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| François Talbot | |
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Auteur | Message |
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Talbot Gabier
Messages : 163 Date d'inscription : 07/10/2018
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 9 Mar 2020 - 19:44 | |
| C'est justement au delà à trois lieues nord de Charles-Towne, qu'embouquant en sondant une rivière pour y faire aiguade, La Magdalena surprit La Louise au mouillage sur une seule ancre. La corvette des aventuriers que Talbot recherchait avec pugnacité. Il avait dû pleuvoir beaucoup dans les montagnes qui barraient l'horizon occidental ces derniers jours car la rivière montrait un fort courant. Plusieurs canots des forbans, tirés loin au sec sur la berge nord, laissèrent accroire à François qu'un fort parti de l'équipage était en expédition dans l'intérieur des terres car aucun homme n'y était visible, même pour garder leurs embarcations. A bord de La Louise n'y étaient pour la plupart semble t-il que les blessés & les malades. Talbot, Fernando Diaz son second, & le lieutenant de Cortadelas observèrent que le courant assez impétueux avait fait éviter la corvette dans le lit de la rivière, la proue vers l'amont & que dès lors ses canons, une dizaine sur chaque bord ne pouvaient être pointés que sur les berges.
Vivement François fit embosser la gabare en faisant porter une ancre par sa chaloupe qui fut frappée sur une aussière sortie par un sabord arrière sans que les forbans qui les observaient attentivement y puissent rien. Ainsi, avec une ancre de bossoir & en jouant sur ses câbles, La Magdalena pouvait s'orienter de façon à avoir une de ses bordées battants sur la Louise alors qu' y-celle ne pouvait riposter sauf par ses sabords d'arcasse encore qu'elle n'eut alors que ses deux pièces de retraite.
Ce fut un beau carnage surtout lorsque le gros de l'équipage déboucha en courant sur la berge & rejoignit peu à peu La Louise. Evariste Lesueur le canonnier fit merveille. Ses hommes étaient à la fête pour envoyer des volées sans encourir de riposte & forts précises puisque les deux navires étaient parfaitement immobiles. Deux embarcations dont une grosse chaloupe furent par ailleurs coulées avant que d'avoir pu accoster la corvette & une bonne part des hommes emportés par le violent courant & ne sachant nager, se noyèrent. La Louise sous le feu continu des canons & de la mousqueterie de La Magdalena parvint tout de même à couper son câble & s'en fut à la dérive s'échouer. Las, rien n'y fit, elle resta inaccessible aux hommes encore sur la berge & qui désormais étaient privés d'embarcation pour s'embarquer.
La capture de La Louise coûta assez peu d'hommes à La Magdalena, surtout des soldats du gouverneur peu coutumiers au fait que les pyrates n'avaient plus rien à perdre puisque pris vivants ils étaient assurés du gibet. Nul trace du capitaine Deude. François quand à lui n'étant pas chaud à les pendre sans procès aux basses vergues de la gabare.
Âpre labeur pour renflouer La Louise. Il fallut attendre que le courant de la rivière faiblisse & avec un savant mouflage la remettre à flot avec les cabestans & guindeaux des deux navires.
Retour à Saint Augustin où les autorités & les bourgeois – négociants & banquiers – les marchands & les planteurs, firent fête au capitaine & aux marins & soldats de La Magdalena. Il est vrai qu'elles avaient eu le temps de préparer cette belle réception puisque La Louise bien meilleure marcheuse avec un équipage de prise sous le commandement du lieutenant de vaisseau Miguel de Cortadelas l'y avait précédé d'une paire de jours. La Louise fut qui plus est rachetée près de cent cinquante mille piastres par l'arsenal. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 11 Mar 2020 - 19:58 | |
| Saint Augustin
Señor Batista,
la Magdalena a été par contrainte nolisée pour courir sus à une corvette pyrate qui, croisant au large, paralysait le trafic de la colonie. Bien qu'on me permit d'en conserver le commandement j'ai du, pour ne point la voir purement & simplement confisquée, céder à l’Ordonnance du gouverneur.
Pour exécuter cette mission, j'ai reçu en renfort une compagnie forte de cinquante soldats & comme j'ai dû me résoudre à débarquer une vingtaine de membres de l'équipage qui refusaient de prendre part à une expédition de guerre, les autorités de la colonie m'ont fourni les hommes manquants.
Sous mon commandement mais avec un officier de la marine du Rey comme garant de la bonne observation des ordres du gobernador, La Magdalena a donc remonté au nord le long des coste de La Caroline & jusque au delà de de la colonie angloise de Charles-Towne où avons surpris à trois lieues au nord de ce port ennemy la corvette des aventuriers au mouillage. Avec peu de perte – l'équipage des forbans était en expédition à terre – La Magdalena s'est rendue maître de ce vaisseau & nous l'avons terri à Saint Augustin où il a été acheté cent quarante sept milles piastres par l'arsenal.
François Talbot |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Sam 18 Avr 2020 - 15:07 | |
| Saint Louis. Depuis les fenestres de poupe du brick qui venait de lui être confié, François Talbot regardait disparaître au delà du promontoire est de la Rivière Mobile, la gabare Magdalena. Elle s'en retournait à Pensacola implantation espagnole de la Floride sous les ordres du second Fernando Diaz.
Talbot avait renoncé à son commandement douze jours auparavant quand à l'occasion d'une réception chez le Chevalier Launois de la Borie gouverneur de la colonie de Saint Louis de la Louisiane où il avait été convié. Ce dernier l'aborda devant la grande table couverte d'amuses-bouches alors qu'il se suçait les doigts après avoir enfourné dans la bouche un dé de galimafrée. Sur ma foi monsieur Talbot, laissez moi vous congratuler. Le juge Clément vient de m'apprendre que vous avez conquis de haute lutte & ce, à bord d'un navire de commerce, un pyrate de vingt canons portant deux fois plus d'hommes que vous n'aviez. C'est vrai excellence mais votre homologue espagnol le gouverneur de Saint Augustin m'avait octroyé une compagnie de soldat pour remplir cette mission par lui ordonné. Je n'avais donc qu'une infériorité de 30 hommes & de quelques canons. L'effet de surprise a égalisé les forces & même m'a offert la victoire. Vous êtes trop modeste monsieur Talbot & cette nouvelle m'a rappelé que je dispose d'un brig dont le capitaine n'est attendu que dans un mois au mieux blessé qu'il est après une vilaine affaire de rixe dans un bouge de Bilochi. Au mieux dis-je si la gangrène ne s'y met point. Ors voyez-vous je ne dispose de quiconque qui puisse commander tel navire & je souhaites par représailles après plusieurs attaques de corsaires ennemy sur nos navires qu'il aille prendre, couler où brûler leurs marchands pour leur rendre la pareille. C'est beaucoup d'honneur que vous me faîtes en me proposant cette commission Excellence. Cependant voyez-vous je dois & j'en suis fort marri, décliner votre offre. Je viens tout juste de créer une compagnie par action & je me démène comme un beau diable pour trouver des investisseurs. Ha ! … Mais à la réflexion que nenni bien au contraire ! Acceptez sans crainte pour vos affaires privées ! Ce n'est qu'une commission d'un mois où deux tout au plus & comme vous me plaisez je me fais fort d'user de toute mon influence pour fortement inciter certains qui me sont redevables à investir dans votre entreprise.
François s'en fut donc établir sa croisière pendant dix jours le long des coste orientales de La Nouvelle Espagne sans qu'aucune voile n’apparut. On avait bien observé & reconnu au quatrième jour un deux mâts batave qui las était sous le vent & y-celui flairant la nature réelle du brig de François avait couru se mettre à l'abri dans la baye de Anahuac où la Hollande y tenait un établissement doté d'un fort bien armé & lequel disait-on était défendu par des troupes réglées de bonnes tenues.
Dernière édition par Talbot le Lun 20 Avr 2020 - 16:32, édité 1 fois |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 20 Avr 2020 - 16:31 | |
| La semaine suivante, devant la colonie angloise nichée dans la lagune du Rio Bravo, les canonniers du brick placés sous les ordres d'Evariste Lesueur purent enfin faire montre de leurs capacités. Deux bordées mirent à mal les huniers & offensèrent méchamment le foc d'un senau angloy qui dès lors fut presque incapable de manœuvrer. Deux autres volées, à mitraille cette fois, précédèrent l'équipe d'abordage derrière Pierre Cadiou le second qui se rendirent maître du deux mâts ennemy sans qu'un seul des abordeurs y perdit la vie au grand plaisir de Michel Delaunay le chirurgien. Sur le retour vers Saint Louis, Talbot décida de s'établir à nouveau devant Anahuac. Enfer & damnation jura une bonne part de l'équipage. Cette fois c'est une croisière espagnole forte de trois chebecs qui faisait le blocus ne laissant aucune chance de prise à ce corsaire de France qui venait chasser dans ce que les Dons considéraient comme étant leur pré-carré.
