Ambassade de Hollande

Fraichement installé dans les quartiers de son ambassade établie à Curacao, non loin des bureaux de la Compagnie de Indes Occidentales, Paulus Von Brugen se la coulait douce sur sa terrasse, sirotant un vieux pinaut, dont les bataves étaient si friands.

Ce fin commerçant qui avait parcouru le monde par vagues et par vents ne mâchait pas son plaisir en cette matinée après avoir reçu une fameuse nouvelle....
Le stathouder, conscient des difficultés de ses fidèles serviteurs, bien trop peu nombreux dans la région, avait décidé de mettre le paquet sur la table, pour ne pas dire plus. Aux grands maux les grands moyens!

Un coffre rempli d'or lui avait été livré très discrètement la nuit dernière, accompagné d'une lettre scellée par le sceau officiel.....
De quoi arroser grassement quelques pirates.....qui plus est, il était question de leur offrir en plus de belles portions de terres. Largement de quoi aiguiser les plus féroces et cupides appétits! Cerise sur le gâteau, les officiers ayant escorté la somme rondelette seraient à la disposition des pirates qui choisiraient l'amnistie....

Rien que ça! L'ambassadeur avait su plaider sa cause avec efficacité. Après tout, n'était ce point son talent premier? Savourant son verre, un instant, il finit par se lever, et retourna travailler derrière son bureau...

L'erzatz de combat aux cotés de son allié anglais avait laissé un gout amer dans la bouche de Paulus Von Brugen. Il avait beau n'être habitué qu'à jouer les marchands à travers le monde, commander un tel batiment lui avait donné l'envie d'en découdre.

Laissant son allié aux prises avec des moucherons, ce dernier avait finalement choisit de faire volte face vers Saba. Le brick du capitaine Bertrick était signalé au large.....un vieux loup de mer qu'il aurait du mal à surprendre, mais sait on jamais....

Comme il s'en doutait, le chef de la confrérie du Jolly Roger ne demanda pas son reste, et serra le vent habilement pour prendre la poudre d'escampette. Impossible de le suivre aux commandes d'un pareil veau marin.

Donnant l'ordre de mouiller au large du port, le capitaine fit mander son secrétaire pour les affaires courantes. L'annonce des amnisties avait été faite en son absence. Déjà connue par la rumeur, elle n'avait point tardé à faire son petit effet, et une confrérie entière avait choisit de rejoindre sa cause, ainsi qu'un pirate isolé.

L'ambassadeur exultait littéralement, oubliant sa frustration des pirates désormais hors de portée....

Nous venions d'accoster dans le port de Curacao. Notre traversée s'était déroulée sans encombre, cerise sur le gâteau, nous avions arraisonné une grande cabare espagnole.  Avant d'entrer au port, j'avais fait transmettre par missive notre arrivée afin de ne pas finir en petit bois.  Je mis une chaloupe à la mer et me dirigea vers le port.  Sous escorte, je fis emmené jusqu'au bureau du gouverneur afin officialiser notre amnistie. J'avais dans ma poche, une lettre de me deux amis qui me permettaient de parler en leur nom.  J'arrivais aux portes des quartiers de l'ambassadeur...

On me fit entrer dans le hall richement décoré de tapisseries et de divers bibelots.  On m'obligea à m’asseoir sur une chaise et le jeune officier frappa à la porte du bureau et m'annonça à l'ambassadeur: "Monsieur l'ambassadeur, le renégat Horacio Albéro est là !"

"Entrez entrez!"

L'ambassadeur assis derrière son bureau désigna le fauteuil vide qui lui faisait face.

"Je vous en prie capitaine, asseyez vous. Excusez moi de vous avoir fait un peu attendre, voyez vous je suis un peu débordé ces derniers temps. Avec toute cette paperasse pour vous et vos amis...."

L'ancien marchand sortit deux verres d'un tiroir, une bouteille de brandwyn, et les remplit avant de lui en tendre un:

"Vous buvez je suppose, comme tous les frères de la côte. Vous m'en direz des nouvelles, celui ci vient des vignes du saintonges. Je vous écoute...."

