplut pas le jeune Drake plus que cela. Fallait il encore préciser qu'on ne voyait plus un seul de ses matelots sur ses deux jambes depuis plusieurs lunes. Véritable rat en mer, Drake était roi à terre. Dépensant sans compter, chantant sans respect et buvant quatre fois sa peine, il était devenu la véritable coqueluche de toutes les tavernes d'Ile à Vache. Ils étaient 20 à bord, et 20 à défiler chaque soir. A lustrer les comptoirs, chacun était devenu un franc compagnon qui regorgeait de fables et d'histoires plus fabuleuses les unes que les autres. Avait-on aperçu un poulpe géant au large ? Avait-on vu le Hollandais Volant ? Davy Jones venait-il de sortir de chez le curé ? Le gouverneur couchait-il avec sa petite fille ? Assurément, si vous demandiez à Thomas Drake, ou à n'importe lequel de sa bande de Princes.
Le vent des Caraïbes tourna soudainement, sans prévenir et les voiles du Destin se gonflèrent de nouveau. Un jour qu'il explorait les bases sous marines des jupons d'une jouvencelle ayant plus souvent vu le loup de mer que la Vierge, Thomas se prit d'une soudaine envie de rendre. Assurément, la viande qu'il avait englouti après ses 15 rhums était avariée. Après avoir vaguement titubé jusqu'en bas des escaliers de la taverne, il repeint allègrement les bottes d'un pauvre hère qui se trouvait là. Seul souvenir qu'il gardât de cette triste nuit, puisque Drake se réveilla sur le pont de son navire, toute voilure dehors.
Il ne put que constater que la totalité de son équipage avait retrouvé un semblant de forme et que le pont empestait bien moins le rhum qu'à l'accoutumée. Pis, la côte n'était plus en vue. Le capitaine avait en réalité vomi sur les bottes de la mauvaise personne. Un marchand hollandais qui, pris de sympathie pour lui, décida de le rhabiller, de déssaouler son équipage et de lui mettre en tête la mauvaise idée de changer de vie. Ainsi donc, le Prince des Catins, le Coureur des Tavernes, la Terreur du Comptoir était redevenu le capitaine Drake.
Il n'en fallu pas plus au jeune pirate pour se reprendre et saisir ce signe du Destin. Pourquoi Diable avait-il écouté ce vieux marchand ? Il n'en sut jamais rien. Cependant il eut pour certitude qu'il devait rejoindre quelque chose qui le dépassait. Mettre son passé derrière et se reprendre. Ainsi, il décida de suivre à la trace la rumeur qui se propageait dans les Caraïbes. La Compagnie de Saint Martin des Gueux... Les Provinces Unies. Curieusement, il réalisa qu'il n'avait jamais croisé la route d'un de ces bataves, à part ce marchand salvateur. Son sang anglais ne fit qu'un tour et ainsi il sut, au plus profond de son âme, que la piraterie était désormais morte et enterrée dans son coeur.
Le pauvre dogre traîna sa carcasse dans les vagues et autour des récifs. Il évita les corvettes et les vaisseaux de ligne pour échouer près de Saint Martin. Déjà, son équipage se signait en hurlant, reprenant bien vite la peur des autorités. Mais Thomas Drake en était désormais sur: le gouverneur entendrait raison. Il sortirait de la rade de Saint Martin pendu haut et court, ou lavé de tous ses pêchés, prêt à partir en quête de Rédemption.
Le pauvre Jolly Roger avait été descendu pendant qu'on ramait plus qu'on ne virait. En vue des canons de Saint Martin, Drake ne put qu'arborer un vilain sourire. Il essaya de lisser les plis de sa culotte et remit son tricorne. Peine perdue lorsque l'on tient plus du maquereau que du fils de bonne famille. Néanmoins, le capitaine tenta tant et si bien qu'il finit par ressembler à un gueux. Voilà qui promettait ! Le destin était en marche pour le Kid. |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Jeu 22 Nov 2018 - 16:05 | |
| Thomas Drake menait sa frégate avec plaisir et sérénité. La chasse avait été exceptionnelle et il toucherait bientôt terre. Sa mission se résumait désormais à une simple escorte sur une mer plate et un vent constant. En somme, il ne s’agissait rien d’autre que d’un pur paradis, bien mérité d’après lui. Le moral était bon, et les associés de la compagnie de Saint Martin voguaient de concert, s’échangeant souvent des bons mots et festoyant la nuit tombée.