Retour dans l'embouchure de la Rivière Mobile après cette médiocre campagne. Le gouverneur était quelque peu courroucé par le peu de résultat d'autant qu'il avait droit à dix pour cent du butin. Après avoir réglé toutes les formalités de la fin de commission du brig, François s'occupa de ses propres affaires. La chambre des notaires de Saint Louis lui confirma que le Chevalier de la Borie avait quand à lui tenu parole. Mille actions ont été émises, dont deux cents réservées à François & toutes avaient trouvé preneur parmi les notables & bourgeois de Saint Louis & même de Bilochi – dont la riche propriétaire d'une fameuse maison de plaisir de cette grosse bourgade. La «Compagnie des Négociants Aventuriers» fit l'acquisition d'une grande flûte de plus de mille tonneaux. Elle en confia, comme il était convenu & stipulé dans ses règlements, le commandement à François Talbot qui la rebaptisa Fleur de Lys. C'était une grosse prise hollandoise déjà fort âgée – gréée à l'ancienne mode & qui portait quatre mâts ; deux mâts d'artimon gréés latin le grand mât & le mât de misaine à phare carré, le beaupré portant une civadière. Un nez camus, des hanches larges & un gaillard d'avant élevé, tout éléments lui donnant un air suranné - mais encore très saine. Elle était sortie des chantiers de Zeebruges l'année des vingt ans de feu le grand Roy Louis.
Il en coûta cependant à la compagnie près de quatre cent milles livres tournoi. A cette somme il fallu rajouter trente milles pour l'artillerie – les canons anglois qu'elle portait ne pouvant convenir aux boulets françois - & tout austant pour l'avitaillement de sorte que la «Mise hors d'eau» représenta un dépens de quatre cent septante milles livres. On chargea à bord cinq cent vingt tonneaux de fret divers d'un dépens de 36875 piastres soit 110 624 livres. Talbot se rendit aussi au couvent Saint Mathieu des dominicains pour y brûler quelques cierges à la Vierge Marie & pria le Seigneur pour ne point avoir a subir mauvaise «fortune de mer». Il se promit en outre que s'il arrivait sauf à Fort Saint Pierre de la Martinique il ferait un don & dire un Te Deum. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Jeu 30 Avr 2020 - 14:59 | |
| Fleur de Lys remonta ses câbles deux jours après le lundi de Pâques. François décida de mettre le cap au sud-ouest pour aller croiser devant le port batave de Tampa. Il se gardait rancœur d'avoir insatisfait le gouverneur de Saint Louis alors qu'y-celui ne s'était point dédit de sa promesse à trouver des investisseurs.
Fort bien lui prit, le trois mâts Les sept Provinces à l'atterrissage devant la baie fut abordé, pillé & incendié bien en vue de la coste pour que depuis y-celle on vit qu'un vaisseau françois s'était emparé d'un des leurs. Cap sud-ouest ensuite en direction de La Habana. Deux jours plus tard, juste avant la nuit, un puis deux chebecs y-ceux sous pavillon noir & qui barraient la route obligèrent François à virer portant puis cap ouest au petit jour, les voiles de l'un d'eux mordant encore l'horizon au sud-est. On lança le plomb de sonde, pas de fond. Fleur de Lys était donc en eau profonde sans doute bien au nord & quasiment sur la longitude du Cap San Antonio.
A la méridienne, François avec l'octant mesura 24°45' de latitude nord ce qui plaçait la fluste à 10 lieues un peu dans l'est du nord du Cap San Antonio. Il était assez satisfait quand la vigie le fit déchanter; Navire en vue ! Holà en bas, navire par bâbord avant ! Il était visible depuis la dunette.
"Maudite vigies qui ne le découvre qu'à présent" pensa François en constatant que trois têtes émergeaient de la hune. "Sans doute occuper à jouer au dés au lieu de veiller". Un fort chebec sous le vent & sur amures contraire ! Un pavillon noir claquait au vent à sa drisse d'artimon. Étonnant, même si Fleur de Lys avait été observée, là-bas les forbans n'avaient point modifiés le réglage des grandes voiles latines. Le chebec courait toujours grand largue tribord amures bien qu'il lui suffise de laisser porter. - Tribord la barre dit François à Basile Legal le quartier maistre à la gouverne. - Holà devant étarquez moi joliment bras, drisses & boulines. - Monsieur Fournier, du monde pour établir les bonnettes hautes & basses. - Monsieur Cadiou, faite dégager les canons ! Ce fut comme un coup de pied dans une fourmilière.
Le temps se dégrada dans l'après midi & les grains successifs masquèrent le pyrate faisant espérer qu'il abandonnerait la chasse. Après le "coup de chien", ses voiles mordaient toujours l'horizon & Fleur de Lys fut repoussée plus encore dans le nord de l'ouest.
Le lendemain l'horizon dans l'est était vide. François décida de lofer en grand, cap est sud-est donc & de n'établir que les voiles latines & la civadière - plus basses que les huniers donc visibles plus tardivement - & pour passer aux yeux d'un observateur pour un chebec pour peu que la coque resta sous l'horizon. Il fit doubler les vigies les menaçant de cent coups de garcette si elles manquaient ne fusse qu'un instant à leur devoir. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 6 Mai 2020 - 15:55 | |
| Fleur de Lys emprunta le jour de la Saint Georges le Canal de l'Entrada qui donnoit dans la rade intérieure de La Habana. Talbot y estoit déjà venu, ce à plusieurs reprises & il estoit toujours autant impressionné par les moult embrasures d'où pointoient les gueules menaçantes des bouches à feu surtout sur bâbord & vers le milieu du canal, les formidables pièces de canon de quarante deux livres de charge nommées «Les Douze Apôtres» capables assurément de foudroyer même les plus forts vaisseaux dans ce chenal étroit. En outre cette batterie fortifiée disposoit de fourneaux pour tirer à «boulets rouges». Dans la darse, seul un chebec corsaire du Rey nommé «le Weimar» y estoit en cours d'armement. Talbot apprit quand il descendit à terre la rumeur selon laquelle le capitaine de Castillon qui le commandoit - & que Talbot connaissoit peu où prou de bonne réputation - qu'il avoit perdu son précédant navire de nuit sur les hauts-fonds du Grand Banc.
Appareillage deux jours plus tard puis dès les eaux libres cap à l'est par le Vieux Détroit de Bahama. A plusieurs reprises la vigie annonça deux grands navires grées latin un peu au nord de l'est & faisant du sud & plus tard un troisième. Tous ont été reconnus comme appartenant aux forbans, y-ceux ayant un repère dans les Cayes de Floride proches. Les pyrates estant sans nul doute informés des mouvements des navires à La Habana par des espions, recherchoient-ils Fleur de Lys ? En conséquence, François après s'être enquit du niveau de connaissance de la coste septentrionale de l'Isle de Cuba par le pilote Alcide Lamare, fit le choix de longer là-dite coste au plus près qu'on osa à la parfin d'y trouver refuge dans les nombreuses cayes qu'on nomme « Les Jardins du Rey » à la moindre menace. Il faisoit donc doubler les vigies dans les hunes de misaine & du grand mât en spécifiant bien que les jeux estoient désormais interdits & sévèrement punis pour ceux qui s'y adonneraient quand même, que désobéir à cet ordre pouvait entraîner une condamnation à mort.
Le Cayo Francès un peu en arrière du travers bâbord, Fleur de Lys vira au nord nord-est & s'engagea par dessus le Grand Banc sous voilure aisée. Alcide Lamare le pilote dirigeait le navire depuis la vergue de hune de civadière attentif aux bancs de sable juste sous la surface sur lesquels Fleur de Lys pouvoit toucher voire s'échouer. Il avoit lui-même, dans ses jeunes années servi sur une pinque qui s'estoit brisée les reins quand la mer avoit creusée le sable sous la quille après un échouage. De plus, tous à bord avaient en tête le naufrage du capitaine de Castillon.
A l'Est quart Sud de l'Archipel de Espiritu Santo. Fleur de Lys mouilla pour la nuit par onze brasses sur fond de sable & coquillages. La bonace obligea à rester tout le lendemain ainsi que la nuit & la moitié du jour suivant au mouillage sur le Grand Banc. Enfin on pu mettre à la voile & on entra le soir venu dans la rade de l'Isle de Saint André. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 13 Mai 2020 - 14:49 | |
| Talbot y vendit une partie de la cargaison & acheta des produits des Indes orientales entreposées dans les magasins de la colonie depuis que des corsaires en mal de piastres pour armer de nouveaux vaisseaux avoient vendu ici leur butin à vil prix. Tant de valeurs dans ses entrepôts faisoit suer d'inquiétude le négociant local qui craignoit plus que la peste une attaque des ruffians des Cayes de Floride où des Isles Lucayes. Il jugeoit à raison que des piastres seroient bien plus aisées à dissimuler & céda quantité de marchandises – autant que François disposa en pièces d'or où d'argent sonnantes & trébuchantes pour son dépens - à prix très raisonnable & François espéra pouvoir en tirer grand profit.
