Dans un courrier électronique, certaines incorrections de langage font mauvais effet. Elles arrêtent la lecture, reléguant l'essentiel du message au second plan et risquent de questionner votre compétence: est-ce du mépris ? un manque d'instruction ? un stress non maitrisé. Voici cinq dérapages usuels à rayer de vos pratiques.
1. Les anglicismes : l'effet de mode
"Brief", "check-list", "feedback", "deadline"... Si ce jargon circule tous les jours dans les bureaux, utilisé en abondance dans un mail il risque fortement d'irriter le destinataire. Méfiance. Emprunter à tout bout de champs des mots chez nos voisins britanniques ne vous fera pas paraitre plus intelligent ou plus en pointe. De surcroit, certains termes sont un obstacle à la compréhension hors un cénacle d'initiés : "mapping" (cartographie), "baseline" (signature) "media planning" (plan média). Quant aux termes anglais plaqués sur le français tels "customiser" ou "checker"... Ils sont vite imbuvables !
>> A faire. Franciser les mots quand ceux-ci vous arrivent dans la langue de Shakespeare ; garder dans leur version d'origine les termes intraduisibles nommant une chose nouvelle : "networking", "crowdfunding".
2. Les paronymes : les faux frères qui tuent
"Collusion-collision" ; "effraction-infraction" ; "abjurer-adjurer" ; "attention-intention"; "éminent-immanent"... Ils sont ainsi une centaine à nous tendre le piège de la confusion. Car ces vocables qui sonnent un peu pareil à l'oreille (ou dont l'orthographe est proche : censé/sensé) ont un vague air de parenté. Le hic, c'est qu'il ne veulent pas dire la même chose. Du coup, c'est le lecteur qui rétablit la juste compréhension de la phrase, vous jugeant inculte. Or le plus souvent votre plume a fourché et vous n'avez rien vu.
A faire. Bien se concentrer lors de l'écriture des messages. En cas de doute, prendre le temps de consulter un dictionnaire ou de le faire relire par un tiers.
3. Les barbarismes : le sens du mot dévoyé
Il s'agit du mauvais emploi d'un verbe, d'un substantif ou d'un qualificatif. Car le sens réel est méconnu. Exemple, le "soi-disant problème", l'expression convient pour une personne (disant de soi) mais pas pour un fait ou un objet ; il faut alors écrire "prétendu ou présumé problème". Autre erreur courante, les "deux alternatives", l'expression est incorrecte car le terme alternative signifie deux choix possibles, on écrira donc "être devant une alternative". Quant à l'adjectif "pécunier" il n'existe pas, on dit "pécuniaire". Les RH -recruteurs, formateurs, gestionnaire de carrières- sont très attachés à la langue et seront heurtés par ces mauvais usages.
A faire. Lire, relire et consulter fréquemment le dictionnaire pour vérifier les définitions.
4. Les solécismes : des vices de formes dans la construction
La syntaxe est ici prise en défaut. L'auteur emploie des tournures, des formes bien présentes dans la langue mais à mauvais escient. Rédiger ainsi "Vous risquez d'avoir le job!", c'est mal utiliser le verbe risquer qui signifie là, "vous avez des chances de...". Il suffit de réfléchir : avoir un job n'est pas un danger. Les prépositions aussi sont d'un maniement délicat. On écrit "pallier la difficulté" et non pas "pallier à..."; "chez" s'applique uniquement pour les êtres animés ou personnifiés ("chez Zoé", "chez Fiat", "chez les lions") et pas pour un lieu : "au marché", "à la maison".
A faire. Réviser une grammaire de niveau CE1-CE2/CM1-CM2, celle de vos enfants ou sur internet.
5. Les pléonasmes : la répétition inutile
Rajouter des mots aux mots, dans un registre identique, reste tentant pour souligner sa pensée, frapper les esprits. Mais à l'écrit, cette coquetterie crée un effet ampoulé qui n'ajoute rien au sens. L'e-mail aime la brièveté. Alors prenez conscience qu'annoncer le projet Z comme une "première priorité" est une redite. C'est une priorité, c'est tout, mais qui peut se décliner en 2 ou 3 points. Examinez ces couples de mots, "monopole exclusif", "collaborer ensemble", "réserver exclusivement". Les seconds sont superfétatoires.
A faire : s'interroger sur la redondance possible du qualificatif ou de l'adverbe adjoint au vocable principal
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