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| François Talbot | |
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Talbot Gabier
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| Sujet: François Talbot Mer 10 Oct 2018 - 14:46 | |
| San Griego, Isle de la Marguerite
François poussa la porte de l'église Saint Jean Évangéliste & y entra. Il jeta un regard circulaire, avisa le petit autel latéral dédié à la Vierge Marie & y dirigea ses pas. Un prêtre s'y trouvait agenouillé qui priait le visage enfoui dans ses mains. François s'agenouilla à ses côtés & commença à prier à voix basse. Quand il eut terminé, il se releva & alla s'asseoir sur un banc dans la nef pour réfléchir à son devenir. Le prêtre le rejoignit peu après. - Pardonnez moi mon fils mais j'ai l'oreille assez fine et je vous ai entendu prier. Vous avez des tournures qui ne laissent pas de m'étonner quelque peu. D'où venez-vous donc ? - Dame, c'est peut être parce que je suis natif de Nouvelle France mon père. - Ho je comprend ! Vous trouverez bien peu de vos pays par ici, sans doute même aucun. A vrai dire je n'en connais point, ni dans cette paroisse ni dans celles environnantes. A votre mise & aux prières que vous avez adressé à Marie, je comprend que vous êtes homme de mer. - Oui da, marin & même patron d'un navire marchand. Enfin ... J'étais ! Fortunes de mer & me voici sans rien d'autre que ce que je porte & sans un sol vaillant. - Sans aucun doute la Vierge Marie notre bonne mère a guidé vos pas & les miens ce matin. Acceptez le gîte et le pot en attendant que vos affaires s'arrangent, les deux bien modestes je le conçois. Et je dois justement passer voir ce matin le résident Delorme. Je lui toucherais un mot à votre propos. - Le … résident ? - Oui da, nous n'avons point ici de gouverneur lequel est à Sainte Marthe. Mr. Delorme est le résident de la Compagnie des Isles sous le Vent & c'est lui qui dirige notre colonie. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Sam 13 Oct 2018 - 15:45 | |
| - Qui dois-je annoncer ? - Talbot. François Talbot. Veuillez patienter je vous prie, mon maître va vous recevoir. Le majordome s'éclipsa par une petite porte latérale. François, dédaigna les fauteuils crapauds, il fit les cents pas dans l'antichambre. Au dessus d'une console étaient accrochés une panoplie de pistolets. Il en admira quelques uns, pistolets de duel de fort belle facture & un, étonnant à cinq canons en patte de canard. Un meuble exposait quelques tabatières & pipes en ivoire & porcelaine. La vitrine lui renvoya son reflet. Son bienfaiteur l'abbé Lesueur lui avait donné quelques pistoles pour s'habiller décemment chez le fripier. Il portait un justaucorps rouille sur un gilet jaune moutarde & des culottes rouille également. Des bas ocres et des chaussures à boucles complétaient l'ensemble. Sa tenue était un peu élimée d'avoir été souvent brossée mais propre. Une porte s'ouvrit dans son dos. - Si Monsieur veut bien me suivre … L'un suivant l'autre, ils longèrent un corridor aux murs chaulés & nus, franchirent une porte capitonnée. Le majordome s'effaça sur le côté en annonçant ; - Mr. François Talbot. Monsieur. Mr. Delorme était assis, en gilet, sans perruque. François aperçut sous le bureau, que son hôte avait retiré sa chaussure & son bas gauche & que son pied trempait dans une bassine. Le résident suivit son regard. - Je vous reçois sans façon mais je me suis tordu la cheville ce matin en inspectant le chantier de notre tour de défense & mon médecin exige ce bain de pied. Mon temps est précieux, venons en au fait, monsieur …? - Talbot ! François Talbot. - Ha oui ! Mon confesseur & ami m'a parlé de vous. L'acadien ! - Oui da monsieur. J'avois ouïe-dire par l'abbé Lesueur mon bienfaiteur & votre compain donc, que vous cherchiez un homme de mer à qui confier une chaloupe laquelle a, m'a t-il dit, perdu son dernier patron après que la gangrène se soit mise dans une mauvaise blessure reçue au cours d'une rixe. J'ose prétendre que je sois cet homme. - Quels sont donc monsieur vos qualités pour pareille prétention ? - J'a, monsieur, déjà commandé à la mer où j'estois patron d'un flibot lequel jaugeait cent & vingt tonneaux.
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 15 Oct 2018 - 13:17 | |
| Las monsieur ! Il estoit enregistré à Québec en Nouvelle France, chargé de peausseries & d'ambre & que je devois mener à travers la Mer Océane jusqu'à Calais quand j'estois été capturé près du Grand Banc de Terre-Neuve par un maudit corsaire anglois. Prisonnier à son bord après qu'il nous eut conquis, j'estois conduit à St. David des Isles Bermudes son port d'attache. Un ouragan nous a repoussé très loin dans le sud pendant des jours & des nuits. Il a fini par désemparer & engloutir mon capteur. J'a échoué, seul survivant du naufrage je crois, sur une isle déserte où j'y trouvois un petit marigot à l'eau pas trop saumâtre & même une source quelques temps plus tard. Pendant plusieurs mois je m'estois nourri surtout de coquillages, de choux aigres & de quelques oiseaux épuisés que les tempêtes rejetoient là. Ce, jusqu'au jour où un portugais de Récif à jeté l'ancre pour réparer.