Le premier jour de Mai, la fluste Fleur de Lys appareilla & s'engagea peu après dans le Détroit d'Exuma. La fluste louvoya entre les isles. Si y-celles présentoient l'avantage de cacher la fluste elles avoient l'inconvénient de masquer aussi tous navire ennemy aux vigies du bord. Talbot décida donc de maintenir son vaisseau prêt à combattre où à s'esquiver. Un branles-bas quasi permanent en sommes, hormis pour ce qui concerne les fourneaux de la cambuse qu'on ne noya point pour pouvoir continuer d'offrir à l'équipage des repas chauds. Fleur de Lys doubla l'Isle de Yuma par le nord & mis ensuite le cap au sud, l'Isle de la Fortune gisant par le travers bâbord. D'après les cartes, Fleur de Lys devrait être sur la latitude de la Pointe Maizy à l’extrémité orientale de la grande Isle de Cuba. Un fort chebec espagnol qui estoit en vue par bâbord sur mêmes amures rassura grandement l'équipage, sa présence, telle une escorte, estant dissuasive à un ennemy isolé. Fleur de Lys fit donc de l'est sud-est & laissa à la tombée du jour l'Isle de Grande Inague par tribord. De nuit avec la pleine lune, la fluste vira sud-est pour doubler la Pointe Teste de Chien à l'extrémité orientale de l'Isle de la Tortue. Si les vents ne refusoient point, François juga pouvoir entrer à Port de Paix au lever du jour. Talbot vendit & acheta peu où prou. Le marchand avait lui-même abondance de produits de luxe & François ne pu se défaire de rien de ce qu'il avoit à son bord. Il en fut marri assez n'ayant plus de piastres en suffisance pour négocier d'autre fret.
A SUIVRE |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Dim 17 Mai 2020 - 14:17 | |
| Très faible brise, Fleur de Lys avec tout juste assez d'ère pour estre manœuvrante. François devoit faire changer d'amures pour doubler le Cap Saint Nicolas & pour ce faire approcher à moins d'une portée de pistolet les Trois Crocs qui affleurent l'eau à moins de dix toises (20m) du pied de la falaise. Pris d'une envie subite & irrépressible – les boyaux en grand désordre depuis le midi où il s'estoit régalé d'un poisson inconnu – il dit en grimaçant à Pierre Fournier le maistre d'équipage pour l'heure officier de quart ; - A vous la main pour virer Fournier. La barre dessous à vingt brasses au plus des Trois Crocs. Je dois impérativement me rendre dans les bouteilles. Il descendit l'échelle de dunette plié en deux, serrant les fesses & se tenant le ventre à deux mains. S'éstant soulagé, il sortit des bouteilles. A la deuxième marche de l'échelle de dunette, un choc terrible le projeta cul par dessus tête jusqu'à la porte de sa cabine. Un craquement sinistre couvrit les bruits habituels du bord. De toutes parts des cris s'élevèrent ; On a touché ! ... Nous sommes perdu ! ... Sauve qui peut ! … Le navire coule ! … Que le Seigneur ait pitié ! François s'ébroua, se tâta – rien de cassé - se redressa . Il se précipita sur la dunette. - Je suis horriblement marri capitaine. J'ai manqué à viré. Fleur de Lys est retombé dans le lit du vent & a touché un des Trois Crocs. En revanche, le choc l'a projeté sur les bonnes amures. Aucun dégât dans le gréement & Le Pulloc est parti faire l'inspection en bas. Un des aides de Michel Le Pulloc le maistre charpentier s'approcha. - Quatre pieds dans la sentine & l'eau monte vite, capitaine. - Merci Lebœuf. Fournier, faîtes armer l'archipompe. Le Pulloc arriva. - On a touché par bâbord avant entre les portes haubans de misaine & le bossoir d'ancre semble t-il & juste sous la grande préceinte. Mes aides sont après ôter le vaigrage pour voir l'ampleur de la voie d'eau. - Cadiou dites au maistre voilier de préparer un paillage avec ses aides. Le charpentier lui donnera les dimensions dès que possible. - Cinq pieds & demi dans la sentine. L'eau continue de monter malgré la pompe capitaine. - Nous avons trouvé la voie d'eau. Deux bordés entre la préceinte & la grande préceinte sont enfoncés sur une vingtaine de pieds. Juste en arrière du couple de coltis. - Lamare faites mettre en panne le temps qu'on frappe le paillage, l'eau s'engouffrera moins vite. - Fournier faîtes parvenir au voilier les dimension du paillage nécessaire pour aveugler cette voie d'eau. Qu'il en prépare ensuite un second pour doubler le premier. - Cadiou faîtes déplacer sur l'arrière toutes les pièces de canon ainsi que la cargaison.
Le transfert du poids sur l'arrière n'y suffit cependant point & il fallu déplacer à nouveau l'artillerie & les marchandises sur tribord pour donner une forte bande au navire.
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Dim 24 Mai 2020 - 13:51 | |
| C'est ainsi que Fleur de Lys bien trop mou parce que le cul trop enfoncé dans l'eau & qu'il falloit sans cesse mettre la barre dessous le vent ce, malgré que François avoit tenté d'y remédier en rectifiant le brasseyage du petit hunier, où en choquant les écoutes, où bien en carguant la misaine. Rien n'y fit ! La fluste en outre accusoit une gîte découvrant à bâbord quatre virures sous la grande préceinte. Elle se dirigea languissamment ainsi vers le fond du Cul de Sac de Léogâne. Las, les fonds estoient insuffisants avec un tel tirant d'eau arrière du fait de la cargaison & de l'artillerie repoussées en arrière du grand mât. Il fallut virer de bord & contourner l'Isle de Gonave par le sud en se gardant du banc de La Rochelois & parce qu'au sud d'y-celui les eaux n'estoient point non plus assez profondes.
Léogâne. François vendit fort bien les produits des Indes Orientales, pas moins de six milles livres de bénéfices par tonneaux de marchandises vendus & il en avoit vingt six dans les cales du navire ! Fleur de Lys fut abattu en carène au chantier naval lequel changea les bordés endommagés. François en profita pour faire gratter les fonds & les enduire de brai de pin de bonne qualité. A la mi Mai, la fluste quitta le Port. François avoit l'intention après avoir laissé l' Isle de Saint Domingue sur l'arrière, de courir vers la terre ferme méridionale. Après avoir doublé le Cap Rose la vigie de misaine annonça un fort chebec anglois & une frégate batave au nord de La Pointe de la Seringue. François fit lofer en grand & mouiller au crépuscule à l'est des Cayemites. A l'aube, le chebec anglois estoit seulement à 2 lieues dans le NO, le hollandois quand à lui n'estoit plus visible. François fit voile jusque dans la petite anse devant la paroisse de Nipes où il fit embosser la fluste. L'anglois, s'il s'engageait là, ne pourrait manœuvrer aisément dans ces eaux trop étroites & serait sous le feu des pièces de canon bâbord dont la bordée estoit bien supérieure au chebec tant en nombre de pièces qu'en calibre d'y-celles.
Le chebec ne se présenta pas dans l'anse de Nipes. François envoya le lendemain Pierre Cadiou en reconnaissance avec la yole. A son retour, le second lui apprit que l'anglois avait disparu sans doute parce que trois vaisseaux aux forbans estoient visibles dans le nord au large du Cap Saint Nicolas. Ce n'est qu'une couple de jours plus tard que Fleur de Lys s'aventura hors de l'anse de Nipes. La mer estoit à c't'heure vide, François demanda au pilote de calculer la route future. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 5 Juin 2020 - 16:51 | |
| L'Isle Navaza à deux lieues par tribord, la Pointe à Gravois visible sur l'autre bord. L'Isle Ranas autrement appelée les Grenouilles fut observée & reconnue juste comme le mousse Antoine retournait le garde-temps après un rappel sévère de Basile Legal le quartier maistre à la fin du quart du matin. L'Isle défila sur tribord à la méridienne.
Plus aucune terre visible durant la semaine qui suivit jusqu'à ce qu'enfin il fut observé & reconnu plusieurs navires qui portoient les couleurs des Provinces Unies, signe que Fleur de Lys approchait des Isles sous le Vent occidentales qui estoient aux bataves. Las, impossible d'en attaquer aucun, y-ceux estoient toujours sous le vent de la fluste. Talbot renonça à croiser en maraude sur cette route quand fut observée au loin une frégate de guerre de cette nation. Deux jours plus tard, les hauts reliefs de montagnes se profilaient sur l'horizon méridional que le pilote Alcide Lamare reconnu comme estant les Montagnes de Sainte Marthe. Le lendemain à l'aube le Cap des Aiguilles fut reconnu & Fleur de Lys mouilla dans la rade extérieure au levé du jour qui suivit.
La colonie manquait à peu près de tout hormis pour ce qui estoit des essences précieuses de bois de ces régions & Colin Falour, écrivain du bord, en négocia vingt cinq tonneaux à prix avantageux.