"Bonjour Monsieur L'Ambassadeur, comme expliqué dans ma missive, je me présente à vous pour officialiser mon amnistie ainsi que celles de mes deux amis Diégo Le Mulâtre et Pol de Villers. Pour ce faire, j'ai une lettre de ces capitaines dans laquelle ils me permettent de parler en leur nom. Là voici !"
Horacio tendit à l’ambassadeur la dite lettre.

"J'ai aussi une demande à formuler"

L'ambassadeur se sait des lettres et posant sa paire de lunettes sur son nez, s'approcha pour lire les plis.

"Hmmmmm je vois, tout ceci confirme donc nos précédents échanges. Simple formalité donc, car j'ai confiance en vous et vos comparses capitaine Albero."

Von Brugen vida son verre d'un trait et continua sa lecture:

"Vous ne buvez pas?"

Finalement, ce dernier rangea les lettres soigneusement dans un tiroir, et fit face au capitaine:

"Quelle est vôtre demande? Je vous écoute."

Horacio prit son verre et avala une gorgée de ce breuvage puis prit la parole

"Voilà, je désire prendre le nom de ma mère Louise de Corroy afin de lui rendre hommage et marquer ma fidélité aux Provinces-Unies. Ma mère a vécu dans la Principauté de Liège et son père Arthur de Corroy a participé à la révolte des Gueux. Maintenant disparu tous les deux, suite à cette amnistie et à l'abandon par ma première patrie, je désire leur rendre hommage... . Ma première patrie ma abandonné sachez-le, j'ai été militaire et corsaire pour l'Espagne. J'ai sacrifié beaucoup et elle m'a abandonné au moment où j'avais besoin d'elle. Je ne pourrai jamais oublier et par ce fait, je ne veux plus porter le nom de mon père espagnole. Donc, je désire m'appeler Horace de Corroy et renommer ma confrérie Les Gueux de Mer."

"Mmmmmmm...."

L'ambassadeur resta pensif un moment, et répliqua:

"Si j'étais un salop de la pire espèce, j'en profiterai pour vous demander quelque menu service en échange."

Von Brugen se resservit et sourit, savourant un instant son suspens:

"Rassurez vous, je ne suis pas de ceux là. La Hollande vous a fait confiance, et moi avec jusqu'à preuve du contraire. Je serais bien malvenu de vous contrarier aussi tôt pour une affaire qui ne me coute rien à part une formalité administrative. Considérez que c'est comme si c'était fait."

"Une dernière chose, je serais très honoré de vous avoir au sein de notre confrérie, nous pourrions ainsi bénéficier de votre expérience et de votre puissance de feu. Qu'en dites-vous ?"

L'ambassadeur parut surpris par cette demande:

"Vous m'êtes sympathique capitaine, néanmoins chacun sa place. Je suis ici en tant que représentant officiel des autorités, ce qui me place au dessus de vous en terme de hiérarchie, aussi, je ne puis intégrer vôtre confrérie. Bien, sur ce je ne vous retiens pas....excusez moi, j'ai à faire."

"Je crois que je me suis mal exprimé, en intégrant notre confrérie, je pensais servir sous vos ordres bien sûr et je pensais que cela aurait facilité notre organisation lors de la traque aux pirates" Enfin soit, comme vous dites chacun sa place....". "Je vous laisse, au plaisir MR L'Ambassadeur"

Sur un ton solennel, dans un français parfait ponctué d'un accent rugueux, un laquais annonce le visiteur :

-Monsieur le Pipelet Armand !

Chapeau à plume à la main, dans une livrée à la dernière mode, le scribouillard de "la feuille de Chiourme" fait son entrée avec un salut sophistiqué :

-Monsieur Van Brogen ! Je suis très honoré que vous ayez accepté ma demande d'entrevue !

Il s'installe sur un fauteuil avant de poursuivre :

-Je viens m'entretenir au sujet du récent drame qui secoue en ce moment les caraïbes, et fait grossir les rumeurs dans les tavernes Angloises. Je veux bien sur parler de l'aggression du capitaine Feshwood. Vous n'êtes pas sans savoir qu'un de vos sujets, le capitaine Silverbeard a tendu une embuscade et abordé le navire de l'Anglais. Je viens chercher auprès de votre honneur des explications, et des déclarations à ce sujet...

