Journal du Zeru, le 9 Juin 1713.
Nous sommes à Aruba.
Ici, tout sent la mer. Le sable s'infiltre dans mes bottes lorsque je me promène sur la plage, le sel me brûle la peau.
Pourtant, j'ai envie d'hurler de plaisir. Debout face au vent, je n'ai jamais réussi à voir l'autre côté de l'eau, même en plissant les yeux. Serait-ce qu'elle est infinie ? Je ne suis qu'impatience d'aller y voir de près...
Pourtant, tout porte à croire qu'il nous faudra du temps. Pas d'relations...
Je me sens un peu seul.
Le Capitaine est morose.
Il a voulu partir, et pourtant quelque chose cloche, quelque chose de profond et tout ancré en lui. Il est tellement secret...
Ce soir, sans faire exprès, je suis tombé sur un courrier de Bloody. J'ai lu trois mots, mais je crois que ça brûle.
Je voudrais qu'il m'en parle, mais je ne le connais pas assez. Alors je le regarde, truffe en coin, œil rageur.
Il se noie dans l'travail, connait des noms d'bateaux... Mais je sens bien qu'il n'est pas heureux
comme aux tout premier jour...
Il en parlera peut-être, un jour...
Je ne suis pas le compagnon dont il avait rêvé pour son aventure, je ne crois pas. Si la murène ne m'avait pas demandé de le suivre...
J'ai vu Aldo, hier.
Au hasard de la taverne, le temps d'une chope ensemble. Il a beaucoup vieilli.
Gontran, le 9 Juin 1713,Aruba.