Après bien des misères où je me louas tantôt gabier, timonier voire pêcheur & dans les ports comme calfat, charpentier où même manouvrier, je suis enfin arrivé ici il y a une semaine mais sans un sol vaillant. J'estois entré dans la première église pour remercier la Vierge Marie de m'avoir gardé sauf quand l'abbé Lesueur qui s'y trouvoit et à qui je contois mes heurs & malheurs m'a offert le pot et le gîte mais je ne puis abuser d'avantage d'une pareille situation. J'a, Monsieur, à me venger de l'anglois qui estoit cause de mes malheurs & de mon impécuniosité présente. |
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 26 Oct 2018 - 14:55 | |
| Guidé par Pierre Fulpin, à présent "son" maître d'équipage, qu'il était convenu de retrouver sur les bons offices du résident Mr. Delorme devant le guichet de la capitainerie, François découvrit sa commission. "Matoutou", laquelle avait été tirée au sec & couchée sur la grève par un mouflage de câblots & d'aussières & qu'une partie de l'équipage grattait ses fonds pour les débarrasser des algues & des coquillages qui y étaient incrustés. Une double chaloupe jaugeant quelque nonante tonneaux. Au delà de la laisse de mer étaient rangés ses douze avirons, ses mâts, ses vergues ainsi que ses voiles. - Elle fait, dit Fulpin, 75 pieds du roi (24 m) du safran au taille-mer, 18 pieds au maître bau (5,8 m) & son tirant d'eau est de 6 pieds (1,9 m). Comme vous constatez, est est solide, le bois est très sain.
Talbot la rebaptisa in-petto "Caribou" en remembrance de son pays de Nouvelle France & Pierre Fulpin donna les ordres pour que le nom fut peint sur le tableau de poupe. En avant de la barre franche étaient percés deux sabords, un sur chaque bord pour des canons de 4 livres. Un autre pouvait être monté en pièce de chasse à tribord du taille-mer. Cependant, aucune bouche à feu n'était montée, pas plus que leurs affuts.
Pour assurer la défense il y avait, lui montra Pierre Fulpin, en sus d'une douzaine de demi-piques & autant de coutelas ainsi que de haches, deux paires de longs fusils de 4 pieds dit « fusils à gibiers où fusils de boucaniers »(*). François fut très intéressé par ces longs fusils qu'on disait très précis. Quant à l'équipage, il était composé pour grande part de mulâtres & quelques uns étaient des métis indiens. Le maître d'équipage Pierre Fulpin était lui-même créole de Saint Domingue. Un second, Jean Dubreuil fils d'un caporal de l'infanterie de la marine & natif de St. Pierre de Martinique & un pilote portugais de Natal, Luis Pereina, tous deux envoyés par Mr. le résident, se joignirent à eux dans l'heure.
Le Sieur Delorme se chargea d'obtenir du fret auprès des planteurs & marchands de la colonie, d'assez piètre valeur au demeurant. Il remit avant l'appareillage à François, une « Commission en Commerces & Représailles » laquelle autorisait sous le sceau de la Compagnie des Isles sous le Vent, François Talbot, patron de la chaloupe Caribou, outre à effectuer des transactions commerciales & du transport de marchandises, à attaquer par représailles personnelles le commerce de l'Angleterre ainsi que de ses alliés & ce, jusqu'à concurrence du préjudice subit par lui, soit, en sus des dommages & intérêts, la valeur du flibot & sa cargaison, le tout représentant deux cent cinquante mille livres tournoi.
(*) Par Ordonnance royale, chaque navire marchand quittant le Royaume pour se rendre aux Isles d'Amériques devait emporter au moins un de ces" fusils à gibier" dans sa cargaison. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 13 Nov 2018 - 15:19 | |
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 19 Nov 2018 - 10:26 | |
| Cul-de-Sac de Sainte Marie. François grimpa la volée d'étroites marches glissantes du roide escalier de pierre. A peine sur le quai, un sergent des archers le stoppa d'un geste & lui posa le plat de la pointe de sa demi-pique sur l'épaule. Les huit hommes de son escouade firent légèrement glisser de leurs épaules les bretelles des mousquets. - François Talbot ? - Lui-même, sergent. Que ce pass... - Sur ordre de son excellence le Vicomte de Bellecour Lieutenant gouverneur de la colonie, je vous arrête. Ne cherchez point l'esclandre, suivez moi. Les archers l'encadrèrent étroitement , mousquet tenu en travers de la poitrine. Le sergent lia les mains de François derrière le dos avec un lacet de cuir puis il prit la tête de l'escouade, sa demi pique à la main pour s'ouvrir le passage parmi la presse éventuelle. Ils remontèrent les ruelles de la ville basse jusqu' à la Place d'arme qu'ils traversèrent. Là, ils franchirent le guichet de l'Hôtel du Gouverneur. François fut enfermé dans une des cellules jouxtant le corps de garde. - Je veux savoir pourquoi je suis ici dit-il au geôlier pendant qu'y-celui verrouillait la porte à forts barreaux de fer de la petite cellule. - Que je sais point moué. P'tète que t'a quèque chose à te r'procher & que l'gouverneur y veux t'accrocher au gibet de la Tour des Coquins. On lui apporta ses repas, brouet insipide & pain rassi, sans rien d'information supplémentaire quand aux raisons de sa mise sous séquestre.