Le Chevalier René de Mercourt embarqua & aussi quatre frères cordeliers de l'ordre des augustins, un négociant en armes à feu avec ses échantillons & un autre qui vendait des élixirs de bois-bandé & autres herbes secrètes, toutes capables de rendre vigueur aux hommes défaillants. Il fut convenu que le Gentilhomme prendrait ses repas à la table du capitaine. Séraphin Lefort le valet de François Talbot s’accommoderait de la présence de Germain Lafleur le valet métis du chevalier.
Le Chevalier René s'avéra de suite un gentil & agréable compagnon, affable avec tout un chacun & qui se montra d'emblée fort curieux de toutes choses relatives aux navires & à la conduite d'y-ceux.
Fleur de Lys remonta ses câbles le jour de la Pentecôte. Au large, s'étant établie au nord elle fit rencontre avec deux corsaires. L'un d'eux, le capitaine Arthurio, vint se ranger presque bord à bord & au porte-voix informa Talbot que si il maintenait son cap actuel il allait donner dans une division anglo-batave située au delà de l'horizon & qui faisoit route au sud. Talbot décida donc de virer cap à l'est. Fleur de Lys relâcha le lendemain soir à Rio de la Hacha. Dans cette colonie, le bois précieux était encore à prix plus bas qu'à Sainte Marthe & Colin Falour engagea tout l'avoir du bord pour en acheter vingt tonneaux. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 10 Juin 2020 - 16:47 | |
| Fleur de Lys appareilla une couple de jours plus tard. Cette fois c'est une forte division françoise qui fut aperçue & reconnue. Trois frégates lourdes & tout autant plus légères.
- Comment donc faîtes-vous pour, apercevant un navire au deux tiers de la distance nous séparant de l'horizon, être certain qu'il s'agit d'un vaisseau armé en guerre & que non point un navire au commerce ? - Il y a plusieurs indices Chevalier mais en tout premier lieu c'est sa voilure. Voyez-vous, nous même, comme beaucoup de navires marchands, n'avons que deux étages de voiles si je puis dire. Les basses voiles que sont la grand-voile & la misaine, puis au dessus, les huniers. Certains ont un étage de plus, les perroquets. C'est assez peu usité au commerce car mâts & vergues de perroquets doivent pouvoir être dépassés - c'est à dire démontés & calés sur le pont ainsi que tout leurs gréements - au plus vite quand le mauvais temps menace. C'est une manœuvre qui demande un fort équipage ce dont ne dispose point un capitaine marchand. Hors, si ce capitaine tarde à prendre la décision de dépasser ces hauts mâts, le vent va certainement les emporter parce ce qu'ils sont fragiles ... & onéreux ! Les capitaines marchands, souvent propriétaires de leur navire, rechignent donc à s'en doter, la vitesse n'entrant point en ligne de compte dans ce métier. Au contraire des corsaires pour qui la vitesse est primordiale tant pour l'attaque que pour l'esquive. Les navires du Roy quand à eux, disposent d'arsenaux militaires bien pourvu dans lesquels ils peuvent s'approvisionner sans bourse déliée. Souvent même, ils ont encore un étage supplémentaire ; les cacatois. En outre, corsaires & navires du Roy ont des équipages pléthoriques pour dépasser où guinder ces hauts espars avec célérité.
Le 4, jour de la Sainte Clotilde, Fleur de Lys s'empara d'une gabare hauturière batave de plus de trois cents tonneaux. Un seul homme d'équipage perdit la vie au cours de l'abordage. Cent quinze tonneaux de marchandises furent transbordées dans les cales de la fluste sans compter le pillage de la drome (espars de rechange), des voiles, cordages, goudron, peintures, poulies ainsi que les vivres, les vins & spiritueux & le coffre de médecines. A après quoi Ooster Eems fut coulée à fond. Les quelques survivants dont plusieurs blessés qui furent soignés par Robert Delaunay le chirurgien, furent enfermés dans la cale avant de la fluste, François jugeant que l'Isle de Curaçao était bien trop proche, que la division aperçue quelques jours plus tôt y relâchait peut-être & que c'était courir trop grand risque de les abandonner dans un canot qu'ils pourraient terrir rapidement pour donner l'alarme.
Le 6 par 14°30' de latitude nord & sur la longitude estimée de Curaçao, la vigie de misaine observa une voile sur l'horizon par le bossoir bâbord. Pierre le second & François reconnurent cet inconnu pour être un grand chebec distant de quatre lieues & courant grand largue sur amures opposées. Une saute de vent de sud-est permit d'en découvrir le pavillon flottant à la drisse de pavillon d'artimon ; noir !
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Jeu 11 Juin 2020 - 16:04 | |
| Que faire si loin de tout havre ? Sinon préparer Fleur de Lys au combat. Si le vaisseau des forbans naviguait seul, Fleur de Lys avait de bonnes chances d'y résister voire même d'avantage. Par contre, si le pyrate avait des comparses au delà de l'horizon alors A Dieu va ! Fleur de Lys vendrait chèrement sa peau. Les ponts furent dégagés, les parcs à boulets approvisionnés, les coffres d'armes ouverts, & Evariste Lesueur le canonnier prépara des gargousses supplémentaires tandis que les servants ôtaient les tapes de bouche des pièces & piquetaient les boulets pour en ôter la rouille. Des chaînes furent frappées par les aides du bosco Benoit Vidal pour doubler les suspentes de basses vergues pour le cas où y-celles viendraient à être sectionnées & éviter que ces lourds espars ne chutent sur le pont.
Le navire pyrate nommé « Intrépide » - il était bien plus manœuvrant & rapide que la flûte - se plaça sans difficulté à portée & ouvrit le feu sur Fleur de Lys. Le chef des coquins maîtrisait bien son vaisseau & fit en sorte de ne jamais rester assez longtemps dans la ligne de tir des bouches à feu d'un plus fort calibre de Fleur de Lys au grand dam d'Évariste Lesueur qui avoit toutes les peines à retenir les chefs de pièces de gaspiller inutilement la poudre qu'il n'avait pas en si grande quantité dans la sainte barbe.
Après une demi douzaine de volées ayant offensé sérieusement le gréement de Fleur de Lys qui à présent dérivait & tué où blessé plus de trente hommes, le vaisseau noir se plaça juste hors de portée & orienta sa voile d'avant « à contre » pour empanner. Celui qui commandait fit mettre une yole à l'eau laquelle il dépêcha vers la fluste sous pavillon parlementaire. Le patron du canot était porteur d'un pli à l'attention de Talbot.
Votre dérive aura eu le malheur de nous faire croiser sous des latitudes similaires. J'ai ouvert le feu sur votre bâtiment, en guise de mise en garde. Je ne souhaite pas vous couler ou mettre à mort votre équipage. Mais je ne refuserai nullement de me servir dans vos coffres. Je vous écris donc pour que nous puissions trouver un arrangement, qui ne se termine pas par de la poudre et du sang. Abaissez votre pavillon, je viendrai à votre rencontre. Versez moi les trésors que vous transportez, et je vous promets de vous laisser le reste de vos possessions, et de couvrir votre retour en port ami.
En guise de souvenir de notre rencontre, je vous donnerai un collier qu'il vous suffira de brandir la prochaine fois que nous nous croiserons : je passerai alors mon chemin.
Thomas Drake
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 16 Juin 2020 - 13:57 | |
| François s'exclama - Amener mon pavillon ! Le fat ! L'outrecuidant coquin ! Penser que je puis, moi François Talbot, avec 36 pièces de canon, me rendre à merci devant un faquin tout juste bon à rançonner des barques de pêche ! Talbot griffonna une réponse ;
J'ai moins de douze milles piastres à bord & que les cent cinquante tonneaux de fret qui sont en cale sont pour un coquin de piètre intérêt d'autant que son chebec surchargé d'hommes n'a quasiment point de cale disponible. Ma seule fortune c'est mon navire & plutôt le couler à fond que de vous céder. François Talbot
Il fit remettre ce pli par Séraphin Lefort son valet au parlementaire dont la yole était toujours crochée sous les porte-haubans d'artimon bâbord.
A ses officiers & au Chevalier - lequel était accepté sur la dunette - & qui tous se pressaient autour de lui ; - Je n'amènerai point, il va sans dire, le pavillon. Je viens de lui répondre que nous n'avons aucune richesse à bord. Me croire où non ? & décider si le le gain en vaut les risques … S'il approche nous ferons feu de toutes nos pièces chargées à mitraille ainsi que de nos mousquets. La nuit ne va point tarder & nous pourrons remettre de l'ordre à bord & faire les réparations les plus urgentes sans subir le feu de ces mâtins. Demain, je crois que la journée sera déterminante. Où bien ils voudront en finir, où bien, ils fileront la queue entre les jambes sans demander leur reste. - De plus capitaine, ajouta Cadiou, nous sommes ce que me semble un bien gros morceau pour eux & je doute qu'ils souhaitent s'attarder longtemps si proche des Isles sous le Vent & des costes de la terre ferme où ils peuvent craindre l'arrivée impromptue de quelque corsaire voire même d'une escadre puisque y celles semblent pour l'heure assez actives dans ces eaux.
