Bon dieu ...

Moi qui errais dans toutes les tavernes les plus vilaines et crasseuses depuis plus d'un an ... qui ne ressemble qu'a un poivrot, un tas d'immondice ... qu'est-ce que j'entends à travers cette porte ... des voix surgissent du passé ... est-ce possible ? n'étaient-ils pas au bord du précipice également ? ma tête me joue des tours ? il faut que j'en ai le cœur net ...

La tête toujours embrumé je me met à courir pour défoncer la porte de cette taverne quand elle s'ouvrit ... j'en perd l'équilibre et tombe à terre au pied d'une table.

En levant la tête je reconnais mes vieux compagnons Francisco el Magnifico, Talcázar, Jan di Pourriéro et Erwan mon ami

A ce moment je me sent soulever du sol par quatre mains robuste qui s’apprête à me renvoyer d’où je viens ...

Je tends une main vers mon ami et lui dit avec une voix peu audible et marqué par les abus : Erwan me reconnais-tu ?

Tiens cette tête me dis quelque chose… me dis-je.

Les deux gorilles l’agrippent… Diantre… compadre… s’adressant aux deux sbires… ôter vos sales pognes de la… explose une bouteille sur le crâne chauve de l’un d’eux.

Pose toi donc la, l’ami… en désignant une chaise… Aubergiste, du vin, du rhum et de quoi graillez, VAMOS NOM DE DIEU…

Pendant ce temps la, coco (vous vous rappelez de mon perroquet coco ?) se nettoie les plumes de l’arrière train sur le crâne du sbire écrouler par terre.

Lâché par ces deux armoires, je tombe à nouveau sur le sol, ce sol est assez propre et ne ressemble pas aux établissement que j'ai pu fréquenter ces derniers temps...

Je me relève avec peine et prends appui sur le pauvre jonchant au sol près de moi...

Ah merci mon ami tu ne m'a pas oublié, alors que je me suis moi-même oublié et toi coco je vois que tu es toujours aussi pointilleux sur ton plumage.

Je m'excuse mais j'ai honte de me présenter ainsi devant vous alors que vous avez toujours aussi fier allure.

Hésite quelques instants à prendre la fuite, quand mon odorat me convint du contraire

Mais si cela ne vous dérange pas je vais accepter ton offre Erwan tout en prenant place à la table et d'ingurgiter quelque choses de solide me fera le plus grand bien

Racontez-moi ce que vous devenez je pense que vos histoires seront bien plus intéressantes que ma déroute comme vous pouvez le constater...

Cet homme ne pouvait être le fier capitaine Sandoval.
Erwan était necessairement dans l'erreur en l'invitant à s'assoir.
Sandoval était un marin fier et robuste, un de ces gaillards aux allures invincibles qui étaient la fierté de l'Espagne.

Francisco observa le nouveau venu avec une grande suspicion, mais fût finalement convaincu par son regard. Il était d'une force peu commune, plein de volonté et débordant d'espoir. Il exprimait une soif d'aventure aussi enthousiasmante que l'allure du bonhomme etait peu avenante.

Le capitan Sandoval etait bien de retour.
Il revenait de loin. Comme tous ses amis, au final, se dit Francisco. Il n'en etait que plus affamé encore de vivre. Cela annonçait une ère de grandes et glorieuses expéditions.

- bienvenue à la maison, Amigo !
Peu importe de quelle manière tu as survécu depuis le grand cataclysme. Beaucoup d'entre nous préfèrent ne pas revenir sur cette sombre période. L'urgence est de préparer l'avenir et (levant sa bouteille) ...de boire du rhum !

Ah t'es paroles me touche Francisco, et tu as raison je l'ai perdu un temps cette raison mais de vous voir là, devant moi, toujours aussi enthousiaste,

vous ravivez le feu qui m'animait autrefois

tout en continuant de dévorer tous ce qui etait à porter de main ...

Voilà les amis c'est décidé je réarme dès que possible et nous naviguerons de nouveau de concert pour couler ces affreux blanc bec de François

se lèvant d'un coup sec, avec un verre de rhum à la main et crie

"Viva Espana, ah ah ah" puis se rassit tout aussi soudainement

Mais dites-moi ou en est le contexte géopolitique ? rassurez-moi nous pouvons toujours leur taper dessus ?