On ne vint chercher François que deux jours plus tard. Il fut emmené sous escorte. La cour du guichet qu'il connaissait déjà puis on lui fit traverser un bâtiment, une autre cour plus vaste. L'escorte l'encadrant de près s'engagea par une porte basse & massive dans une grosse tour. Ils gravirent les marches jusqu'au deuxième étage. Talbot fut introduit dans une pièce, les gardes restants dans le couloir. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 23 Nov 2018 - 15:13 | |
| - Asseyez vous. Lui dit l'occupant de la pièce presque vide, celui-ci, assis derrière un bureau & lui désignant une escabelle. Il avait devant lui une liasse de feuillets. - Sachez monsieur que j'ai fais saisir sur Caribou les livres de compte, journaux de bord, de loch & cassette. Qu'en sus, quelques uns des membres de votre équipage ont été amenés ici pour y être interrogés. Ils sont repartis libre à l'issue n'ayant nul responsabilité dans les faits à vous seul reprochés. Il prit le premier feuillet sur la pile devant lui, l'approcha fort près de son visage pour le lire, y renonça, reposa le document chaussa des bésicles & repris le feuillet. - Il est donc, par les témoins dont les noms figurent en marge & au regard des documents de bord de la chaloupe de négoce Caribou, avéré que ; le 8 Octobre vous avez pris, pillé & coulé le brigantin hollandois Fibula au large de l'Isle Saint Vincent. Que le 11 du même mois vous fîtes subir sort identique au petit senau anglois Thérèse près des costes de l'Isle de la Dominique. Prises, monsieur, que vous fîtes sans qu'elles fussent aucunement déclarées par vos soins à la Commission des prises du Tribunal de commerce de Sainte Marie où vous fîtes pourtant escale pour vendre les marchandises issues des susdits pillages & ainsi donc sans non plus payer les frais d'octroi & autres taxes douanières. En conséquences, le huitième pour le Trésor de Monsieur le Régent, non plus d'ailleurs que les trois huitièmes pour la Compagnie des Isles sous le Vent, propriétaire de la double chaloupe Caribou & les deux huitièmes pour ladite compagnie au titre d'armateur de la sus mentionnée chaloupe n'ont été honorés - mais ces deux dernières parts ne sont point notre affaire. Bref monsieur, avec les taxes & amendes pour retards de paiement qui vous sont infligés pour cette fraude honteuse & manifeste qui fait de vous un presque pirate où à tout le moins un contrebandier, vous êtes redevable de 58000 piastres lesquelles ont dores & déjà été saisies sur le contenu du coffre de la chaloupe Caribou … & de fait, confisquées pour règlement de ce que de droit ! Monsieur Talbot, nous ne sommes plus au temps de la flibuste. Soit, nos corsaires agissent sous commission pour suppléer au manque de vaisseaux de notre marine de guerre en ces eaux mais comme tels, doivent obéir aux Ordonnances de la mer en vigueur. Allez monsieur ! Vous êtes libre. J'espère cependant ne point vous revoir & avoir à vous juger ni à vous faire serrer dans nos geôles. Les gardes vont vous reconduire jusqu'au guichet. François était donc totalement ruiné … mais échappait aux culs de basse fosse du fort Fleur d’Épée. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 26 Nov 2018 - 16:24 | |
| Talbot ne traîna point en cette colonie & fit appareiller au plus tôt. Cap au sud, le long des Isles des Antilles pour mettre fin au plus tôt à cette piètre campagne. Caribou fit deux petites prises sur l'anglois, des caboteurs, près de l'Isle de Tobago avant que d'accoster la jetée de San Griego son port d'attache.
- Vous avez été grugé d'assez vile façon … de même que la Compagnie" dit le résident quand François lui eut narré les événements de Sainte Marie. Mr. le gouverneur de Guadeloupe, le Vicomte de Bellecour, dénie depuis des mois le Privilège Royal accordé par feu Sa Majesté le Roy Louis à la Compagnie. Peut-être, sans doute devrait-on dire, agit-il ainsi en sous-main pour les ministres à la marine & aux colonies que sont le Comte de Toulouse & le Duc du Maine. Pour ma part, comme pour celles de ces messieurs les actionnaires de la Compagnie pour lesquels j'agis ici, nous sommes fort satisfait de la campagne que vous venez de conclure. A propos, nous avons ici un navire – une prise hollandoise que nous venons de racheter à la marine du régent - & je vous en offre le commandement. Il est à quai, son nom est ab-so-lu-ment imprononçable … pas chrétien pour tout dire. Je vous laisse le soin de lui en trouver un autre. - Je vous remercie du bon sentiment que vous avez de moi monsieur. J'accepte l'offre que vous me faites. Je ferais en sorte d'être digne de la confiance que vous me témoignez. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 30 Nov 2018 - 16:06 | |
| Le nouvel armement de François Talbot, une fluste jaugeant près de six cents tonneaux, au nez camus & aux hanches larges si caractéristiques de la construction navale hollandoise, était accostée au quai de l'intendance. Des prisonniers de droits commun, quelques prisonniers de guerre aussi sans doute, ainsi que nombre d'esclaves, déchargeaient la cargaison sous la surveillance d'une troupe nombreuse & oisive.
D'après ce que pu juger François depuis l'autre côté de la rade intérieure, ils déchargeaient aussi tout ce que la fluste contenait ; espars, voiles & cordages de rechange ainsi que les vivres. - C'est une prise de la marine que le Tribunal a validé & que l'amirauté a vendu aux enchères. Les gens de l'arsenal la pille outrageusement avant de la remettre à ses nouveaux propriétaires » dit un vieil homme qui fumait sa pipe assis sur un entassement de glènes de cordage & qui voyait François observer attentivement le manège sur le quai opposé. - Qu'hier encore, elle était au quai d'artillerie où y z'ont enlevé les canons & leurs affûts avant de la déhâler jusqu'ici. Même ses ancres elles z'ont été retirées, c'est dire !
Le surlendemain. Très haute sur l'eau – « Morbleu ils n'auraient quand même point osé retirer le lest » pesta François. Mais non, du moins ... si mais en partie seulement - de peur qu'elle ne chavire dans la rade - la fluste fut officiellement remise à ses nouveaux propriétaires. Elle fut déhalée par les gens de l'arsenal jusqu'au môle des entrepôts.
