Miguel & Pablo halaient le filet à bord, Juan décrochait les poisson pris dans les mailles.
Un roulement sourd, prolongé. Tous trois cessèrent leur ouvrage, relevèrent la tête puis s'interrogèrent du regard.
- Ça vient du sud est.
Juan, le plus âgé, interrogea le ciel d'un œil suspicieux … Du nord au sud … Pas le moindre grain, un ciel uni, bleu.
A l'Est, côté terre, quelques nuages blancs au dessus des hauteurs de la ville encore nimbée de la brume matinale.
- Le canon ? Demanda Miguel qui avait suivi le regard de l'ancien.
- Quoi d'autre ?
- Allons voir.
Ils remontèrent hâtivement le filet à bord & établirent la petite voile à livarde.
L'embarcation remonta au vent en sautant sur les vagues courtes. Ils furent bientôt trempés par les embruns.
Juan, assis à l'arrière, tenait la barre serrée sous son bras droit, l'écoute dans la main gauche. Miguel écopait, Pablo, debout devant le mât s'y tenait d'une main, l'autre en visière au dessus des yeux.
- Là ! Droit devant ! … Une gabare & deux bricks. Madre de Dios ! Je la reconnais c'est La Galerna ! Elle est attaquée par deux pirates !
- La Galerna ! Elle vient de Vera Cruz & était attendu ces jours-ci. J'y ai un cousin qui est gabier à son bord.
- Rentrons. Il faut prévenir la Lieutenance du port.
- Et que veux-tu qu'il y fasse ? La couronne n'a plus aucun navire de guerre de ce côté-ci de la mer océane & l'ordonnance du Lieutenant, un curieux & un fouineur, m'a dit quand il est passé à la maison pour acheter du poisson il y a quelques jours qu'il ne restait plus que huit corsaires … Huit ! Pour protéger toutes nos possessions & notre commerce !