Eh bien c'est à dire que nous sommes en pleine guerre de succession. Et que les français sont nos alliés dans la défense de la couronne de notre vaillant roi Philippe.
On ne va quand même pas laisser un germanophone lui chopper son trône.
Mais je te rejoins : ces considérations diplomatiques imposées par des querelles dynastiques arbitrées en Europe sont difficiles à assimiler quand on sort ici de longues querelles avec les français.
Tout cela pose question. Loyauté contre instinct. Mais, aujourd'hui, un bon serviteur de l'Espagne se doit de préserver egalement les intérêts français...

La loyauté n’a jamais nourri son homme à ce que je sache… il pris un morceau de pain et une généreuse tranche de jambon… alors de temps en temps, il faut bien faire fonctionner son instinct. Aussi, il n’est pas rare de voir l’un ou l’autre changer son fusil d’épaule fut-ce temporairement.

De toutes façons qu’est-ce que ça change… hein ?... français, hollandais même Portugais tiens aujourd’hui c’est tout feu tout flamme et demain ça te poignarderas dans le dos pour raison diplomatique. Alors autant prendre les devant moi j’dis… ouep… les pendre par devant…

A une table voisine, Bertrick vidait un boujaron de rhum. Il s'essuya la bouche d'un revers de manche.
Pardonnez moi compadres, je n'ai pu éviter d'entendre vos propos. Les pendre par devant !!! Vraiment ?
Je connais quelques capitaines portant jupons - au sens figuré les jupons j'veux dire - qui vont apprécier pareille allusion. Ha ha ha !!!

Affalé à la meme table que Bertrick, son compagnon de beuverie, Aria ricanna.

Des conversations qui ne nous sont pas destinées? Vous parlez si fort que meme ce fameux Louis, Duc d'Anjou en ce moment meme à Versaille, pourrait vous ouïr. Nous sommes dans une taverne Capitaine, pas dans un confessional! Il est meme possible que vous voyez des Francois comme vous le dites, d'ailleur

D'un signe, Aria désigna d'un coup de tete un groupe de Francais, qui éméché par la conversation, commencait à s'agiter au fond de la taverne




Dans la pénombre de la pièce, des rires étouffés se firent entendre. Désignant sa chope, Aria pesta

Ehhhhh ohhh Tavernierrrrr, faut que je vienne la remplir ma chope?

Disons, compadre, que nous nous devons d’anticiper les changements d’opinion en Europe… tout en restant réaliste quand à l’influence de nos actes sur les décisions politique du vieux continent. Il serait bien prétentieux de nostre part de croire que nous avons nostre mot à dire, fut-ce par des moyens détourner, sur les alliances qui peuvent se faire et ce défaire. Ne sommes nous pas en fin de compte des mercenaires qu’un état mandate un temps contre monnaie ou lettre de course pour s’octroyer nos services ?

Levant l’œil sur l’inconnu assoiffé de la table d’à coté… Diantre, maraud ne laisse pas trainer tes oreilles n’ importe où, cela pourrait te joué des tours.

D’un bond, Coco arriva sur le rebord de la table des trois capitaines… Marrrrrrrrrrrrrrauuuuud… Marrrrrrrrauuuuuuuuuud…

Monsieur l'affamé assoiffé qui semble tout droit sorti de la cour des miracles j'ai d’emblée demandé à être pardonné pour n'avoir pu éviter d'entendre vos propos. S'ils sont aussi confidentiels que vous semblez le penser, comme mon ami vous l'a dit, parlez moins fort. En tout état de cause vous êtes ici dans une taverne et ce n'est pas le lieu idéal pour tenir des conciliabules.
Quand à vous le faquin, le manant, vous insultez et menacez !
Palsambleu Foi du capitaine Bertrick voilà qui mérite réparation !
L'affamé peut d’ailleurs se joindre au faquin maintenant que je me suis présenté.

Sachez que point ne sommes, mon ami le capitaine Aria et moi-même des Français. Ceci explique peut-être notre soit disant manque d'éducation.
Mon ami est d'origine Espagnole quant à moi, mon nom suggère que je sois Anglais voire Hollandais. Je ne me reconnais cependant d'aucune nation. Un peu comme Isaac Laquedem le Juif errant de la légende .... Un apatride en quelque sorte.
J'use donc d'un autre pavillon que ceux des Princes et des Rois.
Disant celà, Bertrick regarda son ami Aria, souleva de deux doigts le bandeau qui lui cachait l'oeil droit - il n'était nullement borgne - et fit un clin d'oeil tout en déformant exagérément son visage d'un air qu'il voulait comique.
Quand au faquin mercenaire, oui, désolé j'ai aussi ouï ce propos - n'aurait-il point même de courage qu'il dusse se cacher sous un étendard royale - qui menace de couper les oreilles de mon ami mais qui, à tout le moins laisse entendre qu'il les trouve trop longues, je trouve que sa volaille l'imite fort bien.
Où peut-être est-ce le contraire ?
Qu'il imite fort bien sa volaille en se lissant les poils du cul j'veux dire !
Ce disant il pointa du menton Coco fort occupé à cette toilette.