Mais sans prévenir, la mer commença à changer, et le ciel à s’assombrir. Ce qui était au début progressif vira soudainement à l’orage et sans que personne n’eût pu le prévoir, Thomas Drake dut employer toute sa science maritime pour maintenir sa frégate saine et à flots. Il gardait un œil sur le navire qui le bordait par son tribord mais n’arrivait plus à distinguer le bastingage de ses camarades. Sur le pont, les écoutes et les haubans volaient en tous sens, rendant périlleuse toute manœuvre de l’équipage.
Le premier éclair fusa, déchira la nuit puis tout redevint noir. Puis ils furent des dizaines d’éclairs et d’éclats. Les hommes sur le pont se signaient quand Drake aperçut ce qui était la cause de ce feu céleste. La frégate à bâbord était sous un feu nourri de la proue à la poupe. Une attaque soudaine et en pleine nuit. Sans réfléchir, le jeune capitaine ordonna la manœuvre et la frégate se précipita dans la nuit, à la poursuite des éclairs qui s’éloignaient.
Lorsque la Blauwe Woede arriva à portée du navire hollandais, son capitaine n’eût que le temps d’apercevoir des pavillons pirates disparaître dans la brume. La frégate hollandaise était complètement ravagée mais son équipage tenait bon. On aborda le navire en perdition et on embarqua de fiers gaillards, bien destinés à se venger.
Très rapidement, une pluie diluvienne se mit à tomber, sans discontinuer. Mais rien ne devait arrêter les frères de Saint Martin qui se jetèrent corps et âme dans cette poursuite au bout de l’Enfer. Le jour se leva mais le ciel resta bas et gris de telle sorte qu’on n’y voyait pas plus clair que durant la nuit.
Les jours passèrent et se ressemblaient, perdus dans la noirceur d’un mauvais temps qui perdurait sans la moindre explication rationnelle. Le baptême du feu arriva néanmoins plus vite que prévu…
Drake finit par rejoindre l’escadre rouge de la Compagnie, déjà en prise avec des bateaux pirates, qui ne faisaient plus le moindre doute. A peine la Blauwe Woede arriva sur les eaux de la bataille qu’elle reçut une bordée venue de nulle part. En se retournant, Drake vit une terrible frégate de 18 fondre sur lui puis virer de bord soudainement. Il n’eût le temps de rien d’autre que d’apercevoir une silhouette aux proportions démoniaques, et un rire sardonique résonner dans l’air.
La bataille fit rage et après des jours de manœuvre, les pirates furent mis en déroute. Cependant, rien ne préparait les vaillants bataves à ce qu’ils devaient désormais affronter. Lorsque la poudre se tut et qu’on tenta d’aborder les navires ennemis, les hommes hurlèrent de terreur et on sortit tous les crucifix possibles. Vite, la nouvelle se propagea comme feu de forêt. Les navires pirates étaient infestés d’hommes et de femmes défigurés, transformés, horribles. On racontait parmi les équipages que le Diable lui-même avait lancé ses bâtiments sur la Mer pour punir les Hommes de leur manque de foi. Personne ne se résolu à aborder si bien que les capitaines prirent la résolution de couler tout ce qu’il était possible de couler.
Thomas Drake n’eût le temps que de réparer son gréement et de se remettre en ordre de bataille avant que la flotte honnie soit totalement coulée, ou dispersée. Mais la terrible frégate de 18 était déjà loin. Sans plus attendre et en rassemblant leur courage, les capitaines de Saint Martin se réunirent et consentirent à donner la chasse à ces monstres, et à mettre fin à leur saccage. On rassembla les équipages déjà fébriles, nerveux et épuisés et on repartit.