L'ambassadeur prend une longue inspiration, et répond séchement :

-Paulus Von Brugen !

Il attrape une pipe ornée d'un couvercle trônant fièrement sur ses quatre pieds en ivoire entre un encrier, un sceau et quelques parchemins roulés et cachetés.

Après un long moment, il reprend entre deux bouffées de tabac noir :

-Je ne lis pas votre "Feuille de chiourme mônsieur Pipelet...

Son interlocuteur semble mal à l'aise, il sourit :

-...quelqu'un le fait pour moi. J'ai bien sur été mis au courant de ce banal abordage de navire Anglais par notre ami Silverbeard... et je connais la propagande anglaise que vous avez relayé dans votre presse...

Il marque un temps, comme s'il savourait chaque mot qu'il prononce.

-La guerre de course, cher mônsieur Pipelet... comment vous expliquer vous qui ne naviguez que pour la plaisance ? Il y a une différence entre les batailles en ligne et la guerre navale de course.

Il est interrompu par un tintement de vaisselle. Un plateau en argent entre dans la pièce suivit d'un valet. Le serviteur dépose un service à thé sur un coin du bureau, et commence le service.
L'homme ne sort que lorsque l'ambassadeur lui en fait le signe.
Paulus tourne bruyamment sa cuillère dans sa tasse.

-Vous devez prendre conscience que les conflits du vieux monde ne sont que le protocole sanglant des querelles des familles royales. Ce qui se joue dans le nouveau monde, c'est un opéra de cabale. Les acteurs sont sur scène en Europe, nous ne sommes que les machinistes. Nous œuvrons en coulisse pour que le ballet incessant de navires pleins de richesses abreuve le public des puissants. Ils ne veulent pas savoir ni à qui, ni comment nous leur fournissons le commerce du nouveau monde.

Il avale un peu de son thé et repose la tasse dans un tintement sec :

-La colère officielle des anglais... ne la trouvez vous pas quelque peu exagérée ? Déplacée ? Ce n'est pas une poignée de marins qui décide des guerres et des alliances. Ne croyez vous pas qu'ils cherchent un prétexte officiel pour agrandir un peu plus le choix de leur gibier ? Si demain un capitaine Hollandais est abordé par un "allié" anglais, les gens diront "il fallait s'y attendre" ! Vous êtes très loin des motivations de la Hollande ici bas mônsieur Pipelet...

Il tape dans ses mains, un serviteur apparait :

-Faites entrer le sieur Van Oplicht !

L'homme sort.

-Nous sommes ici pour faire du profit ! Pour le commerce ! Pas pour nouer ou dénouer des alliances. La voilà ma déclaration.

Un homme en noir entre dans la pièce :

-Maintenant laissez moi vous présenter le capitaine Stephen Van Oplicht. C'est un habitué des cours d'Europe, j'aurais un service à vous demander... Cet homme vient ici pour "le commerce", faites en sorte de lui présenter le petit monde du nouveau monde voulez vous ?

L'homme tenait un chapeau noir entre ses deux mains.

Le physique d'un banal négociant venu de hollande, propre sur lui, barbe grise bien taillée, et la moustache huilée.

Il s'approcha du journaliste mondain et le salua avec politesse sans une trace d'accent :

-Monsieur Pipelet, c'est un plaisir. J'ai eu loisir de lire certains de vos articles par le passé. Certains de vos papiers traversent l'océan figurez vous... pour emballer le poisson. Je suis ravi de voir que vous avez survécu à vos aventures à bord d'El Baggovout ! Laissez moi me présenter : Stephen Van Oplicht. Je possède une patente commerciale Hollandaise. J'ai besoin de vos services pour annoncer que je recrute une escorte maritime...

Pendant que le négociant se présentait au journaliste, un serviteur apporte un minuscule rouleau au gouverneur. Ce dernier sort une loupe pour le lire. Soudain rouge de colère, il interrompt la conversation :

-Comment ?!

