Quelques raisons pour lesquelles les canons n’étaient pas mis en cale par gros temps.
Les manœuvres vont avoir lieu alors que le navire tangue et gîte déjà fortement car si le vent n’est pas à son paroxysme, il souffle déjà fort. A l’époque, il n’y avait pas le baromètre pour anticiper et les coups de vent pouvaient parfois être soudain (en Méditerranée notamment).
Il faut :
- ferler la grand voile sur sa vergue car cette dernière va servir de gigue (flèche de grue).
- guinder (mettre en place) deux gros double palans en bout de vergue, un à bâbord pour les pièces bâbord et un à tribord pour les pièces tribord.
- dégréer chaque pièce, 2 bragues, 2 palans de mise en batterie et le palan de recul.
- Soulever la pièce au dessus du pont (avec le fort balan dût au roulis et au tangage) et la descendre par l’écoutille à travers l’entrepont jusqu’à la cale. Il sera nécessaire de désarrimer tout où partie de la cargaison car modifier l’équilibre du chargement modifie l’assiette du navire. Si le navire est trop chargé sur l’avant, son tirant d’eau avant augmente et le navire devient trop « ardent ». Il a une forte tendance à venir dans le vent. Si il est trop chargé sur l’arrière, le tirant d’eau arrière augmente, le navire devient « mou » il faut donc mettre de la barre sous le vent constamment pour le forcer à tenir sa route.
- Il faut refaire ces opérations pour chaque canon et chaque affût (plus d’une demi tonne chacun pour une pièce de 6) en prenant la précaution de faire une pièce bâbord puis une pièce tribord et ainsi de suite pour ne pas déséquilibrer le navire latéralement ce qui pourrait faire passer le gréement par dessus bord voir engager le navire (il penche au point de ne plus pouvoir se redresser, embarque de l’eau et coule). Dans le même temps, il faut modifier en permanence le réglage des voiles pour maintenir un centre de voilure aussi proche que possible du centre de dérive (centre de gravité).
Donc beaucoup d’hommes pour le réglage des voiles, beaucoup pour déplacer les pièces tout ça dans un fort coup de vent avec le risque qu’une élingue soutenant un canon ne rompe où glisse et que la pièce traverse le pont, l’entrepont, la quille …. et que le navire coule.
Les gros canons sont dans les batteries basses donc moins soumis au roulis car plus près du niveau de la mer. On renforce les bragues en les doublant, le canon étant « à la serre » c'est à dire la volée (où fût) du canon levé au maximum, la bouche venant s’appuyer au bordé juste au dessus du sabord, les palans de mise en batterie maintenant fermement la pièce dans cette position.