Naissance d'une flotte de guerre . RP

La corvette marchande anglaise Arms of Holland était en feu, conformément aux instructions données par Francisco. On devait apercevoir le brasier à l'horizon depuis Kingston.

Francisco était furieux. 50 000 piastres seulement ?!
Et pas moyen de trouver une goutte de rhum à bord du navire abordé pour se changer les idées et accompagner le spectacle. Ces foutus garde-côtes britanniques n'étaient peut-être pas si inoffensifs finalement : la contrebande d'alcool frelaté avait beaucoup diminué ces derniers temps.
Que des bijoux et pierres précieuses...
Le tour engagé de la Jamaïque se poursuivait donc. En espérant de trouver à bord d'un navire anglais en cabotage une cargaison du bon rhum qui participe à la réputation de l'île.
A cette époque, pas un jamaïcain ne pouvait échapper à l'équipage du Castromarigo en course.
Question d'entraînement sans doute.

On y travaille votre excellence,
On y travaille!
À piller du bon anglais bien dodu
Et à rester en vie !!!

Un brasier était à nouveau visible depuis Kingston, vers le Sud.
Il s'agissait de la carcasse du petit senault anglais "Charles", qui avait croisé d'un peu trop près le chemin du Castromarigo.
Après un premier tour de la Jamaïque l'équipage de Francisco continuait de roder.
Les colons étaient furieux. Qu'attendait le roi pour préserver la prospérité de la colonie ?
Toujours pas de rhum. Mais quelques lingots d'argent dont le transbordement retarda ce nouveau feu de joie.

Francisco avait continué à chercher à provoquer les anglais, mais plusieurs événements contrariants l'avaient récemment amené à communiquer avec plus de mesure.

Un navire marchand anglais, toujours au large de Kingston, lui avait donné bien du fil à retordre.
Il avait assailli le Castromarigo de nombreuses bordées, le forçant à quitter les environs de La Jamaïque pour réarmer à Santiago de Cuba. Les anglais étaient ils motivés par la prime existant sur la tête de l'espagnol ou bien étaient-ils simplement enragés par ses méfaits répétés aux environs de leur colonie ? Une fois leur impudence punie, et l'équipage complèté, le Castromarigo filait en direction de Port au Prince.

Entre la colonie française et Tortuga, le canon avait tonné plus que de raison et Francisco voulait sa part de gloire dans cette bataille. Mais il arrivait trop tard. Et, à nouveau frustré, il décida d'une percée au travers des lignes ennemies.
C'est alors qu'il tomba sur un banc de pirates, cachés dans l'archipel où il espérait lui même s'embusquer et où il se rappelait avoir caché du rhum. Les forbans le démirent facilement de son navire. Et ils avaient d'ailleurs trouvé sa cache et déjà bu tout le rhum.

C'est donc le gosier sec et les bras courbaturés qu'il rallia à la rame Santo Domingo pour y armer un nouveau navire. Dès sa première sortie, une annonce de la vigie annonçait la possible rencontre d'un autre paria solitaire : une flûte anglaise ! Flûte dit Francisco, c'est peut être ce vieux mollusque de Bertie !
Peut-être l'occasion d'associer leurs misères...