Cadiou avait fait juste présage. Au lever du jour un corsaire d'Espagne estoit en vue par l'arrière du travers tribord & Talbot fit donner du canon à blanc sous le vent pour alerter y-celui qu'il se passait quelque chose. L'inconnu ne varia en rien le réglage de ses voiles.
Fleur de Lys avait des rechanges de voiles en suffisance – suite au pillage de la gabare batave - & un jeu complet avait été envergué pendant la nuit. Le gréement avait aussi été réparé du mieux qu'il se puisse, il y avait ça & là quelques « queues de vaches » pour témoigner d'un manque de temps pour des épissures de bon aloi.
L'Intrépide était à près de quatre milles, tribord amures avec belle gîte, route plein nord. - Le chef des coquins abandonne donc la partie. Ha ha ha ! - Cadiou faîtes distribuer « la double » ! - Legal, cap sud-est ! - Lamare, rejoignez moi dans la chambre des cartes après la double ! - Messieurs, je vous convie tous pour le déjeuner. Faîtes passer pour Séraphin. - Que j'vous apporte du café et que j'ai entendu. Puis plus bas en ronchonnant ; « Et qui c'est qui va courir & suer pour que tout soit prêt à temps ? Toujours les mêmes» ! |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 8 Juil 2020 - 16:34 | |
| Fleur de Lys naviguait depuis le lever du jour dans le Golfe Triste. La fluste empanna sur grand hunier à un bon mille de Puerto Cabello & attendit que la capitainerie lui envoie le lougre des douanes. A la lunette, Talbot vit y-celui quitter l'embarcadère du Castillo San Felipe & venir adroitement s'accoupler à tribord. Talbot se tenait à la coupée des porte-haubans d'artimon pour accueillir l'officier chargé de contrôler livre de bord, registre des rôles, patentes, lettres de connaissement & passe-ports des passagers souhaitant débarquer – dans ce cas, deux des frères cordeliers & le marchand d'élixir.
Un médecin se trouvait aussi sur le lougre qui monta à bord pour vérifier sur les registres de Robert Delaunay le chirurgien qu'aucun cas de fièvre ne sévissait où n'avait récemment sévit à bord.
Fort de tout cela, la fluste fut autorisée à aller mouiller à l'aplomb de l'Iglesia del Rosario dont le clocher qui se détachait nettement sur le front de mer servait d'amer.
Pour obtenir l'autorisation de s’amarrer dans la rade intérieure, Talbot devait se rendre au Fortin Solano qu'on voyait en arrière de la bourgade & qui la dominait depuis un morne, plus une forteresse qu'un fortin d'ailleurs vu sa masse imposante & dans laquelle résidait le gouverneur militaire, seule autorité compétente pour délivrer ce droit d'entrée aux vaisseaux étrangers fussent-ils de commerce. François loua un âne pour s'y rendre puisqu'il ne trouva aucun cheval disponible & qu'il se voyait mal sous ce soleil de plomb traverser à pieds tout le bourg & grimper le chemin sinueux & raide qui y menait. L'entrevue se passa fort bien. Il obtint même le droit de hâler Fleur de Lys dans la rade de l'Arsenal sur l'arrière du Castillo San Félipe pour y charger trente canons longs de neuf livres lesquels étaient destinés à armer une frégate sur l'Isle de Sainte Lucie.
La frégate de Sainte Lucie, loin d'être prête - elle n'avait encore point ses mâts - François décida de croiser en maraude sur la route commerciale ennemie allant de l'Isle Tobago qui estoit aux anglois aux Isles sous le Vent les plus occidentales y-celles étant occupées par les hollandois.
Une violente tempête surprit la fluste comme le Cap Cordelera glissait par tribord arrière, la Roche blanche défilant sur bâbord à moins d'un demi mille. L'Isle de La Tortue Salée venait d'être observée & reconnue à une couple de lieues par le bossoir bâbord.
Alcide Lamare le pilote qui était de quart fit choquer partout & envoyer tout le monde sur le pont pour affaler & ferler toute les voiles hormis la grand-voile d'étai a deux ris. Talbot qui venait de rejoindre la dunette donna aussitôt l'ordre à Benoit Vidal de sortir la grande ancre de miséricorde pour la mouiller au plus vite. Vivement Vidal ! Prenez tout le monde nécessaire. Ce coup de chien de sud-est va nous repousser sur Roche blanche. Il y eut quelques quelque membres luxés & aussi des mains & pieds écrasés pour parvenir à sortir cette lourde ancre de la cale. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 17 Juil 2020 - 15:59 | |
| Deux jours après le coup de chien, lequel n'a occasionné aucun dommage sérieux, à la méridienne l'octant indiqua 14° de latitude Nord & que fut estimée la longitude à 67° ouest d'après les routes suivies & les vitesses indiquées sur le journal de loch, une voile fut observée & reconnue une couple de sablier plus tard. Un trois mâts au commerce sous pavillon anglois de près de septante pieds, jaugeant un peu plus de cent tonneaux. Fleur de Lys s'en empara. Deux bons gabiers passèrent de vie à trépas, l'un embroché par une demi pique ennemie en sautant sur son pont l'autre après un mauvais coup de cabillot sur la tête pendant la mêlée. Tous à bord s'ébaubir assez de l'entrain du Chevalier René lequel avait insisté pour participer à l'abordage alors même que, passager, s'il était tenu de défendre ne serait-ce que ses propres biens, n'avait nulle obligation à se mettre en danger dans une action offensive.
Dans la cabine du Marlow, le quartier maître découvrit une cassette qui contenait de la poudre d'or (*) pour près de quatre milles piastres. Les cales furent pillées avant que Blaise Le Pulloc le charpentier n'en défonce les fonds avec ses aides pour couler à fond la corvette. Les possessions hollandoises estoient juste derrière l'horizon sud & François ne souhaitât point que l'alarme y fut donnée trop tôt par les fumées de l'incendie de la prise visible de très loin par ce trop léger nordet qui allait faiblissant annonçant la bonace.
Par 14° de latitude Nord & sur la longitude estimée de Sainte Croix, Fleur de Lys s'empara d'un fort senau aux anglois de nonante cinq pieds & jaugeant trois cents tonneaux. Juste comme l'équipe d'abordage du quartier maître se redressait pour lancer les grappins & crocher les corbeaux, l'anglois, fort de sept canons de 4 livres sur sa bordée ouvrit le feu. Dix Fleur de Lys dont le quartier maître Basile furent fauché par la mitraille. L'anglois fut pris. Graph était une prise plus riche que la précédente & elle fut incendiée dès le transbordement de la cargaison exécuté par les prisonniers du Marlow & du Graph.
Trois jours plus tard, une autre proie fut prise & pillée, Bantum un petit senau anglois. Il manquait à l'issue de sa capture 16 hommes d'équipage & la cale avant étaient encombrée de près de cinquante prisonniers.
Un pinque hollandois de plus de cent pieds & de 300 tonneaux de jauge le Trompenburg fut pris début Juillet. Il avait dans son coffre 8200 piastres en pièces d'argent & poudre d'or & ses cales renfermaient plus de deux cents tonneaux de marchandises diverses. On mis à fond de cales encore dix sept bataves . Vingt deux hommes de Fleur de Lys manquaient à présent.
Les gouverneurs de Bon Air & de Aruba eurent connaissance par les pêcheurs de la présence d'un isseau de course francois dans leurs eaux & n'ayant aucun corsaire à eux présent, dépêchèrent chacun leur chasses-marée pour s'emparer d'y-celui. Plutôt qu'une attaque conjointe sur les deux bords qui leurs eusse données quelques chances de succès, les capitaines des chasses-marées, le dogre armé Justina Johanna et le lougre Krijgsman optèrent pour un « chacun pour soi » & firent tant & si bien que les deux furent abordés & pris par celui qu'ils devaient capturer. Il manquait à l'issue du dernier combat trente deux hommes d'équipage & les cales étaient pleines où peu s'en faut. L'eau & les vivres commençaient aussi à manquer – les deux chasses-marées n'offrant que peu où prou puisque ne devant jamais s'éloigner de leurs ports d'attache respectifs - & que la cale avant de Fleur de Lys était à présent encombrée par octante six prisonniers qu'il fallait bien se résoudre à nourrir pour observer les lois de la guerre. Talbot décida donc bon gré mal gré & plutôt mal que bon à mettre un terme à si fructueuse entreprise de course. Il fit mettre le cap sur Sainte Lucie où Fleur de Lys mouilla trois jours plus tard à Grand Cul de Sac où elle allait pouvoir livrer les canons destinés à la frégate en chantier.
Tous à bord furent quelques peu marri quand le Chevalier René parvenu au terme de son voyage débarqua. Il avait su se concilier l'amitié de tous à bord, du capitaine aux mousses.
(*) Très fréquent. Les marchands préféraient la poudre d'or plus aisée pour payer que des pièces (plus difficile pour faire l'appoint exacte même avec les pièces de huit qu'on pouvait diviser)
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| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mar 21 Juil 2020 - 14:54 | |
| Fleur de Lys borda ses huniers, remonta ses câbles. Elle déferla misaine & grand voile en s'établissant au nord pour doubler le Gros Cap puis de là, courue droit sur l'Isle de Martinique. Le lendemain, pendant la deuxième horloge du quart de jour, elle doubla au sud-ouest de l'isle, la Pointe du Diamant pour entrer en fin de journée dans la Baye de Carénage.