*rires*

Vous êtes un faux borgne mais vous avez néanmoins la vue qui baise si vous voyez un étendard royale à mon mat… l’alcool et les mauvaises fréquentations sans doute… il hocha la tête vers Aria.

M’enfin on ne peut en vouloir à un pirate d’opérette qui écume plus souvent les bars qu’il ne voit celles des vagues. Mais méfié vous, ma volaille comme vous dite est susceptible et pourrait bien vous déplumer votre tricorne aussi sale et gris qu’une vulgaire perdrix… ou dois-je dire, Pertrick… il ria de son bon mot avant de s‘assoir et de se servir une rasade de rhum…

Ho pour ça ... vous n'avez peut-être point de pavillon royal en tête de mât mais ...

Bertrick leva très haut la tête comme pour voir par dessous son bandeau. Il fit face à celui que le va-nu-pied avait nommé Francisco.

Je connais plusieurs capitaines qui arborent le pavillon auquel vous semblez faire allusion .... Mais qui se comportent en laquais lécheurs de bottes des Rois. Ils chassent les pirates d'opérette dans mon genre pour le plus grand profit des Princes qui gouvernent le monde. De parfais "Mignons" de cour !

Bertrick ramena son regard sur le propriétaire du volatile.

Mais peut-être êtes-vous de ceux là ? J'ai, comme mon ami, de grandes oreilles .... J'ai ouï dire il y a peu, un transfert de cassette de piastres avec un navire Hollandais. Seriez-vous non point pirate mais un vil mercenaire se vendant au plus offrant ?
A moins que ... Le capitaine de ce navire Hollandais étant en fait ... Une capitaine, se pourrait-il qu'il s'agisse d'une rétribution pour service d'alcôve ?
Dans ce cas, je serai curieux - je l'ai toujours été, et même un peu voyeur - d'apprendre qui a payé l'autre !

Bertrick toisa l'énergumène. Il tendit un bras, main ouverte, paume en l'air en direction de la tête de ce dernier. Il abaissa le bras en un geste lent jusqu'au pied du quidam.

- Si j'en juge à votre mise, vous ne connaissez de l'opéra que les marches de l'entrée où vous fîtes la manche pour quérir votre pitance ... et ceci sans grand succès à voir la manière dont vous vous jetâtes sur les mets et les boissons de vos compagnons. Voilà qui laisse mal augurer de vos capacités comme capitaine forban. Vous devriez vous cantonner à n'être qu'un marchand. Le capitaine de comédie, puisqu'ainsi vous me jugez, se fera un plaisir, au hasard d'une rencontre en mer, de vous piller avant d'envoyer votre esquif par le fond.

Sur ces mots, Bertrick tourna le dos au trois drôles et avisa Aria, toujours assis, qui semblait concentré sur l'examen du fond de son boujaron de rhum. Bertrick le connaissait assez pour savoir que ce n'était qu'un leure, qu'il était, tel un félin, prêt à bondir.

- Mon compère, me voila fort marri. J'escomptai vous offrir une mémorable bagarre comme celle à laquelle j'ai participé au "Cheval saoul" et que je vous ai narré par le menu. Sans qu'on en arrive à mort d'homme et à l'incendie de l'établissement. Si on les brûle tous, où irions nous nous abreuver ?
Las ! Ces trois là ne semblent pas vouloir en découdre. Il sont trois, nous deux, la partie était égale. Je compte dans les trois le volatile que son propriétaire présente comme un redoutable animal de combat. Lui, qui ce cache derrière ce monstre épouvantable, ne compte que pour quantité négligeable.

Bertrick se rassit, saisit l'anse de son gobelet et le vida d'un trait.