Il fallu que la Compagnie rachète tout, au plus juste & à bien moindre qualité que ce qui était - les hollandois, ses précédents propriétaires étant moins pingre … où plus riches. Ce au point qu'elle arma Mohican – ainsi baptisée par François - de seulement huit pièces de canon de 6 livres en fer - ayant déjà peu où prou servi - là où on eut pu en mettre douze de 8 livres & quatre de 6. Faute d'avoir des ancres – qui n'étaient pas disponibles sur place - & en attendant qu'on en fit venir d'ailleurs, la fluste, qui devait libérer le quai, fut remorquée, amarrée sur coffre dans la rade par l’embryon d'équipage déjà enrôlé & qui resta à bord à tour de rôle par quart de mouillage.
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 30 Nov 2018 - 16:28 | |
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 4 Déc 2018 - 16:15 | |
| François fit connaissance avec son nouveau navire. Haut sur l'eau même après qu'il eut reçu son complément de lest, il était long de 109 pieds du Roy (35 m) pour 28 (9 m) de large au maître bau. Il n'en calait que 15 (4,9 m) de tirant d'eau arrière ce qui était peu au regard de ses six cents tonneaux de jauge. Il avait du être construit il y a plus d'une trentaine d'année dans l'un des chantiers des bords de l'Escaut. Grée à l'ancienne mode avec un mât de hune de civadière sur le beaupré & une orse à antenne sur son mât d'artimon. Des chouques à la pomme de ses trois mâts témoignaient qu'il y avaient eu des mâts de perroquets ... que l'intendance de l'arsenal devait sans doute avoir pillé.
Deux ancres sont arrivées l'avant veille de Maracaye sur un pinque espagnol. Elles sont à présent caponnées sur les bossoirs de part & d'autre du gaillard d'avant. Une chapelle a été dressée tôt le matin sur la plage arrière pour un bénédicité dit par le père Lesueur, l'équipage, une cinquantaine d'hommes, est réuni devant le grand mât. Talbot a convié l'abbé à déjeuner à bord ainsi que le résident mais ce dernier s'est fait excuser ; les devoirs de sa charge etc … mais se fait représenter par le sieur Donatien Launois lequel embarquera comme écrivain subrécargue représentant la Compagnie & responsable de ses intérêts comptables.
François est heureux d'honorer l'abbé qui l'avait accueilli à son arrivé dans la colonie & l'avait introduit auprès du résident Delorme. Indirectement, c'est grâce à l'abbé qu'il commandait aujourd'hui la fluste de la Compagnie des Isles sous le Vent.
Talbot a invité ses subalternes le soir même pour un banquet de début de commission dans une modeste auberge, bourse oblige. L'aubergiste, maître Gropoix a bien voulu, grâce à l'entremise du père Lesueur & à la crainte respectueuse qu'inspire le résident Delorme, lui ouvrir un crédit. Il y a là & il les présente les uns aux autres ; Florent Lescure ; second, Justin Tourane ; maître de navigation, Pierre Fulpin ; maître d'équipage, Timothée Merlot ; chirurgien barbier, Dieudonné Launois écrivain , Ambroise Lagoule ; maître canonnier, Hippolyte Florimont ; maître charpentier & enfin Siméon Ripeau ; quartier maître. Dîner copieux arrosé d'un vin d'Espagne honorable & des filles gentilles.
Dernière édition par Talbot le Ven 7 Déc 2018 - 19:20, édité 1 fois |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Sam 8 Déc 2018 - 16:19 | |
| Accosté le 2 Décembre à Caïenne. Dieudonné Launois l'écrivain & subrécargue négocie avec beaucoup de célérité tant la vente de l'intégralité de la cargaison que l'achat de fret ; longues pièces de bois précieux, balles d'écorce de quinquina & quartauts de vin de madère. Ce Launois que François appréciait peu jusqu'à présent, un espion à la solde de la Compagnie pensait-il, s'avère aujourd'hui un adjoint précieux car il décharge François de toute ces infernales négociations de vente & d'achat auprès des marchands.
Un brigantin porteur de dépêche mouille en rade très tôt le lendemain. La nouvelle se répand comme traînée de poudre ; la France a déclaré la guerre à l'Espagne ! |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 10 Déc 2018 - 17:04 | |
| François craint dès lors que le gouverneur réquisitionne son navire, à tout le moins, tout où partie de l'équipage ainsi que ses canons pour la défense du port. Il loue une monture & se rend au sommet du mont Cépérou au Fort Saint Michel pour rencontrer le Vicomte Amédée de Beauchamp, gouverneur de la Guyane, qui s'y trouve. François veut en savoir d'avantage afin de pouvoir prendre les mesures adéquates pour son navire. Il ne peut être reçu par le gouverneur qui fait le point sur la situation de la colonie avec les officiers de la garnison. François est néanmoins convié à dîner le soir même à la résidence du gouverneur en compagnie des notables de la colonie & du fait que Mohican est, en dehors du brigantin porteur de dépêche, le seul navire présent au mouillage.
Son voisin de table est frère Baudouin, un jésuite qui voyageait fortuitement à bord de la dépêche. Bien informé comme le sont toujours les moines de la compagnie de Jésus, il expliqua à ses voisins de tablée la situation. Pour ce qu'en comprit Talbot, c'est qu'un ressortissant françois, un certain sieur Pipet, propriétaire d'une imprimerie & éditeur d'une gazette entièrement consacrée aux libelles, pamphlets & autres ragots de caniveau était cause de tout ce charivari. L'éditeur du torchon s'est vanté de détenir des preuves d'une collusion entre le Duc du Maine, bâtard légitimé de feu le Roy Louis Quatorzième & un représentant très haut placé de la cour de l'Escurial. Tous deux auraient ourdi un complot visant à renverser la régence & à livrer le trône de France au Rey d'Espagne. Rien que ça ! Si la chose était avérée, le bâtard royal risquait à tout le moins d'être embastillé mais sans doute aurait-il plutôt à poser la tête sur le billot du bourreau. Bref, dans l’imbroglio entre les ambassades, l'imprimerie avait été incendié & le sieur Pipet était en fuite pour sauver sa peau & la guerre était déclarée entre les deux royaumes. Cette relation ne coupa point, ni l'appétit ni la soif de François, la table du gouverneur étant plus qu'honorable & sa cave mieux encore.