Il se lève furieux de son fauteuil :

-Messieurs, je réquisitionne les services immédiats du Pipelet ! Faites savoir que le capitaine Gradlon Silverbeard est désormais considéré comme traitre à sa nation. Sa tête est mise à prix !

Il semble réfléchir un instant :

-50 000 piastres de prime de la part de la Hollande pour quiconque abordera ou coulera cet homme qui considère les couleurs de la Hollande comme "drapeau de complaisance". Tout pirate qui abordera ce capitaine se verra offrir une lettre de marque de la Hollande pour service rendu aux provinces unies. Faites savoir que lui et ses complices sont tous recherchés pour haute trahison envers la Hollande, actes mettant en danger les relations diplomatiques du pays et piraterie.

Il se tourne vers le serviteur :

-Rappelez moi leurs noms vous !

L'homme relit le rouleau avec la même loupe :

-Gradlon Silverbeard, Mokaran Cuvier, Geert de Geining.

Messire Von Brugen,
Je viens par cette présente missive, vous informer d'une très bonne nouvelle pour nos nations respectives.
Le capitaine Mokaran Cuvier, que nous recherchions depuis de longs mois, a connu en ce 2e jour de février de l’an 17 l’assaut de mes hommes sur son pont et l’anéantissement de son navire et équipage qui repose au fond de l’océan. Paix à leurs âmes.
Le capitaine Cuvier a réussi malgré tout à s’échapper. Mais un de mes amis a aperçu récemment son cotre à quai dans un port sous contrôle pirate.
Nous l’avons sous bonne surveillance.

Ayant eu connaissance de l’offre que vous proposiez pour son abordage, je vous saurais gré de bien vouloir remettre à mon commandant en second, porteur de cette missive, la prime en question.

Gloire à l’Espagne, gloire à la Hermandad del Calamar.
Saskia de las ondas, capitaine du Médusa.

Le 02/02/17 à 20h01 : Nous avons abordé Le Vent des Dieux (Grand Chebec ) qui s'est rendu après un combat acharné.

Meine damen Saskia,

Je doute fort du bien-fondé de La gloire de l'Espagne et de la Hermandad.

Cela m'arrache le coeur mais il faut bien reconnaître que votre assaut sur le navire du triste sire Cuvier est une bonne nouvelle pour mes sujets.

Après tout, cette basse besogne, rosser un traitre, cela ne valait pas les feux des provinces unies. Tout juste à la hauteur de quelques marauds espagnols.

Vous recevrez sous peu quelques coffrets pour paiement de la récompense.

Je ne m'inquiète pas d'avantage. Cette somme sera très certainement récupéré par un de nos capitaines.

Je ne vous salue pas, vile sujet du tyrannique roi espagnol.

Señor Paulus Von Brugen,
J’ai bien réceptionné les piastres de la récompense.

Par ailleurs, avant de traiter les valeureux capitaines espagnols de marauds vous devriez être un peu plus vigilants sur les vôtres.

En effet, il commence à être de notoriété publique que certains d’entre eux fricotent avec la racaille pirate des Caraïbes.

Nous en avons d’ailleurs aperçu un très récemment qui naviguait tranquillement à leurs côtés.
Cela dénote d’un flagrant manque de patriotisme de vos représentants militaires et devrait vous préoccuper un tant soit peu.

Pour preuve, je vous envoie quelques croquis réalisés par mon médecin de bord, artiste à ses heures perdues !

J’ai ouï dire son nom dans quelques tavernes reculées des Caraïbes. Mais je ne suis pas sûre d’avoir bien compris.

Enfin, si cela vous intéresse nous pourrions en discuter tranquillement autour d’un verre de margherita que je me ferai un plaisir de vous offrir sur le pont du Médusa, un de ces soirs.
Je vous montrerai les autres croquis de mon médecin qui sont accrochés dans ma cabine !
Et vous me combleriez de joie si vous m’apportiez de ce fameux fromage dont j’ai entendu vanter le goût exquis.

A vous lire,
Le Roi d’Espagne vous salue !