La deuxième poursuite fut bien plus périlleuse, car les navires étaient écharpés, et les équipages décimés. Thomas Drake en revanche, n’avait qu’un seul but : terrasser cette engeance démoniaque, et voir par lui-même ce qu’il n’arrivait à entendre. La Blauwe Woede fendit les flots plus vite qu’à l’accoutumée et il fut rapidement aux prises avec la frégate noire.
Sans plus attendre, le capitaine ordonna à son équipage, assemblé parmi tous les équipages restant de la Compagnie, de monter à l’assaut. On discuta, on pria tous ensemble sur le pont. On ouvrit les caisses de whisky du capitaine et on fit circuler les flasques, à la santé de tous les rois et tous les Saints connus et inconnus.
L’associé général de la Compagnie convoqua alors Thomas avant l’heure fatidique et lui tint un discours bref et simple :
« Capitaine te sens tu capable, dis-moi te sens tu assez fort pour prendre le Diable à son bord ? »
Le capitaine, fier et hardi lui répondit capitaine oui.
On hissa le pavillon batave et on jura qu’il ne descendrait pas. On donna un coup de sifflet pour faire monter les bordées et on monta à l’assaut de la frégate dont le gréement n’était plus qu’une informe charpie. Tous les hommes se jetèrent à l’assaut du bastingage : gabiers, mousses, cuisiniers, matelots, maître d’équipage et capitaines arrivèrent en hurlant sur le pont.
Ce qu’y trouva Drake failli le paralyser. L’équipage était réellement un assemblage de démons les plus affreux qu’il n’ait jamais vu. Avec l’énergie du désespoir et devant le zêle des hollandais, les masses informes tombèrent les unes après les autres. N’écoutant rien d’autre que son Dieu, Drake trancha les membres difformes de femmes aux dents bien trop longues, et aux fronts bien trop larges. Le carnage continua pendant que Drake tomba au prise avec le capitaine, ou plutôt la capitaine du navire.
Rien de tout ceci ne semblait alors réel : elle n’avait d’humain que les deux jambes. Les yeux rouges sang, les dents longues, le sang noir dégoulinant le long de son menton, rien de tout ceci ne pouvait être né sur cette Terre. Avec un cri puissant, Drake se jeta sur elle et finit par lui trancher la tête.
L’équipage ne se rendit pas et il fallu égorger tous les démons jusqu’au dernier pour que le silence revint. La frégate fut mise à bas. Drake contempla le spectacle sur le pont et ne put réprimer un haut le cœur puissant. Ses hommes étaient hagards, l’esprit vide, comme possédés. Au loin, les frégates bataves venaient rejoindre le jeune capitaine. Ce dernier comprit très vite la situation et ordonna qu’on mette feu au navire, corps et biens, et qu’on ne rapatrie aucun objet. Après une brève prière, l’équipage mit feu au navire sans récupérer les braves tombés, de peur qu’ils ne se réveillent et viennent à leur tour devenir des démons.
On les recommanda à Dieu, on pria pour son salut, puis on retourna sur le pont de la Blauwe Woede. Avant que les hommes se séparent et retournent sur leurs navires respectifs, Drake rassembla tout le monde et ordonna que jamais personne ne sache ce qu’il s’était passé ces dernières heures. Et pour sceller le pacte adopté à l’unanimité et dans le silence, tous les hommes passèrent devant le Quartier Maître qui marqua tout le monde, capitaine compris, au fer rouge. Tous arborent désormais un crucifix marqué dans leur chair sur leur bras droit, en souvenir de cette terrible nuit où Dieu décida de les mettre à l’épreuve.