A son retour à bord, François apprend de son second qu'un détachement de soldat était venu arrêter les espagnols de l'équipage. - Une quinzaine de bons gabiers » pestaient le second & le bosco. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 12 Déc 2018 - 14:21 | |
| Dieudonné Launois s'avéra un auxiliaire efficace & même précieux. Grâce à sa verve, Mohican fut doté des canons qui lui faisaient défaut ; Il prétendit sans vergogne aucune que la fluste venait d'être réquisitionnée par son Excellence le gouverneur & qu'elle aurait pour mission de croiser dans les atterrages de la colonie afin de soutenir sa défense & l'alerter en cas d'approche d'une force hostile venant de la mer. Il parvint même à convaincre de remplacer ceux dont l'état laissait à désirer !
Florent & Pierre quand à eux hantèrent tavernes & cabarets pour enrôler des hommes. Là, il fallut le faire discrètement car le gouverneur avait déjà signé l'ordonnance pour lever trois compagnies supplémentaires de la milice coloniale & les sbires des sergents recruteurs commençaient à placarder des « Avis à la population ».
- « Mieux vaut servir en mer à respirer un air sain, être nourri de repas copieux deux fois par jour, une chopine de vin en sus à chacun d'eux & recevoir d'importantes parts de prise » comme l'affirmaient le second & le maître d'équipage « plutôt qu'à supporter les fièvres, les bêtes féroces où venimeuses qui infestent la forêt sans parler des sauvages où des esclaves marrons qui attaquent traîtreusement & devoir sans aucun doute s'échiner comme terrassiers pour renforcer où réparer les défenses. Ce, en étant mal nourri & en quantité chichement comptée & sans être assuré de percevoir une solde de toute manière plus que médiocre. » La harangue, ponctuée de la promesse & d'une traite signée, qu'une poignée de piastres sonnantes & trébuchantes serait versée à bord par l'écrivain du navire aussitôt leur nom couché sur le livre de rôle & y-celui signé de leur main – ce, pour éviter que les volontaires ne disparaissent une fois le pécule dans leur escarcelle. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 14 Déc 2018 - 14:31 | |
| Discours efficace ! Une quarantaine d'hommes embarquèrent, suivant les consignes reçues; en catimini au cours des nuits suivantes. Quelques gens de guerre en mal d'engagement, des déserteurs aussi mais pour la plupart simples terriens assez miséreux & que cependant pour ces derniers, notre chirurgien les jugea aptes à servir à bord.
Le lieutenant Louis Marie du Rouchay, capitaine du port, fournit quand à lui une trentaine de vrais marins – tous gabiers d'expérience & même, pour une petite poignée d'entre eux, seconds maîtres - pour remplacer les espagnols qu'il avait du faire arrêter, les morts ainsi que les malades contraints de débarqués & qui avaient été admis au lazaret du couvent des clarisses.
- Il faut dire, expliqua t-il, que rarement navires de la marine du régent viennent jusqu'ici & qu'ayant ouï-dire que la fluste Mohican restait attachée à la colonie, je me fais un devoir de contribuer à l'armement d'un vaisseau nolisé par son Excellence le Gouverneur & que le capitaine Talbot me ferait honneur s'il acceptait une invitation à dîner ce soir. Il ajouta; - Un pêcheur m'a offert deux langoustes que j'ai fais porter à l'auberge face à la capitainerie pour qu'on me les prépare. Il y en a bien assez pour deux & nous boirons pour faire passer, un petit vin blanc de Saintonge qu'on a fait traverser tout récemment & dont on m'a offert un muid. A cette dernière phrase, sans doute dîtes intentionnellement, François comprit bien que le lieutenant du Rouchay usait de ses fonctions pour y faire son profit. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 18 Déc 2018 - 15:17 | |
| Le Vicomte Amédée de Beauchamps, gouverneur de Caïenne, fit mander le capitaine Talbot le lendemain. Il lui confia pour mission de remonter la Coste de la Terre Ferme pour observer & y détecter une quelconque activité navale offensive aux atterrages des ports hollandois & anglois de Paramaribo, de Georgetown & de pousser ensuite au nord jusqu'à la colonie espagnole de San Tomas & jusqu'aux Bouches du Paria. Ordre lui était donné d'éviter autant que faire se peut le combat jusqu'à l'issue de sa mission & de dépêcher jusqu'à Caïenne pour l'en informer la yole qu'il mettait derechef à disposition de la fluste qui la prendrait en remorque. A charge pour le capitaine Talbot de subvenir au logement & aux vivres de l'équipage soit vingt hommes & un second maître. Le capitaine Talbot aurait ensuite tout loisir de courir sus au commerce ennemi en faisant retour à Caïenne. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 29 Jan 2019 - 10:11 | |
| Léogane Isle Saint Domingue
A peine la fluste eut-elle accosté au quai de déchargement que se présenta à la coupée un quidam perruqué & poudré, en justaucorps jaune safran débordant de dentelles aux manches & au col, gilet vert pomme & chaussures rouges à hauts talons & boucles d'argent. Je me nomme Apollon Beaulieu. Je suis l'intendant de la compagnie des Isles sous le Vent à Port à l’Écu & Léogane. Veuillez porter ceci à votre capitaine » en tendant sa carte de visite à Pierre Fulpin descendu sur le quai pour s'informer de ce visiteur.