Après les inspections des officiers des douanes de l'Octroi de Fort Royal & d'un des docteurs du lazaret, Talbot put débarquer avec quelque uns des officiers du bord. Lui, accompagné de Colin Falour l'écrivain & de son valet Séraphin Lefort portant tous deux les livres & documents du bord, avait à rendre les visites officielles ; capitainerie du port, commandant d'armes pour les prisonniers pendant que son second Pierre Cadiou devait s'occuper à compléter l'équipage, prendre contact avec le capitaine des prévôts pour remettre les prisonnier. Y-celui vint lui-même les quérir au pied de la coupée avec une compagnie franche de la marine. A faire enfin les démarches nécessaires auprès de l'intendant du magasin d'avitaillement.
Le canonnier Evariste Lesueur quand à lui s'en fut au parc à boulet de l'arsenal pour compléter ses boites de biscaïens, grenades & pots à fumée. La poudre, elle, avait été récupérée dans les Saintes Barbe des prises, quand aux boulets, Fleur de Lys n'en avait point utilisée.
Le chirurgien Robert Delaunay remettait les quelques malades sérieux – séquelles de la syphilis pour la plupart - & les blessés les plus graves à l'hospital du couvent des Cordeliers. Il compléta aussi son coffre de médecine à l'apothicairerie des sœurs de celui des Ursulines.
François ordonna à l'écrivain Colin Falour de rédiger trois copies de la liste des marchandises du navire pour les remettre aux marchands les plus importants de Fort Royal & de Fort Saint Pierre au nord-est de l'isle. Colin maugréa pour se qu'il aurait à se rendre à Fort Saint Pierre avec la gigue du bord gréée & qu'il avait horreur de ces petits esquifs où l'on était sûr d'y être trempé par les embruns dès qu'on devait serrer le lit du vent.
Côme Ancelin l'un des négociants de Fort Saint Pierre, à vrai dire le plus important de l'isle acquit cinq cent nonante quatre tonneaux de marchandises pour deux cent deux milles livres Tournoi soit quatre vingt sept mille trois cent trente cinq piastres. Il refusa cependant une centaine tonneaux en armes à feu, café, cognac, blé d'inde & fripes qu'on trouvait sur place en abondance. Il obligea un peu François en le dirigeant vers le patron d'un brig qui devait lever l'ancre dans cinq où six marées pour se rendre à l'Isle de Guadeloupe lequel se ferait fort assura t-il de les négocier là-bas. Il en offrit douze milles piastres. Côme Ancelin, quelques jours plus tard, dit à François qu'il rencontra dans une taverne, que le patron du brig en avait tiré quinze mille quatre vingt trois piastres … & que le patron de ce brig n' était autre que son plus jeune frère. Ainsi va le commerce » dit-il dans un rire.tonitruant qui secoua toute sa grande carcasse. « Allez, je vous offre le pot en toute amitié ». Voyez-vous monsieur Ancelin rétorqua François avec un sourire un peu moqueur, ce fret n'est que butin pris sur l'anglois. Il ne m'a donc coûté que quelques hommes & un peu de poudre … & j'accepte avec plaisir votre offre comme votre amitié. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Mer 12 Aoû 2020 - 15:20 | |
| Le lourd navire – Fleur de Lys jaugeait plus de mille tonneaux – grand largue, bâbord amures, traçait un court sillage sous ourse, grand & petit huniers, civadière & son hunier. Émergeant par le capot du clair-obscur qui régnait dans le faux pont, François fut ébloui par la blancheur des voiles sur le ciel azuré. Présent sur la dunette, le maître de navigation Alcide Lamare dirigeait la flûte & Philibert Jourdain le quartier maître se tenait près du barreur, qui pour l'heure estoit l'écrivain Colin Falour & nettoyait précautionneusement la boite de navigation & son précieux instrument, le compas.
- Jourdain ! Envois donc un coup de loch quand tu en auras terminé. Prend avec toi le bouais (*) … J'ai oublié son nom … le rouquin … pour lui montrer. - Bien capitaine ! Le rouquin c'est Antoine. L'autre, le mulâtre c'est Joseph précisa le quartier maître. - Justement, ce … Joseph, dis-lui de rejoindre Séraphin & Blaise pour les aider à préparer le dîner. Mon valet & mon coq semblent débordés chaque fois que j'invite à ma table. Le petit rouquin le rejoindra quand tu en auras terminé avec lui ». Puis d'un air amusé ; « Prend garde qu'il ne s'arrache un bras avec le touret ». - Ça risque pas à cette vitesse capitaine. J'dirais trois nœuds tout au plus. - Quatre ! rétorqua Alcide Lamare. - Trois où quatre ? Allez le perdant devra offrir une bouteille pour le dîner !
Antoine & Joseph les deux mousses, avoient embarqué à Fort Saint Pierre pour complaire au sieur Ancelin. François pensait que fort probablement ils fussent des bâtards du négociant & il voulait rendre ce menu service pour obliger le roué géant.
Le soir autour de la table de la grand-chambre. - Trois nœuds & demi ha ha ha ! Ni Alcide ni Philibert n'ont gagné. Nous aurons donc messieurs deux flacons de mon excellent armagnac – qu'il va s'en dire, je retiendrais sur leurs parts – qui nous sont offerts pour clore dignement ce dîner. Séraphin va chercher y-celles dans ma réserve personnelle. Allons messieurs ouvrons les hostilités avec ce potage de tortue qui pour être apprécié à sa juste valeur doit être dégusté très chaud m'a t-on assuré.
Une biguine croisée au large des Isles des Saintes nous fit signe pour qu'on la laisse aborder. Le patron pêcheur vint à bord & nous apprit qu'un grand chebec aux anglois mouillait sur la coste est de l'Isle de la Dominique. François appela Alcide le pilote & précéda le patron de la biguine un dénommé Rosaire l'Eveillé dans la chambre des cartes. Voici la carte de La Dominique, montre nous où se trouve le chebec anglois. Rosaire fit glisser son doigt le long de la coste Est. Là dit-il c'est le Morne aux Frégates & là, le Cap François Menteur. L'anglois se trouve entre les deux, ici exactement. Il est ancré tout près du rivage. Je dirais … 10 perches (65 m), les fonds sont très vite important par là-bas. François fit servir du vin & des biscuits par Séraphin son valet à l'équipage de la biguine tandis que lui-même en offrit aussi à son invité.
Fleurs de Lys fit route & mouilla plus au nord à la Pointe du Capucin. Talbot décida d'attaquer l'anglois au petit jour. Las, alors même que les gabiers dérabantaient les huniers, les vigies aperçurent le-dit chebec qui doublait avec la brise de terre la Pointe du Capucin & vent portant entrait dans le Canal de La Dominique. C'était un vaisseau trop rapide pour que Fleur de Lys puisse y donner la chasse.
(*) Un bouais est à la marine de commerce ce qu'un mousse est à la marine de guerre.
Dernière édition par Talbot le Mer 21 Oct 2020 - 14:14, édité 1 fois |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Jeu 3 Sep 2020 - 15:29 | |
| Rivière de La Cayenne. Je me nomme Gaspard Bonnefoy natif de Trois Rivière en Nouvelle France. Ce jour-d’huys j'a déposé mon baluchon – j'a point de coffre puisqu'à La Cayenne depuy cinq mois par fortune de mer. Déposé mon baluchon dis-je, à bord de la fluste de mil tonneaux Fleur de Lys qui navigue au commerce interlope & parfois aussi faisoy la guerre de course. J'a été recommandé au capitaine Talbot par Monsieur le Lieutenant-Major Clément Longueville qui commande la garnison du fort Cépérou & avec qui je suis pris d'amitié. C'estoit un « pays » natif de Gaspé sur le Golfe du Saint Laurent & il m'avoit fort aimablement offert le pot & le logis à mon arrivée ici comme prisonnier de l'angloy qu'un naufrage à rendu libre. Libre mais impécunieux.
J'a signé le Livre de Rôle comme écrivain à deux parts & demi & aussi secrétaire du capitaine y-celui itou un pays nommé François Talbot & luy natif de Ville-Marie. Le capitaine Talbot après une page de copie d'une minutieuse description d'une coste & une autre toute de calculs de parts de prise & de taux de change m'a félicité pour ma belle écriture pleine de rondeur & agréable à l’œil.
Je succède ainsi au sieur Colin Falour. On m'a rapporté que pris de boisson ce Falour a chuté par le panneau central. Outre qu'il se soye fracassé en plusieurs endrois les quatre membres, il avoy surtout un vilain enfoncemens du crâne pour lequel le chirurgien du bord M. Robert Delaunay s'estoy sans forfanterie aucune déclaré incompétent à y remédiez. Je l'a point vu avant qu'il soye transporté plus mort que vif au couvent des Ursulines où il y a un hospice & où officie comme médecin un moine de la Compagnie de Jésus. J'a ouïe dire de ce jésuite pendant mon séjour icy beaucoup de biens dans la pratique de son art.