Gloire à la Hermandad del Calamar
Saskia de las ondas, capitaine du Médusa

Une pierre vient soudainement briser un carreau de l'ambassade. Sur celle-ci est attaché un mot griffonné à la hâte:

Ah, blâmer une couronne pour le comportement de ses sois-disant sujets voilà bien un comportement trahissant une vanité crasse.
Les hommes ne s'assujettissent qu'à l'autorité qui leur sied pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Admettre que ce capitaine est un vassal des provinces unies est une suppositions que vous basez sur les couleurs d'un drapeau, soit bien peu. Il ne m'appartient bien sur pas d'infirmer ou de confirmer cela. Rappelez vous tout de même que la diplomatie n'est qu'une parade où l'on décide comment et par qui l'on se fait baiser.
Les problèmes se règlent entre individus et si vous en avez un avec ce dernier dont vous semblez connaitre le nom faite le lui donc part directement. Cela vaut pour la très estimée Saskia autant que pour quiconque, n'usez point de tiers pour faire valoir votre opinion. Au mieux ils ne la relaieront pas au pire ils la déformeront.
J'aimerai également mentionner à qui voudra l'entendre que pour l'heure les bouches à feu du capitaine susmentionné n'ont point servis à la cause pirate. J'entends volontiers que ce n'est pas le seul moyen d'être utile, mais cela démontre une certaine réserve et j'aurais tendance à considérer cela comme un motif supplémentaire au dialogue entre individus concernés. Après tout nous entretuer quelque soit le motif invoqué n'est qu'un prétexte pour nous divertir de notre misérable condition humaine, et cela n'empêche en rien de communiquer.

Puissiez vous avoir des vents favorables exceptés les calamars pour les quarante prochaines heures.

Des bisous, Balther Moonchild

Alors qu'un domestique ramasse les débris de verre, Von Brugen ajoute les missives dans un tiroir. Il ne semble nullement surpris par ce qu'il vient de lire.

Le domestique s'apprête à sortir quand il est arrêté par un claquement de langue du riche charge d'affaires coloniales des provinces unies.

- Faites venir "l'etrille".

Le valet opine du chef et sort sans plus de commentaire.

L'ambassadeur se lève de son bureau et allume une pipe richement ornée. Il regarde par la fenêtre, le vent marin entre par la vitre brisée et fait osciller l'épaisse fumée blanche de tabac brun.

On toque à la porte du cabinet après quelques dizaines de minutes, l'ambassadeur ne se retourne pas.

-Je ne souffrirais pas longtemps de votre présence. Vos informations sur le soutien de Geert pour la prise d'un de nos vaisseau de guerre se recoupe avec de récents témoignages. Faites savoir dans les bas fonds qu'une récompense pour la capture de ce capitaine corrompu a doublé. Je veux qu'on m.apporte son pavillon hollandais, si possible avec sa tête enveloppée dedans. 100 000 piastres pour l'abordage ou la destruction de sa frégate de 8. Les pirates ne doivent pas pouvoir profiter d'un navire des provinces unies. Maintenant partez. Je ne vous ai jamais vu.

La porte grince, lorsque l'ambassadeur se retourne l'homme n'est plus là.

Citation :

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Les  commissions sont constituées de M. Martinus Meyer, Gouverneur de St. Martin président chaque commission, de deux assesseurs, M. Jacob Cohen Nassi et M. Cornelis Gijsbertsz Zorgdrager représentant les notables de l'île, de M. Sebald de Weert,  vicaire de la paroisse, et de divers témoins de circonstance.

Monsieur Bernard Hendrickx, secrétaire de M. Meyers étant indisposé, M. Hertogenbosch, écrivain de bord servant sur la Fijne Vixen, tient compte rendu desdites commissions du 29 août de 1718.

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Liste aphabétique des dossiers d'habilitations à entrer ou demeurer au capital de la Compagnie de St. Martin des Gueux.