François fit, aussitôt prévenu, préparer la grand chambre par Toussaint son valet & s'en fut à la coupée accueillir le visiteur qui réitéra derechef sa qualité. A présent assis sur le coffre recouvert de coussins de la fenêtre de poupe & nanti par Toussaint d'un gobelet de cidre, Beaulieu s'ouvrit quand au sujet de sa venue quelque peu précipitée à bord.
- Nous vous attendions avec une immense impatience … & quelques craintes aussi … au regard de votre précieuse cargaison de plus de cent milles piastres ! J'ai, le croirez-vous, ce jourd'hui même reçu bien fâcheuse nouvelle du résident de l'Isle Marguerite Je vous l'annonce tout-à-trac, la Compagnie des Isles sous le vent n'est plus ! Les ministres de la Marine, messieurs le Comte de Toulouse & le Duc du Maine, ont finalement obtenu gain de cause & le Régent Monseigneur le Duc d'Orléans à signé le 30 Octobre passé l'ordonnance qui retire tous privilèges à notre compagnie. Celle-ci y perd donc son monopole commercial ainsi que les droits d'administration civile & militaire de la colonie de la Marguerite pour compter du premier jour du mois courant. Les vingt actionnaires, presque tous riches marchands où magistrats des Sables d'Olonnes & de La Rochelle en ont donc pris acte & décidé en assemblée extraordinaire de dissoudre leur compagnie. Le résident Mr. Delorme, lui-même actionnaire, m'a mandaté comme liquidateur des biens de la compagnie hors la colonie de La Marguerite. Je vous commande donc de décharger la cargaison de la fluste Mohican dans les délais aussi courts qu'il se pourra ainsi que de tout ce qu'elle contient, vivres, artillerie que sais-je encore, en vue de sa mise en vente. Vous veillerez à faire distribuer à l'équipage & aux maîtres les gages & les parts qui leurs sont dues dès que le navire sera remis aux bons soins des juges du tribunal de commerce par l'entremise de Monsieur Dieudonné Launois votre écrivain lequel me portera l'intégralité de la trésorerie de Mohican ainsi que tous les livres du bord. Je loge chez le lieutenant gouverneur Marceau. Talbot l'accompagna jusqu'à la coupée, atterré quoiqu'il n'en montra que peu. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 5 Fév 2019 - 17:49 | |
| Le lendemain de son arrivée à Léogane, François fut présenté au lieutenant gouverneur Marceau. Rencontre fortuite à l'octroi du port. Y-celui lui dit avoir été déjà informé depuis une semaine & plus de la dissolution de la compagnie des Isles sous le vent & qu'il en était affligé sauf à envisager non sans plaisir le départ sous d'autres cieux de ce fat Apollon Beaulieu. Peut-être le capitaine Talbot devrait-il se rapprocher du sieur Joachin Lamy, maître de hache du chantier naval de l'Isle de La Gonâve. Ce dernier remet en état une prise sur l'espagnol qu'un corsaire de Basse-Terre a terri ici.
Dès le lendemain, à bord de son canot armé par quatre nageurs & dirigé par le quartier maître Siméon Ripeau, François se rendit donc sur l'Isle de la Gonâve distante d'une couple de milles. Au chantier naval, il finit par découvrir le maître de hache près de la fosse des scieurs de long, lequel tançait vertement deux de ses charpentiers à propos de l'ouvrage de la veille. Les présentations faites, Joachin Lamy invita François dans ce qui lui tenait lieu de bureau à l'étage d'une petite ajoupa jouxtant la forge. Devant un verre de vin, il conseilla vivement à François de racheter Reyne de Saba, la pinque que François n'a point manqué de voir abattue en carène sur la plage, à son capteur le corsaire Isaac Maupin de Basse-Terre. Celui-ci estoit fort pressé de s'en défaire d'autant qu'il avoit, croit-il savoir, assez fort maltraité cette dernière pour parvenir à ses fins. Lui-même en aurait bien fait l'acquisition car l'affaire estoit juteuse mais il ne disposa point d'assez d'espèces même en ayant fait baisser de plus d'un quart l'exigence pourtant fort raisonnable du corsaire. C'est Maître Lapierre, notaire à Léogane, lequel avoit son étude proche du marché couvert, qui estoit chargé d'établir les actes.
Joachin Lamy plaisait à Talbot sans qu'il s'en explique au juste la raison. & c'était, ce que semble, chose réciproque. - Si nous faisions parts égales pour l’acquérir ? proposa t-il. Ainsi naquit la société d'armement Talbot & Lamy, laquelle fut inscrite au registre du commerce de Léogane.
François n'apprit qu'après signature des actes que les réparations de la pinque étaient loin d'être aussi importantes que dîtes. Joachin Lamy, découvrant que le capitaine Maupin n'y connaissait peu où prou goûte en matière de construction navale & qu'il n'avait point jugé utile d'embarquer un maître charpentier pour lui faire conseil, en avait très largement surévalué l'importance puisqu'il envisageait d'acheter pour lui-même la pinque & qu'il voulait en faire baisser de beaucoup la valeur marchande.
La remise en état de Reyne de saba se fit avec toute la célérité possible par les charpentiers & calfats d'autant que le maître du chantier en était l'un des propriétaires. La qualité, tant de l'ouvrage que des matériaux s'en ressentit aussi de beaucoup. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 13 Fév 2019 - 17:37 | |
| François profita de ces temps où la pinque se trouvait confiée aux mains expertes des charpentiers & des calfats du chantier de Mestre Lamy, pour recruter l'équipage. A cette parfin, il fit rédiger une affichette en une douzaine d'exemplaires par un écrivain public lesquelles furent placardées dans les lieux les plus judicieux tant de l'habitation que du port. Il ne lui en coûta que quelques piastres.