La fluste vient de l'Isle de Martinique & elle s'estoy durant le passage emparé de deux navires ennemy d'une centaine de tonneaux. Après avoir négocié le butin de cette campagne de course - « médiocre » aux dires de tous à bord - le capitaine a acheté plus de cinq cents tonneaux de fret divers pour une valeur ai-je rapporté sur le registre du bord de 736 656 livres Tournoi ! Une fortune & si telle confidence venoy à s'ébruitez elle estoy de nature à attirez fort déplaisante rencontre en mer.
Fleur de Lys fut déhalé jusqu'à l'embouchure de la Rivière de Cayenne derrière la Pointe Saint François dans l'attente de vents favorables. Elle resta à évitez sur son ancre tribord trois jours & trois nuit. J'eus tout le loisir de faire plus ample connaissance avec mes compagnons du carré qui m'invitèrent tour à tour à boire du vin de leurs réserves personnelles. Tous sont assez pourvu de piastres & aucun ne regrette d'avoir signé le Livre de Rôle.
Fleur de Lys remonta enfin son câble le 15 du mois d'Août au matin & dès les eaux libres vira nord-est-quart-nord par belle brise de sud-est à huniers.
Une couple de jours plus tard un aide du quartier maistre avoy depuis peu piqué les trois coups du quart de l'après midi quand la vigie de grand-hune annonça ; - Voile par tribord devant ! On découvrit une horloge plus tard – du moins ceux à bord qui avoy l'heur de possédez une lunette & le second Pierre Cadiou comme cadeau de bienvenue à bord m'en avoy offert une de belle facture angloise acquise lors d'un pillage - qu'il s'agissoy d'un grand brig-senau de quelques trois cents tonneaux. Le pavillon hollandois nous faisoit la nique à la pomme de son mât de misaine ainsi qu'un autre au mât de pavillon si grand qu'il trainoy presque dans le sillage. On avoy l'avantage puisque sous le vent à lui & le capitaine Talbot commanda de faire portez pour luy courir sus & au tambour de battre la générale & l'on fit le branle-bas. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 7 Sep 2020 - 16:05 | |
| On y voya un peu plus de soixante hommes à son bord & que sa muraille estoye percé de sept sabords & autant sur l'autre - pour des pièces de 4 livres de charge au dire de Evariste Lesueur le maistre canonnier - quand nous même luy faisoy montre de 36 bouches à feu d'un calibre plus importans. Cependant le sot n'amena point ses couleurs & nous fîmes donnez du canon. Après quelques bordées meurtrières qu'on luy envoya, notre second M. Cadiou à la teste de l'équipe d'abordage sauta sur son pont & s'en rendy maistre. Nous ne déplorâmes dans cette affaire que 3 tués & quelques blessés.
Le coffre du brig contenait dix neuf mil quatre cent cinquante huit livres Tournoi en poudre d'or & si la cargaison estoye de piètre valeur le capitaine ordonna tout de même qu'on la fasse transbordez dans nos cales par les prisonniers du Van Speikk ainsi que se nommoy ce brig-senau. On pilla aussi vivres, voiles, cordages, brai, étoupe, goudron & tout ce qui pouvoy estre utile avant que de boutez le feu dans ses fonds. Le capitaine fit distribuez « La Double » ainsi me dit-on qu'il estoye d'usage à bord de Fleur de Lys après telle entreprise.
A 24 milles dans l'est de San Toma & au delà des sondes c'estoy une frégate marchande aux angloy de quelques trois cent vingt tonneaux avec ses flancs percés pour 24 canons & un équipage de cent vingt hommes qu'on aborda & qu'on pilla. Les bougres s'estoyent retranché dans le gaillard arrière & l'affaire pour les mettre à raison coûta la vie à neuf des nôtres. On l'incendia par 9°30 de latitude Nord et 59° estimé de longitude Ouest. Les cales de la fluste après le tranbordement, dès lors pleines jusqu'aux panneaux & encore que nombre de futailles, caisses & autres balles de marchandises diverses estoyent arrimé entre les canons de douze livres du pont batterie. Avec les bataves du brig, c'est quarante deux prisonniers qui estoyent à présent à bord & nous dûmes les serrez dans le coqueron & la soute aux câbles sous la flottaison, sans lumière, dans l'odeur fétide de la vase collé aux câbles & la chaleur moite de ces espaces sans air.
le capitaine & le maistre de navigation Alcide Lamare calculèrent une route pour amenez la fluste dans un port françois.
La bonace se fit le premier jour de Septembre & la fluste resta encalminé à quinze milles dans l'est de l'Isle de La Trinité. En début de nuit du 3 un fort coup de vent de nord nous obligea à mettre à la cape alors que les estimations du capitaine & du maistre plaçait Fleur de Lys à 20 milles S. S-E. De la Martinique.
Le temps s'assagit & nous pûmes faire route pour prendre le Canal de Sainte Lucie que nous franchîmes juste avant le lever du jour.
Saint Pierre de l'Isle de Martinique. Nous mouillâmes au petit jour à L'Anse Turin face à la cathédrale de l'Assomption. Il n'y a là ni quai ni débarcadère & nous dûmes après les formalités transbordez prisonniers & marchandises avec notre chaloupe & une barge du port.
Le capitaine m'ordonne de ne vendre icy que marchandises en pénurie. Le maistre d'équipage qui fait la même taille que moi me prête pour remplir mon office une vêture plus digne que mes oripeaux de marin de pont. Je me rend donc à terre négociez avec les marchands du cru la vente de 50 setiers de fruits confits, de 10 lingots d'or, de 3 caisse de porcelaine de Chine d' un millier (1000 livres soit 489,5 kg chaque) & de 40 setiers de suif pour une valeur totale de 256161 livres Tournoi. Me voici donc à la tête de 159 livres Tournoi que sont mes deux parts & demi. Je va donc pouvoir me rendre dès que possible chez un fripier, un chapelier & un armurier pour me constituer un paquetage & cessez ainsi d'estre redevable à mes compères du carré. Jusqu'à présent, je deva me taillez chemise & pantalon dit « de Nankin » avec la toile fine dont le voilier disposait. Je va pouvoir aussi achetez un quartaut (68,5 litres) de vin pour rincez mes compagnons en remerciemens des bontés qu'ils m'ont faites. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Ven 18 Sep 2020 - 18:20 | |
| On appareilla au soir du 9 Septembre Fleur de Lys très haute sur l'eau puisque sur lège. Le capitaine Talbot avoy néanmoins décidé de mettre sous voile malgré un coup de vent de sud-est. Grand & petit huniers arisés furent rapidement hissés & brassés. La fluste tout juste sorti de la rade, déploya prestement hourse & civadière. En route bâbord amure vers le Gros Islet, elle vira en direction des Petits Saints dont les masses sombres défilèrent bientôt sur bâbord. La misaine claqua lourdement en prenans à son tour le vent. Un aide de Alcide Lamare le pilote frappa les trois fanaux de reconnaissance sur la drisse à pavillon du grand-mât & Evariste Lesueur fit donner du canon à poudre sous le vent pour saluez le Fort Charles. Les artilleurs de la batterie sur l'esplanade du mât aux pavillons répondirent pour souhaitez bon voyage à Fleur de Lys.
Le capitaine s'approcha de la roue du gouvernail tenue par le nouveau quartier-maistre Philémon Jolicoeur un mulâtre natif de la paroisse de Sainte Luce au sud de l'Isle de la Martinique. - Sud-ouest quart ouest Monsieur Jolicoeur. Il prena ensuite le porte-voix accroché à l'habitacle du compas. - Monsieur Vidal ! A étarquez partout comme ça ! Là-bas sur le gaillard avant j'entenda la voix puissante du bosco hurlez ses ordres accompagné sans doute comme à son habitude d'une volée d'injures mais je n'en comprena point les termes tant le vent siffloy puissammens dans le gréement.
Fleur de Lys prit de la gîte au point que la grande préceinte affleura la surface de l'eau . J'estima qu'elle estoit de près de vingt degré & que la mer risqua de s'engouffrez par les sabords & d'engagez le navire comme on dit. C'est à dire que se remplissans de mer il ne pouvoy plus se redressez. Comme s'il avoit lu dans ma teste, le capitaine fit mandez sur la dunette le charpentier Gaël Le Pulloc. - Monsieur Le Pulloc, une rafale scélérate risquerait d'engager la fluste. Faites condamnez les mantelets des sabords sous le vent & aussi frappez des prélarts entre la grande préceinte & les porte-haubans. Je rejoignis ma cabine dans l'entrepont où là itou, le chant aigu du vent dans le gréement – les vibrations estoyent retransmises des galhaubans à la coque par les cadènes - transformant le vaisseau en une immense caisse de résonance. Il falloy pour estre compris une voix tonitruante comme seul un bosco où un capitaine estoyent naturellemens dotés.