Haaaa ! Toutes ces belles paroles m'avaient altéré le gosier.
Holà Maître Anselme ! Sert nous à nouveau de ton rhum, ainsi qu'à ces messieurs. Puisqu'on ne peut en venir aux mains, buvons tous à la "Comédia del Arte". Tu peux d'ailleurs offrir cette tournée car ces bougres ont évité que tout ne soit brisé dans ton antre. Ha Ha Ha Ha !!!

Bertrick saisit instantanément le regard dangereux de son compère. Y aurait-il maldonne ? les dés seraient-ils pipés ?

Un instant Maître Anselme !

Ce faisant, il barra d'un bras le passage à l'aubergiste qui s'apprêtait à servir la table qu'occupaient les deux antagonistes restant.
Fixant Aria dans les yeux, Bertrick lui dit à voix basse ;

Qu'y a t-il mon ami ? Je doute que votre état ne soit motivé que par le départ, certes fort impoli, de ce malotru tout droit sorti de la soue d'une truie gravide, au moment même où j'offre à boire.

Ce faisant, sa main gauche - car gaucher il était - se posa, aussi discrètement que faire se peut, sur le manche du poignard qu'il portait dans le dos, glissé lame nue, dans la ceinture et caché par les pans de sa vareuse.

Tu as raison l’ami, ça sent le vieux bouc’anier pas très frais…

Messire le pirate d’opérette, nous vous laissons cuver avec votre al – colyte, nous avons à faire et quel celle-ci ne vous plaise guère, je m’en torche le derrière. L’argent n’a pas d’odeur disais je ne sais plus quel romain empereur. Vous, par contre, êtes resté ici de trop longues heures, pour sentir aussi fort de vostre sueur. Sans doute celle-ci vous vient-elle de trop ramer, il n’est sans doute que le verbiage que vous maitrisiez.

Se retournant vers Francisco… Ola compadre, viens nous changeons de maison, celle-ci à accueillir n’importe qui à perdu de son renom. Et puis la mer nous appelle, l’entend tu ? De vils faquins à la pelle, nous allons botter le cul.

Il empocha le jambon dans sa besace et jeta une bourse pleine d’écus sur la table. Empoignant vaillamment la cruche pleine de bon vin frais il fit signe du bras de se mettre en route et coco s’envola.

Si j'en juge à la chasse partie concernant un trésor de conquistador, vous êtes resté tapi dans un repère jusqu'à connaître qui avait la meilleure chance de l'emporter pour lui proposer vos services.
Botter le cul aux vils faquins dites-vous ?
Il vous faut être bien souple pour pouvoir vous botter vous même le fondement ! Voulez-vous qu'on vous y aide ?
Je vous le propose pour n'avoir pas à vous contorsionner et risquer de vous froisser un muscle.
Voyez-vous, si je ne suis pas vraiment borgne, si j'ai de grandes oreilles, si je suis gaucher, j'ai aussi de grands pieds ....
Et mon compère Aria plus encore ! Ha Ha Ha Ha !!!

Au fond de la taverne mal famée et tapis dans l'ombre, la voix d'un capitaine a l'accent espagnole et a l’apparence hippy retentit.
- J'admire la justesse de vos propos Capitaine Bertrick. Mais il faut bien reconnaitre que la piraterie va mal aujourd'hui. Faites de marin d'eau douce plus aimé encore que les militaires de la couronne, ou bien prêt à abandonner un groupe représentant la piraterie, pour ce faire graisser la pâtes par une hollandaise en quete de pseudo facilitée....
Habituellement c'est moi qui paie les hollandaises pour leurs service, héhé, ... mais tout change. Bertrick reprenais donc une chope de bière sur mon compte il n'y a que ça pour vous apaiser il semble.

C’est la que vous faites erreur, le faux borgne… je n‘ai point proposé mes services à celui qui avait les meilleures chances de l’emporter, mais au plus offrant, nuance. Et ce contraint et forcé, il faut bien nourrir sa famille, après la défection de quelques compagnons de voyage… mais peut-être avez-vous la mémoire en dilettante à ce sujet.
Ma foi, si vous préférez penser qu’a votre façon vous n’este pas mercenaires, cela vous regarde, c’est vous qui vous couvrez de ridicule en dénigrant la chose tout en vous baladant en canots… enfin vous… vous et vos comparses de la farce…

Il bu une lampée à la cruche… sur ce messire et triste sires, je vous laisse le soin d’avoir le dernier mot, puisse t-il vous faire oublier que vous êtes des va-nu-pieds...