« La Compagnie d'Armement Talbot & Lamy recrute des nautoniers pour sa campagne de "voyage à l'aventure" dans la mer des Caraïbes que va entreprendre la pinque Reyne de Saba. François Talbot, son capitaine, est un marin de longue expérience ayant moult fois déjà traversé la mer Océane depuis l'Ancien Monde jusqu'en Nouvelle France & parcouru itou à maintes reprises les mers des Indes Occidentales. A bord de Reyne de Saba, deux repas copieux vous seront assurés chaque jour, avec viandes hormis les jours maigres, & avec une pinte de vin (0,93 litres) pour chacun d'eux. Une prime d'embarquement de 20 piastres sera versée à chacun lorsqu'il aura embarqué le jour de l'appareillage & juste avant qu'épouses où bonnes amies ne quittent le bord afin que vous puissiez lui remettre tout où partie. En outre, une part de prise est promise à chacun au débarquement en fin de campagne ».
Beaucoup d'anciens de Mohican se présentèrent pour apposer leur signature où leur marque sur le « Livre de Rôle » de Reyne de Saba. Quelques uns des maîtres aussi. Pierre Fulpin l'ancien bosco fut du nombre & promu second capitaine. L'écrivain public, Marcelin Drapeau, un natif de Trois Rivières en Nouvelle France, devint l'écrivain de Reyne de Saba. François, sur la suggestion de son associé, recruta aussi quelques gens de guerre. Une douzaine, qu'il plaça sous les ordres de Anselme Dervieux un ancien sergent aux compagnies franches de la Marine … & cousin de la très belle Peyronne, l'épouse de Joaquin Lamy. - « Pour peu qu'on leur mette le bon cordage dans les mains, ils pourront toujours hâler dessus & aider à la manœuvre » dit Pierre Fulpin assez dubitatif. Ceux-là seraient payés 3 sols par décade & auront droit à une demi part sur les prises de guerre en fin de campagne. Il confia aussi à Dervieux, promu pour l'occasion capitaine d'armes, la tâche de sélectionner les meilleurs tireurs parmi ses hommes pour servir les quatre longs fusils de flibustiers qu'il avait conservé par devers lui.
On déhala enfin la pinque jusqu'au au quai de chargement où elle reçut son avitaillement. Ambroise Lagoule le canonnier s'occupa des pièces de 6 livres, pestant sans cesse sur le regret qu'il avoit des beaux & puissants 12 livres de Mohican. On embarqua ensuite le fret destiné au comptoir de l'Isle Andross dans les Lucayes. D'assez faible valeur mais fort odorant & bruyant ; cent porcelets & cinquante génisses ainsi que la quantité effarante de paille, nécessaire à leur bien-être durant le voyage. A cela s'ajouta le foin pour les génisses & le blé d'Indes en épis pour les porcs. On embarqua en sus un demi cent de balles de vêtements & d'uniformes – rangées tout à l'arrière, au plus loin du bétail pour ne point s'imprégner des odeurs - tout autant de balles de tabac & d'un cent de tonneaux de suif & pareille quantité de teinture de cochenille. Joachin Lamy fit remarquer au cours du banquet d'appareillage ; - Je suis fort aise capitaine Talbot de n'avoir point à embarquer avec vous & à devoir rester ici pour tenir mon chantier. Nous possédons ce jour d’huis un fier navire qui fleure bon les copeaux de bois, le goudron & la peinture & qui va dans moins d'une couple de jours puer la soue & l'étable à faire vomir ! - Où bien, mon associé & compain, pour la faire plus courte ; qui fleurait bon le brai & qui puera le brun ! On s'esclaffa bruyamment & les pichets de vin circulèrent. Au bas bout de la tablée, Hippolyte Florimont le charpentier du bord ajouta ; - A faire vomir a t-il dit. Ce d'autant plus, s'il prend envie à Neptune nous secouer très fort. Ha ha ha ! |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 5 Avr 2019 - 16:45 | |
| Le chantier naval de Joachin Lamy n'est plus. Les outils, la forge, ont été vendu aux enchères lors d'une vente à la bougie pour un prix dérisoire . Les coques en chantiers cédées pour une bouchée de pain à son concurrent de Port à l’Écu. La réserve de bois & de mâture rachetée à vil prix par l'arsenal de Port Margot.
Qu'était-il donc arrivé ? Les ambassadeurs de France & d'Espagne s'étaient rabibochés & le premier Février la paix régnait à nouveau dans le nouveau monde entre les deux royaumes. Un capitaine espagnol de Santiago avait porté plainte contre les propriétaires de la pinque françoise Reyne de Saba qui aurait attaqué, pillé & incendié La Dolorès, son brigantin cinq jours après l'entrée en vigueur de l'accord. L'ambassadeur français avait usé sans vergogne de son influence auprès des juges du tribunal de commerce en charge du litige pour complaire à son homologue espagnol.
François ayant disparu, un des marins de Reyne de Saba qui était passé du côté des pirates pour sauver sa peau & les avait ensuite abandonné dès la première escale qu'ils firent à Isle de Mona, avait juré avoir vu mourir le capitaine Talbot. Joachin Lamy était donc seul à supporter financièrement l'accusation soit cinquante six mil piastres pour le prix du brigantin Dolorès, de sa cargaison, des dommages & intérêts & de mil huit cents piastres de frais de tribunaux. François aurait été bien en mal de réfuter pareil affabulation d'ailleurs : aucun témoin – le marin qui affirmait avoir assisté à sa mort ayant été incapable de se souvenir des jours & du nom des prises faîtes par Reyne de Saba - ni aucun livre où journal de bord ne pouvant être produit devant les juges.