Par 17 degrés nord de latitude & 64 estimé de longitude selon le maistre Alcide Lamare nous capturâmes un brig senau aux bataves, le Nieuland. . Le bougre avoy deviné notre vraie nature quand nous l'approchâmes sous pavillon danois. Nous fûmes cueilly par deux bordées de mitraille qui nous tuèrent six hommes & en blessèrent tout autant. Deux autres encore passèrent de vie à trépas lors de l'abordage qui suivit. On trouva près de six mil cinq cents piastres dans le coffre. On fit 21 prisonniers qu'on utilisa à transbordez la cargaison de blé, de cordages, d'indigo & aussi de minerai d'or & ce, sans ménagemens aucun – pour ce qu'ils avoy tué plusieurs des nostres.
On faisa escale à la colonie de Fort Saint Jean sur l'Isle de Sainte Croix où l'on se débarrassa des prisonniers auprès des soldats de la Compagnie du Ponant & où l'on chargea du fret jusqu'aux panneaux d'écoutilles & destiné à Saint Jean de Porto Rico port espagnol proche mais avec le passage réputé dangereux par la proximité de Charlotte Amalie port de hors la loi sur l'Isle de Saint Thomas. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Lun 2 Nov 2020 - 15:07 | |
| Depuis qu'on avoy remonté nos câbles dans la Baye de Fort-Saint-Jean, Fleur de Lys bourlinguait à travers la Mer des Antilles en direction de la Terre Ferme Méridionale. Nous pillâmes ce faisant trois senaus hollandois & un brig anglois y-celui qu'on incendia point pour ce qu'on y déposa les trente sept prisonniers de nos prises antérieures.
On relâcha à Carthagène-des-Indes à l'ouest de l'embouchure de la Rivière Madeleine. C'est une grande cité espagnole défendue par le Fort San Felipe de Barajas. Ici réside le Vice-Roy de Nouvelle-Grenade. On vendit fort bien tant la cargaison que le butin. J'a accompagné le capitaine Talbot à la Cathédrale Santa-Catalina-de-Alejandría pour y faire des offrandes.
Le jour de la Saint-Luc nous mouillâmes à Léogane dans l'Isle de Saint-Domingue. Nous y perdîmes là Delaunay notre Chirurgien qui posa son coffre à terre après avoir été honteusement dévoyé par le gouverneur M de Vernieul qui lui proposa avantageusement - & ce, alors même qu'il dut abandonnez plusieurs mois de solde & toutes ses parts de prise - pour dirigez la maladrerie de la colonie. Perte sensible pour tous à bord, non point qu'il fut particulièrement apprécié mais tous aimons à savoir qu'un chirurgien estoy parmi nous pour guérir de nos maux & de nos cabosses.
Nous sommes allé mouillez à Port-de-Paix que d'aucun nomme Port-Margot pour commercez & aussi y trouvéz peut-être un chirurgien. Que nenni pour ce qui estoy d'un élève d'Esculape ! Port-de-Paix n'est qu'un gros bourg mais doté d'un excellent mouillage. Le capitaine Talbot à acheté pour sa réserve personnelle un tonnelet de sirop d'érable à un flibustier de Nouvelle France qui radoubait icy. Je m'en suis régalé le lendemain matin puisque notre cher capitaine tient « table ouverte ». C'est succulent, meilleur même que la mélasse noire ce qui est peu dire.
La fluste à remonté Les Isles Lucayes. Navigation dangereuse de par ses haut-fonds & surtout par la menace constante des marauds qui souvent se tiennent embusqués parmi les innombrables cayes, îlots & bancs de sable pour fondre sur les proies de passage. C'est pis encore dans les Isles Bahamas où les marauds y tiennent des places fortes de part & d'autres du nouveau canal ouvrant de la Mer des Antilles sur la Mer Océane Escale bien inutile à Espiritu-Santo où une division de notre marine y relâchait pour se complétez en hommes, en eau douce & en vivres. Pour nous, aucune transaction commerciale raisonnable dans ce comptoir. C'est en la sûreté de plusieurs vaisseaux de la division navale que nous reprîmes la mer. Des eaux où sont des colonies angloises & hollandoises en sus de la proximité des repaires de pyrates. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Dim 15 Nov 2020 - 16:12 | |
| Nous franchîmes le Tropique du Cancer vers les deux coups du premier quart de nuit soit vingt deux heure. Au petit jour, une brume épaisse noyait tout au point que du couronnement on ne distinguait du mât d'artimon que jusqu'aux suspentes de la ourse où, en regardant vers la proue, pas même jusqu'aux râteliers au pied du grand mât. Le soleil quand il fut à deux doigts au dessus de l'horizon mangea cette brume & le capitaine Talbot ordonna qu'on envoie nos meilleures vigies d'une part dans la hune de misaine pour observer à bâbord la coste orientale de la Floride – où un navire qui mouille toutes voiles ferlées se confond avec le relief de l'arrière pays - & d'autre part dans la grand hune pour surveiller l'horizon de la Mer Océane de toutes les aires du vent depuis le nord & par l'est jusqu'au sud.
Au large des costes de Géorgie une des colonies aux anglois on prit en chasse une grande gabare de mer à y-ceux mais celle-cy après une longue course nous entraînant loin vers le sud nous échappa aux approches de Providence nous laissant sur notre faim. Le capitaine décida qu'on se rende à La Havane pour avitaillez en eau douce & en bois & où on vendit à très bon prix l'entièreté de la cargaison. Après avoir descendu le chenal, on fit route à l'ouest jusqu'à doublez le Cap Saint-Antoine. On vira sud puis sud-est & enfin est. Peu après, il fallu mettre à la cape - avec une ancre flottante pour ne point être drossé à la coste qu'on savait être à moins d'une couple de mille sur bâbord – & étalez une mer monstrueuse levée par un ouragan dans le sud.
Le capitaine avait décidé d'une entreprise contre le commerce anglois au sud de La Jamaïque mais après l'ouragan d'une force comme aucun d'entre nous n'avait encore jamais vu, des vents contraires & des «coups de chien» s'opposèrent à la bonne marche de la fluste qui subit quelques dégâts & où l'on perdit un des meilleurs gabiers grimpé en bout de vergue de grand hune pour changez deux rabans de la voile qui s'étaient rompus & qui tomba par dessus bord. Les hommes présents sur le pont lui jetèrent tout & n'importe quoi, un seau, deux fauberts, l'écouvillon d'un canon & même une cage à poule ... en vain, l'homme disparut entre les énormes vagues. |
| | | Talbot Gabier
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| Sujet: Re: François Talbot Jeu 4 Mar 2021 - 19:38 | |
| 15 Janvier Escale dans l'Archipel du Saint Esprit (Andros)
20 Janvier quelques lieues au large de Tampa la fluste Fleur de Lys doit s'esquivez devant trois vaisseaux de guerre des Provinces Unies.
Trop au nard de la zone des vents de nordet, la fluste Fleur de Lys qui souhaite se rendre à Saint Louis de la Louisiane estoit obligéz de louvoyez pendant plusieurs jours les vents estant résolument contraires. Observéz & reconnu par le maistre Benoit Vidal le Cap Saint Blaise gisant à 4 lieues par tribord avant. Le capitaine Talbot averti fait doublez les vigies pour ce que ce cap ferme au sud la Baye de Saint Joseph où les gens de fortune y ont un établissement ( Cedar Key).
Rivière Mobile. Le dernier jour de Janvier 1721 L'Aventurière, une frégate de trois cents tonneaux de Sa Majesté très Catholique est mise hors à Saint Louis.
Le lendemain 1er Février la fluste Fleur de Lys est désarmée & vendue à Saint Louis sur la Mobile son port d'attache après dix mois à bourlinguez par tous les temps du Golfe du Mexique jusqu' aux costes du Brésil y faisant flottez fièremens le pavillon de son Altesse le Régent.
François Talbot reçoit du Vicomte de la Motte gouverneur particulier de Saint Louis de la Louisiane un brevet temporaire d'Officier du Roy avec le grade de Lieutenant de vaisseau ce, pour prendre le commandement de la frégate de sa Majesté ; l'Aventurière. IL ordonne à François qui a acceptéz ce commandement une campagne contre le trafic commercial hollandais pour ce qu'il a lui-même subit de ces derniers des dommages considérables ayant de forts intérêts sur plusieurs navires marchands pris par des corsaires de cette nation.
Le 8 Février L'aventurière ayant reçu de Biloxi son complément d'équipage arrivé par voie de terre - il manquait quarante deux hommes - remonte enfin ses câbles. Le 12 Elle débouque la Rivière Mobile sous huniers, prend le nordet grand frais au portant sur une mer forte & s' établit est sud-est sous perroquets & bonnettes hautes & basses.
Baye de Saint Esprit. Devant Tampa, profitant de l'absence de corsaire ennemy dans le port, l'Aventurière s'empare de deux senaus & d'un brigantin. Talbot dirige sa frégate jusque devant Nassau dans l'Archipel des Lucayes où il pille deux senaus hollandois & une gabare de mer aux anglois. |
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