En ce qui le concernait directement, le jeune Drake ne vit là qu'une épreuve de Dieu pour soumettre son âme au jugement, et pour le juger. Il s'agissait de savoir s'il avait définitivement quitté la piraterie, et était revenu parmi les gens de raison. La victoire jamais ne lui aurait été accordée dans le cas contraire, Drake se rassura et vogue désormais avec une ferveur retrouvée... |
| | | Thomas Drake Mousse
Messages : 19 Date d'inscription : 12/07/2014
| Sujet: Re: L'épopée de Thomas 'Kid' Drake Mar 10 Déc 2019 - 16:59 | |
| Le Destin est souvent farceur, et prend des détours que les plus aguerris ne peuvent prévoir. L'Histoire avait quitté Thomas Drake le cœur renforcé du sentiment de ferveur et de foi, après sa victoire décisive contre les démons. Persuadé que les affres de la piraterie avaient quitté son âme, le Kid voguait avec la Compagnie de Saint Martin, l'esprit léger et joyeux. Le Blauwe Woede était la terreur des mers, avec les autres navires bataves. Ensemble ils avaient vogué, souffert. Mais aussi ri, vaincu, et bu. Il ne voyait pas sa vie autrement qu'avec eux. Ils avaient traversé les Caraïbes, et il n'existait nulle puissance pour les effrayer.
Mais comme Icare se brûla les ailes près du Soleil, la vague pris l'âme de Thomas au moment où il s'y attendait le moins. Cela ne vint pas comme un coup de canon. Mais plutôt comme un lent ressac qui use les galets. De plus en plus souvent, le capitaine se prenait à rêvasser sur le pont. A penser aux filles, à la mer, à l'argent. Il ne manquait rien de tout cela, mais ces plaisirs n'avaient pas la même saveur, pas la même odeur, pas la même douceur sous ses mains.
Le mal, il le connaissait. Mais il refusait de se l'avouer, se laissant bercer par la franche camaraderie de la Compagnie, et par ses hommes qui étaient tous d'honnêtes marins. Pourquoi tout brûler, et jeter aux orties ? Si Dieu le savait, il ne l'avait pas soufflé au Kid.
Ce dernier continuait à se battre comme un diable avec ses associés, mais le cœur venait à manquer, parfois. Sa frégate fendait les flots, ayant de plus en plus de mal à suivre le rythme des convois militaires affétés par les Provinces Unies. Il lui fallait lâcher bride et sentir le vent de la liberté gonfler de nouveau ses voiles. Voilà alors que la Compagnie ne manqua pas l'opportunité de prendre d'assaut une frégate de 24 battant pavillon français. Drake se décida sur l'heure. C'était sa chance. Les abordages se firent violents, les uns après les autres et dans une mêlée de fin du monde, Drake se retrouva à la barre d'un navire immense, avec un équipage décimé. Il ne restait autour de lui qu'une vingtaine de marins et d'équipiers, qui avaient mérité cent fois leur paye, et leur vie.
En entrant au port pour vendre sa prise, Drake sut que son destin le rattrapait, et était lié. La croix sur son avant-bras le démangeait, mais pas plus que le fond de son âme. Il descendit à la taverne et s'adressa à ses hommes en des termes brefs. Non pas par laconisme mais parce que l'émotion le prenait : il leur laissait le choix de vivre une vie cent fois méritée, ou de s'embarquer de nouveau avec lui vers une aventure fort différente. La majorité décida de rester au port, et lui souhaita bon vent. Les rares fidèles, parmi les fidèles, qui restèrent jurèrent que nul autre capitaine ne les guiderait jamais, fut-ce vers la potence. On fit passer le mot, et certains furent surpris de voir un capitaine respectable retourner chercher de la main d'œuvre dans les bas-fonds des pires ports. Mais la nécessité faisait loi.
Lorsque l'équipage fut au complet, Drake ne put s'empêcher d'éclater de rire. Bigarré, désaccordé, inexpérimenté. Voilà l'équipage qu'il allait commander, comme à ses débuts. Il fit donner ses consignes et ordonna qu'on livre tout l'argent dont il disposait à la Compagnie. Cela était une large somme, mais ridicule comparé au Trésor de guerre amassé par les représentants de la Couronne. Thomas descendit en ville et s'arrêta pour embrasser la vue qui se déliait devant lui. La civilisation allait-elle lui manquer ? Peut-être, sûrement. Mais l'appel était trop fort. Il ne restait que l'épreuve la plus difficile : dire au revoir à des camarades, des frères, avec qui il avait tout partagé…
Le Kid, qui n'en était plus un, compta ses pièces une dernière fois : cette nuit serait arrosée, de pleurs et de rhum. |
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