- Je veux croire de tout cœur que vous me dîtes la vérité François mais il est plus sage que vous quittiez Leogane au plus tôt. Sans preuve que vous pourriez produire, nul doute que Le Prévôt monsieur de Marcy & pour complaire à l'Ambassadeur Alaric du Fresnay, vous fera serrer pour dettes & peut-être même pour piraterie. Ainsi parlait Péronne Lamy la veuve de Joachin laquelle était entrée au couvent des Ursulines après le décès de Joachin qui s'était pendu le mois précédent après qu' on ait saisi tous ses biens pour rembourser la dette. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Dim 21 Avr 2019 - 16:04 | |
| Auberge de la Futaille Percée, Frédériksted . Talbot a choisi cette petite colonie laquelle, quoique sous pavillon fleurdelisé, est restée très suédoise. François pense qu'on l'y viendra moins facilement chercher si ... Il occupe depuis douze jours une chambre sous les toits dont un unique fenestrons offre une vue sur la darse. François a pressenti les propriétaires de navire pour trouver à s'embarquer, en vain. Il en est réduit à la dernière extrémité n'ayant bientôt plus un sol vaillant, même pour payer son écot & encore moins sa chambre.
Pour l'heure, il dîne dans la grand-salle au plafond bas noirci de la fumée des mauvaises chandelles de suif. Son vis à vis, un négociant fort peu recommandable, de fait un contrebandier, cessa d'aspirer bruyamment dans sa cuiller de bois la soupe de pois où flottait un morceau de couenne de lard. - Je vous propose le commandement de Toucan. Commerce interlope, contrebande & un peu corsaire quand l'occasion se présente. C'est un fort senau de 300 tonneaux. Soixante cinq hommes d'équipage & il porte quatorze canons de quatre livres en fer. Son précédent patron est atteint des fièvres & j'ai dû le débarquer. Le second, Michel Bulet n'est pas un très bon marin, loin s'en faut, mais il est fort capable pour s'occuper du navire. Quand au maître d'équipage Jean David Neau, les hommes le respectent pour ce que c'est une force de la nature qui en impose. Vous serez payé à raison d'un huitième. - Monsieur Jurgensen, les émoluments habituels pour un patron, comme vous le savez fort bien, sont de deux huitièmes. - Si fait mais voyez-vous, je suis fort bien informé. J'ai des oreilles jusque chez l'Ambassadeur Alaric du Fresney. Je sais qu'il plane sur le sieur Talbot un vilain soupçon de piraterie & que si des recherches n'ont point été entreprises pour lui passer un nœud au collet c'est qu'il y a quelques doutes qu'il soit encore de ce monde. Mes confrères cependant, s'ils savaient, ne prendraient même pas le risque de vous proposer un embarquement … comme bosco voir même gabier ! Peut-être vous recherche t-on d'ailleurs. Ma proposition est ferme mais elle est à prendre où à laisser.
Fort de cet engagement, François put obtenir un prêt & payer sa chambre et son pôt à l'Auberge de la futaille percée & même s'offrir quelques vêtement chez le fripier ainsi que chez un armurier une lourde épée écossaise un peu ébréchée & un pistolet d'arçon qu'il sera sage de soigneusement vérifier avant usage. |
| | | Talbot Gabier
Messages : 163 Date d'inscription : 07/10/2018
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| Sujet: Re: François Talbot Sam 1 Juin 2019 - 13:59 | |
| Auberge de la Futaille Percée, Frédériksted . Talbot a choisi cette petite colonie laquelle, quoique sous pavillon fleurdelisé, est restée très suédoise. François pense qu'on l'y viendra moins facilement chercher si ... Il occupe depuis douze jours une chambre sous les toits dont un unique fenestrons offre une vue sur la darse. François a pressenti les propriétaires de navire pour trouver à s'embarquer, en vain. Il en est réduit à la dernière extrémité n'ayant bientôt plus un sol vaillant, même pour payer son écot & encore moins sa chambre.
Pour l'heure, il dîne dans la grand-salle au plafond bas noirci de la fumée des mauvaises chandelles de suif. Son vis à vis, un négociant fort peu recommandable, de fait un contrebandier, cessa d'aspirer bruyamment dans sa cuiller de bois la soupe de pois où flottait un morceau de couenne de lard. - Je vous propose le commandement de Toucan. Commerce interlope, contrebande & un peu corsaire quand l'occasion se présente. C'est un fort senau de 300 tonneaux. Soixante cinq hommes d'équipage & il porte quatorze canons de quatre livres en fer. Son précédent patron est atteint des fièvres & j'ai dû le débarquer. Le second, Michel Bulet n'est pas un très bon marin, loin s'en faut, mais il est fort capable pour s'occuper du navire. Quand au maître d'équipage Jean David Neau, les hommes le respectent pour ce que c'est une force de la nature qui en impose. Vous serez payé à raison d'un huitième. - Monsieur Jurgensen, les émoluments habituels pour un patron, comme vous le savez fort bien, sont de deux huitièmes. - Si fait mais voyez-vous, je suis fort bien informé. J'ai des oreilles jusque chez l'Ambassadeur Alaric du Fresney. Je sais qu'il plane sur le sieur Talbot un vilain soupçon de piraterie & que si des recherches n'ont point été entreprises pour lui passer un nœud au collet c'est qu'il y a quelques doutes qu'il soit encore de ce monde. Mes confrères cependant, s'ils savaient, ne prendraient même pas le risque de vous proposer un embarquement … comme bosco voir même gabier ! Peut-être vous recherche t-on d'ailleurs. Ma proposition est ferme mais elle est à prendre où à laisser.
Fort de cet engagement, François put obtenir un prêt & payer sa chambre et son pôt à l'Auberge de la futaille percée & même s'offrir quelques vêtement chez le fripier ainsi que chez un armurier une lourde épée écossaise un peu ébréchée & un pistolet d'arçon qu'il sera sage de soigneusement vérifier avant usage. |
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