Les flammes léchaient les étoiles et autour d'elles étaient amassés une assemblée de marins. L'un d'eux chantaient un air paillard accompagné d'un instrument à corde fait dans une coquille de tortue, suivi d'un violoniste et d'un tambourin.
L'ambiance sur la plage était festive, on avait lâché l'ancre dans une crique et fait glisser les chaloupes sans bruit vers la plage sous le ciel scintillant.
C'était toujours la joie quand ce cinglé de capitaine laissait les gars seuls, et ils en profitaient pour s'encanailler sereinement.
Leurs seul souci à cet instant, c'était de savoir si ils auraient assez de rhum pour s'éclater le ciboulot.
Plus tard, ils regretteraient les nouvelles recrues, comme à chaque fois que de bons compagnons de mer tombés au combat sont remplacés par des blanc becs.
Mais pour l'heure, c'était le moment de se lâcher le temps que l'autre malade était absent, c'était le moment de se vanter, de raconter ses mensonges de mer, de faire vivre les rumeurs...
Et ce soir, c'était au vieux "Edd' grande gueule" d'en raconter une bonne. Une histoire d'escroquerie, de tourne casaque et de malentendant...
-Tout à commencé alors qu'on se ramassait la tempête près des côtes de Rico l'putois... Les autres marins se mirent à rire, sauf un jeune mousse :
-Je l'ai pas celle-là. Pourquoi que vous riez ?Un des pirate lui tapa sur l'épaule :
-Edd' Grande gueule a ses propres dénominations géographique. Mais le lieu n'a pas grande importance, écoute donc voir ce qu'il a a nous raconter. Je suis sur que tu vas te pisser dessus de rire.Le narrateur poursuivis son récit sans se soucier de la digression du mousse.
-... et v'là ti pas que le capitaine se prend une truc dans la yeule ! En pleine mer ! Ouais mon gars ! On a d'abord cru à une pierre que la tempète aurait emporté depuis les côtes. J'vous raconte pas dans l'état qu'ça l'avait mis l'cinglé. Déjà que d'ordinaire on a du mal à l'suivre, mais là, j'ai commencé à me demander si j'aurais pas préféré me taper 5 jours de tempêtes supplémentaires plutôt que 5 les minutes suivantes à ses côtés.
-Les pierre ça vole pas ! Tu mens Edd'
-Un peu qu'ça vole les pierre ! Suffit qu'il y ait assez de vent c'est tout ! Et pi' j'suis pas un minteux blanc bec ! écoute donc voir. T'as presque raison pour le coup, car c'était pas une pierre...
-Ah ! Et c'était quoi ? Un ange peut être ?
-T'es pas loin! Avec des plumes tout pareil qu'un ange, mais plus petit, et gris comme une pierre : un pigeon ! Il s'est ramassé un pigeon en pleine tempête le capitaine !Rires dans l'assemblé. Les musiciens commencèrent une improvisation.
Quand il pleut des pigeons
Et des lames meurtrières
Prend donc un rhum derrière !
Et n'reste pas sur le pont !
-Mais d’où qu'il venait ce pigeon ?
-C'est ce qu'on appelle prendre la nouvelle en face ! Un drôle de loustic avait envoyé une missive par pigeon au capitaine en pleine tempête. Il y en a qui ne doutent de rien !
-Une nouvelle urgente ?
-Urgente ? Non ! Pas tant que ça. Une missive anonyme. Soit disant des informations sur les positions d'un capitaine Espagnol et sa flotte qui serait parti en guerre contre une autre nation, des Anglais ou des Hollandais, j'm'en souviens plus. Mais toujours est il que le capitaine a arraché avec la patte du pigeon avec la missive. Il l'a même gobé ! Et l'info dans la missive avec !Edd' se tapa la cuisse et tendit une demi noix de coco au blanc bec qui y versa du rhum.
-Ah ! Avec tout ça, j'avais l'gosier à sec. La missive était dans un sale état. Le gars demandait des piastres contre linfo et donnait rendez-vous à notre capitaine à San Juan pour lui passer le plan de route et se faire payer ses informations...
-San Juan ? Mais...
-La ferme blanc bec ! Quand les types de 280 livres disent certaines choses, ceux de 130 livres les écoutent ! Ho et puis passe moi ce tonnelet ça ira plus vite !à suivre...