Claudio de Sysley (CdS), ancien de la Nouvelle Néerlande, digne batave quoiqu’à demi breton, - Dossier examiné commission de première instance.
El Raïs (ERs), ancien corsaire barbaresque, fils de tailleurs mahométan, un temps captif de l’espagnol - Dossier examiné commission spéciale.
Geert Rohuud, dit le Rude (GlR), ancien contrebandier d’Ostende, convaincu de lèse-curé, un temps passé à la piraterie - Dossier examiné commission de première instance.
Ian Muircath (IMc), ancien matelot irois, forte-tête convaincue de mutinerie, pirate endurci - Dossier examiné commission spéciale.
Jean Bouin (JBn), ancien de la GWC, né François de Marseille, un temps passé à la piraterie - Dossier examiné commission de deuxième instance.
Jeremiah Breeg (JBr), ancien soldat anglois, en fuite pour avoir fendu drôlesse à coup de sabre, pirate endurci - Dossier examiné commission spéciale.
Jeremy Fox (JFx), ancien amiral de la Navy, un temps passé la piraterie, quoique bien peigné et buveur de Rhumtea - Dossier examiné commission de deuxième instance.
Kergan de Brouwer (KdB), ancien marchand de la GWC, buveur de bière pour être fils de brasseur bruxellois - Dossier examiné commission de première instance.
Poudre van Daele (PvD), ardente orpheline de Bruges, ancienne de la GWC un temps passée à la piraterie - Dossier examiné commission de deuxième instance.
Rhaegar (RhG), ancien soldat batave, banni des armes pour faits de torture sur prisonniers de guerre - Dossier examiné commission de première instance.

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Dossiers habilités en première instance de routine:

[CdS] : Batave à demi, mais service infaillible du pavillon des provinces unies, que demander de plus..!
[GlR]: M. Hertogenbosh jure sur sa bible bien élimée que M. Rohuud n'a jamais lésé le moindre intérêt des Provinces-Unies. Pour le reste il a déjà payé de longue date son forfait de lèse curé.
[KdB] : Le libre choix du pavillon des Provinces Unies par de M. de Brouwer père mérite la plus grande considération!
[RhG] : Batave entièrement!...chose rare s'il en est... Il paraîtrait que les infirmations obtenues sous la torture auraient grandement contribué à la reddition de la garnison française de Bouchain, il y a 6 ans de cela.

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Dossiers habilités en deuxième instance contradictoire, sur recommandation de Mrs de Sisley, de Brouwer et Rohuud.

[JBn] : long service de la GWC puis de la CSMG sous pavillon des Province Unies. Le passage sous pavillon de fortune ne fut qu'un bref égarement qu'il est honorable de vouloir effacer.
[PvD] : long service de la GWC sous pavillon des Provinces Unies. Le passage sous pavillon de fortune ne fut qu'un bref égarement qu'il est honorable de vouloir effacer.
[JFx] :Libre choix de servir les Flying Dutchmen sous pavillon des Provinces Unies. Le passage sous pavillon de fortune ne fut qu'un bref égarement qu'il est honorable de vouloir effacer.

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Dossiers habilités en commission spéciales d'impérieuse nécessité sur recommandation M. Rohuud, et entière caution de préjudice sur sa fortune personnelle ou a défaut aux dépends de sa personne.

[IMc] : La procès du capitaine Blye a prouvé ses tares et ses torts. Le passage sous pavillon de fortune fut fait par impérieuse nécessité de viles circonstances.
[JBr] : Le marchand auvergnat a été pendu à Portsmouth même, convaincu d'empoisonnement. Le passage sous pavillon de fortune fut fait par impérieuse nécessité de viles circonstances.
[ERs] : Service de l'espagnol sous contrainte. Le passage sous pavillon de fortune fut fait par impérieuse nécessité de viles circonstances.

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En conséquences les susnommés après avoir renouvelé ou fraîchement fait allégeance aux Provinces Unies représentées à St. Martin par M. Martinus Meyers, Directeur de l’île sous l’autorité du Directeur Général aux Indes Occidentales, sont habilités à hisser pavillon des Provinces Unies et à entrer au capital de la Compagnie de St. Martin des Gueux dont la charte est renouvelée pour une seconde période de 3 années à compter de ce jour.

Fait à Fort Amsterdam le 29 août de 1718.